Homélie du 4ème dimanche de Carême, le dimanche de la Joie !

par le père Norbert Mwishabongo, paroisse des Minimes

Homélie du 4ème dimanche de Carême, le dimanche de la Joie !

Sam 16, 1. 6-7. 10-13  ; Eph 5, 8-14 et Jean 9, 1- 41

Bien chers frères et sœurs, en ce soir du 4ème dimanche de Carême dit dimanche de la joie, je viens vous rejoindre avec une rose de la joie, dans votre confinement qui est un engagement de chacun-chacune de nous pour la vie  : la nôtre et celle de nos frères et sœurs  !

Les lectures de ce 4ème dimanche de Carême nous invitent à se fier non aux apparences mais au cœur, à la vérité. Cette invitation nous concerne, nous qui vivons ces temps-ci confinés, cloitrés à cause de la pandémie coronavirus. Les réseaux sociaux nous bondent avec toute sorte de messages, ils méritent discernement et sérénité. 

La première lecture est l’histoire du choix de David par Dieu, comme roi d’Israël. Jessé présente devant Samuel tous ses sept fils  : robustes, grands, etc., éligibles au rang du roi. Mais Dieu ne choisit personne parmi eux malgré leur apparence humaine convainquant. «  N’as-tu pas d’autres garçons  ?  » demande Samuel. «  Il reste encore le plus jeune, il est en train de garder le troupeau.   » répond Jessé  ! Oui, il reste le plus jeune, un peu plus grand qu’un enfant. Dieu ne peut pas le choisir pour une mission si importante. Ses frères sont plus dignes et capables pour cela. Envoie-le chercher dit le prophète. C’est lui que Dieu choisit, Jessé ne comprend pas ce Dieu qui choisit le faible, le vulnérable… pour une mission et responsabilité importantes. Il reste perplexe. 

L’histoire du choix de David est une réalisation de la parole  : « Ce qui est de plus faible, de méprisable… voilà ce que Dieu choisit pour confondre les plus forts, les puissants, les plus grands.   » Nous sommes aussi à notre tour étonnés de la manière dont Dieu fait des choses, la manière dont Dieu choisit  : il choisit les pécheurs, les pauvres, les bergers, les exclus de la société humaine… et il les fait asseoir au banquet du royaume. Il fait d’eux les messagers de la bonne nouvelle, libérateurs et prêtres pour sanctifier son peuple. 

Mes chers frères et sœurs qui vous préparez à recevoir un sacrement cette année, courage et espérance ! Rien n’est donc perdu.

Le combat entre «  bon et mauvais  » est toujours comparé dans la Bible au contraste entre lumière et ténèbres. Paul, dans la deuxième lecture, nous dit que le baptême nous a fait passé du monde ténébreux au monde de la lumière, nous devons donc vivre dans la lumière. Parler de lumière et de ténèbres, c’est comme parler de la vie et de la mort. Paul nous exhorte à vivre en fils et filles de la lumière car les fruits de la lumière sont bonté, justice et vérité. Les ténèbres, dit Paul, ne produisent rien de bon. Quant à leurs fruits, on a honte d’en parler. 

«  Seigneur, pourquoi cet homme est-il né aveugle  ? Qui a péché, lui ou bien ses parents  ?  » Voilà la question posée à Jésus pour justifier la croyance du temps  : Dieu punit les pécheurs et récompense les justes. Naître aveugle serait-il une punition de la part de Dieu, soit pour les péchés commis par ses ancêtres, ou pour certaines malédictions prononcées quand il était encore dans le sein de sa mère… ?

Frères et sœurs, cette croyance risque d’être la nôtre en ce moment de la pandémie coronavirus. On a déjà entendu dire que cette pandémie est une malédiction de la part de Dieu. Mes chers amis, quel Dieu se plairait avec la mort de tant d’hommes et femmes victimes à ce jour de cette pandémie  ? Quel Dieu se réjouirait de détruire ce que, dans sa bonté, son amour et sa miséricorde, il a créé  ? 

La réponse de Jésus à cette croyance est une révélation  : Dieu est Père qui ne punit personne. Il aime tout le monde, les bons comme mauvais. 

Malheureusement, mes frères et sœurs, cette croyance se voit encore dans la communauté chrétienne. Combien de nous, aujourd’hui encore malheureusement, au lieu d’annoncer la Bonne Nouvelle sont terrifiés, intimidés, etc.? Le christianisme ne consiste pas en une intimidation, une tarification… mais bien en l’annonce de l’amour, de la miséricorde, de la vie… de la part de Dieu à l’humanité.

L’aveugle est envoyé se laver à la piscine de Siloé (ce qui signifie  : envoyé). Jésus Christ est l’Envoyé du Père. C’est lui notre piscine. C’est son eau, celle promise à la femme Samaritaine, qui guérit de tout aveuglement. 

90% du passage évangélique nous raconte comment abandonné de tous, l’aveugle fait, seul, face aux questions des autorités. Ni ses parents, ni ses voisins, ni ses amis  ; personne ne le soutient, personne n’a le courage de défier, de faire face à l’autorité par peur d’être exclu. Il vaut mieux sacrifier la vérité, la lumière plutôt que s’attirer la foudre de ceux qui ont le pouvoir. Or c’est bien notre réalité à nous qui nous croyons voyants alors que nous sommes aveugles. 

Dans le passage de l’Évangile de ce jour, Jésus apparaît au début du récit et nous le retrouvons à la fin. Il n’intervient pas au milieu. Il laisse la foi de l’aveugle grandir et s’affermir dans les difficultés. Au début du récit, nous avons un aveugle et tout le reste voit. À la fin, nous avons beaucoup d’aveugles, tous ceux qui croyaient voir sont en effet des aveugles. 

 

Prions pour nous-mêmes et pour tous ceux et celles qui se préparent à recevoir un sacrement cette année, en particulier, les catéchumènes qui se cheminent vers le baptême quand la situation le permettra. Que notre vocation et identité chrétienne nous fassent vivre et marcher dans la lumière tout au long de notre vie !

Frères et sœurs, où que vous soyez, prenez soin de vous et gardez espérance. Vivons ce temps dans la plus grande solidarité humaine et dans la communion de foi par la prière individuelle ou communautaire.

Avec l’assurance de mes prières,

Père Norbert,
Paroisse des Minimes

 


Actualité publiée le 23 mars 2020