Editorial de Janvier 2018

Explication mensuelle de la Messe Solennelle et de la Messe Chantée
Nous avons commencé la dernière fois à parler du psaume Judica me, de la place du célébrant et de la position du corps que doivent adopter les fidèles jusqu’au Kyrie.

Ce mois-ci je vous parlerai d’une action liturgique qui se trouve lorsque le prêtre monte à l’Autel, en le baisant tout en récitant la prière Oramus te :
« Nous vous prions, Seigneur, par les mérites de vos Saints, dont les reliques sont ici, et de tous les Saints, de daigner me pardonner tous mes péchés ». Nous sommes donc juste après le psaume et la confession des péchés.
Cette action c’est l’encensement. Elle va nous accompagner aussi à l’Évangile, à l’Offertoire et à la double Élévation.
Il est donc important de comprendre pourquoi nous utilisons l’encens qui pourtant au début de l’ère chrétienne a été une des causes de plusieurs martyrs. En effet, le refus de faire brûler de l’encens aux idoles était comme une confession de notre Foi et entraînait une mort avec des tortures horribles.
C’est une des raisons qui explique que cet usage est absent les trois premiers siècles du christianisme. Tertullien dit :
« Véritablement nous n’achetons point d’encens. Si les marchands d’Arabie s’en plaignent, les Sibériens sauront que nous employons plus de leur aromate et avec plus de profusion à ensevelir les chrétiens qu’on en consume à parfumer vos dieux. ».
Il faut attendre le 4ème et 5ème siècle pour voir apparaître l’encens dans la liturgie, c’est-à-dire après la paix constantinienne.
Nous pouvons entendre que l’usage de l’encens permettait de chasser les mauvaises odeurs mais cela n’est pas très sérieux. Il faut y voir un sentiment plus noble, plus spirituel que l’Église a voulu montrer.

Nous pouvons en dégager quatre axiomes :

1/ L’encens est brûlé à l’Autel pour marquer dans ce lieu saint que les créatures doivent être employées et consumées pour son service et pour sa gloire.
Lorsque le diacre ou le cérémoniaire demande la bénédiction sur l’encens, le célébrant dit : « Ab illo benedicaris, in cuius honore cremaberis » : « Sois béni par celui en l’honneur de qui tu vas brûler ».

2/ On remarque par les témoignages qui nous sont parvenus que dans l’antiquité, l’encens que l’on brûlait autour de l’Autel a été regardé comme une marque de la bonne odeur de Jésus-Christ, qui se répand de l’Autel dans l’âme des fidèles. Saint Germain dit : « L’encensoir marque l’humanité de Jésus-Christ ; le feu, sa divinité et la vapeur du parfum,
sa grâce. ».

3/ Il faut concevoir l’encens comme l’image de nos dispositions intérieures. Saint Grégoire nous dit : « Nous composons un bon encens d’aromates lorsque nous apportons à l’Autel, la bonne odeur des vertus, qui est d’autant plus suave, que ces vertus sont plus grandes, et en plus grand nombre ».
A l’Offertoire le célébrant prononce ces paroles sur les oblats : « Que cet encens béni par vous, Seigneur, monte vers vous, et que descende sur nous votre miséricorde. » Et en encensant l’Autel, il dit une partie du psaume 140 :
« Seigneur que ma prière s’élève comme l’encens devant votre face ; que mes mains levées soient comme l’offrande du soir. Placez, Seigneur, une garde à ma bouche et une barrière tout autour de mes lèvres, Que mon cœur ne se porte pas à des paroles mauvaises qui servent de prétexte au péché » et en rendant l’encensoir au diacre ou au cérémoniaire :
« Que le Seigneur allume en nous le feu de son amour et la flamme de l’éternelle charité ».

4/ Si le parfum spirituel signifie nos prières, il faut aussi se tourner vers les saints. Les vieillards étaient prosternés devant l’Agneau ayant chacun des coupes d’or pleines de parfums, qui sont les prières des saints. Apoc. V, 8.
Théodore de Cantorbéry au 7ème siècle, dit « qu’il faut offrir de l’encens aux fêtes des saints, parce que leurs actions ont été devant Dieu comme des fleurs d’une agréable odeur. ». C’est pourquoi lorsque nous avons des reliques sur les gradins de l’Autel nous les encensons.

Suite à venir…
Chanoine Thibaut d’Aviau de Ternay