Grégoire : « J’ai trouvé dans l’amour de Dieu une forme de radicalité »

Qui sont nos prêtres de demain ?

Grégoire : « J’ai trouvé dans l’amour de Dieu une forme de radicalité »

Les lycéens fêtaient la dernière épreuve du baccalauréat mais Grégoire Zobler avait déjà l’esprit ailleurs. À l’époque, le jeune homme s’apprête à rencontrer son évêque pour lui faire part de sa vocation. Ni ses amis, ni ses parents ne sont au courant. C’est décidé, au lieu d’une orientation classique vers la fac, Grégoire va entamer une année propédeutique au séminaire d’Aix-en-Provence afin de prendre le temps du discernement pour une vocation sacerdotale. En réalité, si l’émotion est manifeste, ses proches ne sont pas vraiment étonnés. « Ma mère, heureuse, me voyait un jour intégrer une communauté religieuse, me sachant très proche de l’Opus Dei  », se rappelle Grégoire, issu d’une famille de 9 enfants à Balma, dans la métropole toulousaine.

Comme deux autres séminaristes, Grégoire sera ordonné prêtre le 26 juin prochain à la cathédrale Saint-Étienne. C’est dans un style décontracté qu’il accueille ses hôtes dans les locaux de l’ensemble paroissial du Christ-Roi et se prête volontiers au jeu des questions-réponses. Pendant l’interview, Grégoire pose instinctivement les deux pieds sur le bureau puis se redresse subitement en faisant mine de s’excuser. Une attitude à peine désinvolte mais qui tranche avec la soutane suspendue au porte-manteau... Une tenue vestimentaire qu’il assume à 100% ! « La soutane était encore récemment un marqueur, ce n’est plus le cas pour la jeune génération de prêtres, assure-t-il, refusant d’être catalogué. Je porte l’habit clérical car je suis diacre en vue du sacerdoce, c’est aussi simple que ça. Dans la rue, c’est parfois plus confortable de se cacher pour éviter certains remarques désobligeantes. Mais je ne recherche pas le confort ».

C’est davantage sa jeunesse qui suscite l’attention. Dès l’enfance, Grégoire a ressenti un appel, « comme une attraction vers le Seigneur  ». Mais il l’admet volontiers : l’environnement où il vivait, son terreau familial, les Scouts d’Europe, le service de la messe ou la scolarité à Saint-Joseph... étaient propice à une telle rencontre : « J’ai trouvé dans l’amour de Dieu une forme de radicalité  », souligne-t-il aujourd’hui. Des fondations solides, il en faut afin de persévérer dans les années de séminaire. « À la fin de ma deuxième année, nous n’étions déjà plus que deux sur une dizaine de postulants au départ », relève-t-il. Au point de susciter l’inquiétude de certains au moment de prendre la direction d’Haïti l’année dernière dans le cadre de son stage de fin d’études au sein de la DCC (Délégation catholique pour la coopération). « On avait peur que je ne revienne pas  », précise-t-il avec humour.

Là-bas, Grégoire a enseigné la littérature et la philosophie. « Une très belle expérience  » avant d’être nommé au Christ-Roi en août dernier après plusieurs expériences au cours du séminaire dans les paroisses de Beauzelle, Blagnac ou Montréjeau. « L’occasion de découvrir différentes réalités sociales et ecclésiale au sein d’un même diocèse, souligne le futur prêtre. Les périphéries auxquelles fait référence le pape François sont partout  ».

Grégoire porte l’ambition d’être un prêtre missionnaire, « de donner le goût du Seigneur  » sans être – il l’espère – trop accaparé par les vicissitudes administratives de la vie quotidienne. « Pour cela, chaque prêtre doit pouvoir compter sur ses lieux de ressource » à l’image de sa bande d’amis qu’il a su conserver à Toulouse depuis ses années de scolarité à Saint-Joseph. « La plupart sont déjà mariés mais je compte aussi 5 amies qui sont rentrées dans une congrégations religieuses, précise Grégoire. Elles m’assurent de leur prière, c’est pour moi très réconfortant  ». Et quand on lui demande s’il ne craint pas de vieillir prêtre, Grégoire répond très sereinement : « Mon avenir est déjà entre les mains de Dieu  ». Le natif de Toulouse a cette réponse quand on lui pose la question de la paternité : « Le fait de ne pas avoir d’enfant peut se vivre de façon subie ou comme un appel à une fécondité pastorale, c’est-à-dire à développer, faire grandir et contempler l’œuvre de la grâce de Dieu dans le cœur de ceux qui nous sont confiés ! »