L’Avent ou la pédagogie de Dieu

par Jean-Michel Castaing

L’Avent ou la pédagogie de Dieu

L’histoire, lieu de la Révélation

Le temps de l’Avent, en nous faisant méditer la lente montée de l’humanité vers l’apparition de Jésus-Christ dans notre monde, nous rappelle que le christianisme est une religion historique. Dieu intervient dans l’histoire. Sa Révélation ne se déploie ni dans l’esprit pur, ni dans un livre sacré, mais dans les événements au sein desquels Il se manifeste : alliance avec Abraham, sortie d’Égypte du peuple hébreu, soutien à son peuple déporté à Babylone, et enfin incarnation en Jésus-Christ, durant le règne de l’empereur Auguste. Cette alliance dans le temps avec Israël constitue une formidable pédagogie par laquelle Dieu essaie de faire entrer les croyants dans la compréhension de Son identité profonde.

Lancinantes rechutes !

Pédagogie d’autant plus nécessaire que l’ensemble des écrits bibliques attestent de la difficulté de la chose. Innombrables sont en effet les rechutes dans l’idolâtrie ou l’instrumentalisation politique du Nom divin. Jéroboam, après le schisme qui coupe le royaume de David en deux à l’occasion de la succession de Salomon, projette de dresser un veau d’or à Béthel en le faisant passer pour Celui qui a délivré Israël d’Egypte (1 R 12-30) ! Récurrente est la confusion entre religion et désir de mettre la main sur Dieu dans le but d’obtenir des sécurités mondaines. Tout cela avec les meilleures intentions du monde. Que l’on pense par exemple à l’assignation à résidence du Très-Haut à Jérusalem opérée par le roi David, avant d’être « recadré » par la prophète Nathan.

Patience de Dieu

Il faudra du temps au peuple de l’Alliance pour assimiler la transcendance incomparable de Celui qui veut entrer avec lui dans une relation de liberté, et non de maître à esclaves. Qu’est-ce qu’une idole en effet, sinon la projection sur la divinité d’une puissance dont on attend un bénéfice, et qui au final nous asservit ? Rien de tel avec le Dieu biblique. Mais combien l’initiation a été dure pour Israël ! Quels trésors de patience Dieu a-t-il dû déployer pour arriver à ses fins ! L’exil à Babylone révélera à son peuple un Dieu universel. Finalement, cette pédagogie aboutira à l’Incarnation, où la foi discerne dans l’Enfant désarmé de la crèche le signe même de la transcendance de l’Amour.

L’Enfant inattendu

Cette pédagogie est d’autant plus appropriée à notre nature que celle-ci a été blessée par le péché, cette déformation de la foi qui nous représente Dieu comme un Maître dur, puissant, concurrent de l’homme, et dont il est nécessaire de se concilier les bonnes grâces par des pratiques serviles et superstitieuses. Le pécheur attend un Guerrier qui « fera le ménage » pour sauver le peuple, et il se retrouve au final avec... un enfant qui l’initiera à la non-violence.

Jean-Michel Castaing

 


Actualité publiée le 12 décembre 2018