Brèves leçons spirituelles des apparitions de Jésus ressuscité

par Jean-Michel Castaing, auteur

Brèves leçons spirituelles des apparitions de Jésus ressuscité

 

Le Ressuscité vit désormais dans un autre monde

Les apparitions du Christ ressuscité à ses disciples nous livrent un enseignement important sur l’état glorieux qui est le sien depuis qu’il est revenu du séjour du mort. Dans un premier temps, ceux qui l’ont accompagné sur les routes de Galilée ne le reconnaissent pas immédiatement. Ce n’est qu’ensuite qu’ils identifient le Ressuscité au Crucifié du Golgotha. Cette méprise nous révèle que Jésus vit désormais dans un monde qui ne se laisse pas enfermer dans les limites spatio-temporelles du nôtre. Mais cette séquence commune à toutes les apparitions pascales : non reconnaissance - reconnaissance, est riche également d’un enseignement spirituel. Car les apparitions se terminent toujours par le retour de Jésus à son invisibilité. Que nous révèle pour notre vie intérieure cette séquence à quatre temps : apparition – non-reconnaissance - reconnaissance – disparition ?

 

Le Ressuscité est toujours présent à nos existences

L’apparition de Jésus signifie qu’il nous accompagne tous les jours de notre vie. Aucun mur, aucune limite, ne font obstacle à sa présence jusqu’à la fin du monde. Ensuite, le fait que ses disciples ne le reconnaissent pas, nous apprend que Dieu se manifeste de façon surprenante, et qu’Il est souvent là où on ne L’attendait pas forcément : dans un geste de bonté, le sourire d’un enfant, une rencontre inattendue où nous n’avions discerné que du hasard, alors qu’elle émanait de la Providence. Dans un troisième temps, notre reconnaissance du Ressuscité est le fruit de notre foi et de la grâce baptismale. Nous reconnaissons maintenant Jésus dans l’Eucharistie, comme les disciples d’Emmaüs l’ont identifié à la fraction du pain, mais aussi dans notre frère et dans la communauté ecclésiale. Si nous n’avons pas la grâce de bénéficier d’apparitions comme les Apôtres le Jour de Pâques, nous sommes conscients en revanche de sa présence dans certaines circonstances privilégiées, ou bien à l’occasion d’événements plus insolites - à condition que nos sens spirituels restent en éveil. À cet égard, une béatitude nous est même promise, dont les Onze ne bénéficièrent pas : « Heureux ceux qui croiront sans avoir vu !  » (Jn 20,29) ! Enfin, si Jésus nous échappe au moment même où nous l’avons démasqué, et où nous pensons pouvoir le tenir, comme dans l’auberge d’Emmaüs, c’est afin de le chercher toujours plus loin, toujours plus profondément, et afin de ne pas croire pouvoir le domestiquer pour nos desseins limités ! On n’assigne pas l’infini à résidence !

 

Chercher Jésus toujours plus loin

Ce jeu de cache-cache du Ressuscité avec ses disciples, cette tension entre non-reconnaissance et reconnaissance, entre différence et identité, nous enseignent que le Christ est plus grand que ce que l’on pense de lui, de la même façon que pour saint Anselme (1033-1109), Dieu est « tel que plus grand ne se puisse penser ». Jésus est toujours au-delà de ce que l’on attend de lui. Voilà pourquoi notre quête ne peut prendre fin : qui serait capable d’atteindre les confins de l’infini ? De plus, en faussant compagnie à ses amis après leur être apparu, le Ressuscité nous incite à monter avec lui vers le Père, à nous élancer avec toujours plus d’ardeur en direction de la Source éternelle de la charité trinitaire : « Ne me retiens pas, dit-il à Madeleine. Je ne suis pas encore monté vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu  » (Jn 20, 17).

Jean-Michel Castaing

 


Actualité publiée le 12 mai 2020