par Jean-Michel Castaing, auteur
La liturgie est une actualisation des mystères du salut. Par exemple, la messe rend présent la mort-résurrection de Jésus. Ainsi, durant l’Avent, l’Église revit-elle l’expérience du peuple d’Israël qui attendait la venue d’un sauveur.
Or, on l’oublie souvent, ce que nous appelons l’« histoire sainte » n’a pas toujours été un conte pour enfants. Le peuple de l’Alliance n’attendait pas un Messie, ou que « Dieu déchire les cieux », selon les vœux du prophète, pour l’« épanouissement personnel » de chacun seulement. L’échiquier géo-politique de la Palestine, que ce soit à l’époque hellénistique ou durant la domination de l’Empire romain, rendait chaque fois l’existence du peuple juif très problématique. Aussi l’attente du secours divin à ces époques-là était-elle très incarnée et ne faisait pas l’impasse sur les circonstances historiques. Le salut espéré par le peuple de l’Alliance n’était pas cantonné au seul domaine spirituel. Ce qui aboutira d’ailleurs au malentendu entre Jésus et ses coreligionnaires au sujet de sa messianité.
Si j’ouvre cette courte parenthèse historique, c’est pour souligner que l’espérance de l’Avent ne consiste pas uniquement à attendre le petit Jésus dans la crèche, ni la fin des temps. L’espérance touche également le temps présent dans ce qu’il a de plus concret. Certes, il ne s’agit pas de confondre le spirituel et le temporel, mais il n’est pas question non plus de les dissocier totalement. L’espérance de l’Avent se conjugue aussi au présent. L’avalanche de cadeaux à offrir, le scintillement des devantures des magasins, les marchés de Noël, pourraient laisser croire qu’avec l’Avent, la fête est déjà commencée. Hélas ! Pour les plus démunis, il n’en est rien. Voilà pourquoi l’attente du petit Jésus doit être aussi incarnée que le fut celle du Messie par le peuple de l’Alliance.
Une lecture judicieuse de la Bible, c’est-à-dire une lecture qui n’ignore pas le contexte historique des écrits bibliques, est très éclairante à cet égard. Aucune période de l’année liturgique ne se prête davantage à la découverte des Écritures que l’Avent. La lecture des livres saints nous apprendra que Jésus n’est pas un enfant miraculeux, parachuté tel un aérolithe dans la crèche de Bethléem, mais qu’il est monté du cœur de tout un peuple durant des siècles (même s’il est aussi un don de Dieu). À l’école de cette attente, nos préparatifs de Noël seront plus attentifs à la clameur des pauvres que nous côtoyons souvent sans les remarquer.
L’espérance n’est pas l’optimisme, qui ne dépend que de notre subjectivité. L’espérance, elle, est fondée sur Dieu. De plus, elle ne touche pas uniquement les fins dernières. Quand Jérémie nomme Jérusalem : « Le-Seigneur-est-notre-justice », il entend bien que Dieu s’occupera des pauvres et rétablira le droit ici et maintenant, en nous associant au besoin à cette tâche.
Aussi, pour le chrétien, l’Avent représente-t-il le moment favorable pour persévérer avec plus d’ardeur dans la recherche du Bien commun. À condition de ne pas oublier ce dernier le reste de l’année ! Et de se souvenir que les sans domicile fixe galèrent autant, sinon plus, en été...
Jean-Michel Castaing
Vendredi 15 avril 2022
16 avril 2022
Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens
Prière pour l’Avent
Allume une braise dans ton cœur,
c’est l’Avent.
Tu verras, l’attente n’est pas vaine quand on espère quelqu’un.
Allume une flamme dans tes yeux,
c’est l’Avent.
Regarde autour de toi, on a soif de lumière et de paix.
Allume un feu dans tes mains,
c’est l’Avent.
Ouvre-les à ceux qui n’ont rien, ta tendresse est à bout de doigts.
Allume une étoile dans ton ciel,
c’est l’Avent.
Elle dira à ceux qui cherchent qu’il y a un sens à toute vie.
Allume un foyer en hiver,
c’est l’Avent.
Les transis du cœur et du corps viendront et il fera chaud au cœur du monde.
II suffit d’une seule braise, pour enflammer le monde,
et réchauffer le cœur le plus froid.
Père Robert Riber