Le 17 novembre 2019 aura lieu la 3ème Journée Mondiale des Pauvres, initiée par le pape François. « (…) J’ai voulu offrir à l’Église la Journée Mondiale des Pauvres, signe concret de la charité du Christ pour ceux qui sont le plus dans le besoin ». Nous sommes donc incités ce jour-là par le pape à penser aux pauvres, à prier pour eux, à agir pour eux. Mais c’est là que nous sommes confrontés à un dilemme qui se pose d’ailleurs dans bien d’autres dimensions de notre vie : agir pour les pauvres, est-ce ADOUCIR, ou est-ce ABOLIR la misère ?
« Car la misère est là, elle prolifère même… Nous voyons concrètement le nombre considérable de pauvres qui manquent du nécessaire ». Ici nous pourrions illustrer par exemple en portant notre regard sur "les gilets jaunes" : « même aujourd’hui, nous devons énumérer de nombreuses formes de nouveaux esclavages ». Ici on pourrait donner un exemple à partir d’une analyse de l’ubérisation : « Le pauvre est une protestation continuelle contre nos injustices… Jésus, qui a inauguré son Royaume en plaçant les pauvres au centre, veut nous dire précisément ceci : il l’a inauguré, mais nous a confié à nous, ses disciples, la tâche de le mener à bien… ».
D’où viennent ces affirmations ? Du message du pape François à l’occasion de cette journée de 2019. Dans ce même message, François tire ensuite cette conclusion :
« La promotion sociale des pauvres n’est pas un engagement extérieur à la proclamation de l’Évangile, au contraire, elle montre le réalisme de la foi chrétienne et sa valeur historique. L’amour qui donne vie à la foi en Jésus ne permet pas à ses disciples de se replier dans un individualisme asphyxiant, caché dans des segments d’intimité spirituelle, sans aucune influence sur la vie sociale »
C’est l’occasion de nous rappeler ce que ce même François nous a écrit dans Laudato Si’ : « Pour rendre la société plus humaine, plus digne de la personne, il faut revaloriser l’amour dans la vie sociale – au niveau politique, économique, culturel –, en en faisant la norme constante et suprême de l’action ». (156)
« L’amour, fait de petits gestes d’attention mutuelle, est aussi civil et politique, et il se manifeste dans toutes les actions qui essaient de construire un monde meilleur. L’amour de la société et l’engagement pour le bien commun sont une forme excellente de charité qui, non seulement concerne les relations entre les individus mais aussi les « macro-relations : rapports sociaux, économiques, politiques ». (231)
Remarquons qu’il développe ainsi ce qu’avait déjà proclamé en 1927 le pape Pie XI : le domaine politique « est le champ de la plus vaste charité, de la charité politique… »
Alors, adoucir ou abolir ? Faux dilemme : il faut adoucir ET abolir.
Robert Divoux,
prêtre-ouvrier
Ce dimanche 17 novembre est aussi marqué par la collecte nationale du Secours Catholique.