Homélie des ordinations diaconales

25 juin 2017

Homélie des ordinations diaconales

ORDINATIONS DIACONALES
DE JEAN-BAPTISTE, JOSSELIN ET SIMONÉ
EN LA CATHÉDRALE SAINT-ÉTIENNE DE TOULOUSE
LE DIMANCHE 25 JUIN 2017

 

Quand on a été ordonné diacre, on a la grâce, comme tous les ministres ordonnés, de saluer l’assemblée par ces mots : Le Seigneur soit avec vous ! C’est plus qu’un souhait, plus qu’une invitation ; c’est un don fondé sur la prière, une capacité de mettre en relation avec Dieu. Les fidèles répondent : Et avec votre esprit, ce qui n’entend pas réduire à la pensée ou au « spirituel » leur lien avec l’évêque, le prêtre ou le diacre ; comme la tradition ancienne l’a bien compris : il s’agit de la reconnaissance dans la foi de leur ministère, qui les habilite à mettre en lien avec le Seigneur. Et avec votre esprit : oui, nous avons confiance dans la grâce que vous avez reçue à votre ordination pour nous mettre en communion avec Dieu, grâce venue de l’Esprit Saint.

Lors de l’Annonciation, l’ange Gabriel s’adresse à Marie par ces paroles : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1, 28). Ce n’est pas un souhait ni une prière, mais une constatation, une forme d’admiration : le Seigneur est avec Marie, car elle est pleine de grâce, comme nous le lui disons dans le Je vous salue, Marie. Les ministres ordonnés ont la capacité objective de lier à Dieu, ce qui suppose qu’ils soient eux-mêmes habités par Dieu : pour communiquer la grâce, il convient qu’ils soient dans la grâce.

Nous venons d’entendre l’Apôtre Paul le dire aux Romains : « Si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus-Christ  » (5, 15). Jésus, le Serviteur du Seigneur, est venu nous libérer du péché entré dans le monde par un seul homme : dans cette célébration, chers Jean-Baptiste, Josselin et Simoné, vous allez être configurés à Jésus, le Sauveur, non pour être servis, mais pour servir, comme il le dit de lui-même. Vous serez les Serviteurs de la grâce offerte à la multitude pour sortir de l’étau du péché, « qui nous entrave si bien », comme le dit la lettre aux Hébreux : une grâce de liberté dans le Christ.

Dans les lettres que vous m’avez écrites pour votre ordination diaconale, vous m’avez exprimé avec clarté votre volonté de vous mettre au service du peuple de Dieu, au service des communautés chrétiennes auxquelles vous êtes et serez envoyés. Je me réjouis de vous voir disponibles pour elles.

« La dimension pastorale propre au curé est vraiment un idéal auquel j’aspire de toutes mes forces, m’écrit l’un d’entre vous : être au service des baptisés et de tous ceux qui pourraient aspirer à le devenir pour leur sainteté et la mienne. Je rends grâce au Seigneur pour le don du célibat, signe du Royaume à venir, gage de bonheur et d’épanouissement dès cette terre, quand il est vécu en union avec le Maître unique, et garant d’une vie donnée pour tous et en tout. »

En écho, un autre me dit :

« Dans l’appel entendu il y a longtemps et qui m’a mis en route, j’avais discerné l’appel à être tout à tous. Dans le désir déposé en moi de m’attacher au Christ pour le suivre et être à son service, j’avais perçu la vocation au ministère paroissial, vocation qui demande de vivre pleinement la disponibilité à tous ».

La troisième lettre me fait entendre la même note :

« Je souhaite poursuivre mon vœu de servir l’Église et de toujours porter sa parole aux plus pauvres. La mission de serviteur n’est pas seulement l’annonce de l’Évangile, mais c’est aussi une participation au portement de la Croix de notre Seigneur. Mon souhait serait de servir les plus pauvres des pauvres. »

J’apprécie cette définition du ministère dans un diocèse, tel que vous le formulez et le ressentez, avec déjà quelque expérience : servir les communautés dans la diversité des personnes qui les composent. C’est bien là ce qui définit la vocation des diacres, des prêtres et des évêques dans nos Églises locales : se donner généreusement à des communautés concrètes dans un lien permanent, « dans l’unité du Saint-Esprit », à l’ensemble du diocèse. Ce qui n’est pas toujours simple, mais vous avez déjà fait l’expérience de la parole de Jésus à Paul : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (2 Co 12, 9). N’est-ce pas ce que nous avons chanté dans le Psaume de ce jour : « Et moi, je te prie, Seigneur ; c’est l’heure de ta grâce ; dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi  » (Ps 68, 14).

De fait, il nous faut faire fond sur la grâce de Dieu. Le pape François le souligne à plusieurs reprises dans son Exhortation apostolique Amoris lætitia sur « L’allégresse de l’amour ». Plus qu’à proposer un idéal inaccessible, il nous invite à « éveiller la confiance en la grâce » (37), à offrir la force régénératrice de la grâce et la lumière de l’Évangile » (49), qui est « message d’amour et de tendresse » (59). Il nous faut suivre, révéler et servir la « pédagogie divine » de la grâce.

Cher Jean-Baptiste, cher Josselin, cher Simoné, vous allez recevoir le livre des évangiles, avec son message de grâce à recevoir et à transmettre tous les jours. Votre mission, là où vous serez envoyés aujourd’hui et demain, sera, selon l’expression de Paul en son discours d’adieu à Milet : « Rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu » (Ac 20,24). Restez bien proches de la « Comblée-de-grâce », qui est « la Servante du Seigneur  », modèle et inspiratrice des disciples et des serviteurs de son Fils, le Diacre à qui vous allez être configurés. Amen.