L'ordination de trois nouveaux diacres permanents

L’ordination de trois nouveaux diacres permanents

En ce dimanche du Bon Pasteur l’Eglise accueille la Parole du Christ rappelant solennellement : " Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis " Mgr Le Gall rappelle que cette image de la porte est heureuse pour définir la mission du diacre dans l’Église. En position de portier de l’évangile, le diacre n’est pas le pasteur, mais il est celui qui aide à entrer dans la communauté chrétienne tous ceux qui sont encore dehors pour écouter et accueillir la voix du Bon Pasteur. Le diacre est aussi celui qui, à la fin de la célébration de l’eucharistie, invite les brebis à sortir de l’enclos pour faire retentir la voix du vrai Pasteur.

Homélie de Mgr Le Gall

ORDINATION DIACONALE
DE DENIS ARRAT,
PHILIPPE AUSINA
ET PASCAL TRICOT
EN LA CATHÉDRALE SAINT-ÉTIENNE
DE TOULOUSE
LE DIMANCHE 11 MAI 2014

 
En ce dimanche du Bon Pasteur, résonne plus particulièrement dans mon oreille intérieure le refrain bien connu : « Il est l’Agneau et le Pasteur, il est le Roi, le Serviteur ». Il a le mérite de rassembler dans l’unité plusieurs traits fondamentaux de la personne de Jésus : le dernier, celui de serviteur, est au terme, alors qu’il est le fondement de tout l’Ordre sacré. Dans l’évangile que nous venons d’entendre, comme dans tout le chapitre 10e de saint Jean, Jésus, l’Agneau de Dieu, dessine les traits du vrai berger qui ne cherche pas son intérêt personnel, mais celui de ses brebis : il se met à leur service pour leur assurer la tranquillité de l’enclos et les bons pâturages. Deux images de cette page de saint Jean peuvent retenir notre attention en cette triple ordination diaconale qui nous rassemble dans cette cathédrale dédiée à saint Étienne, l’un des tout premiers diacres et le premier des martyrs, le « Protomartyr », comme on l’appelle.
La première image est celle de la porte : « Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre ». Plus loin, Jésus précise solennellement : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis ». Nous pouvons noter : la porte, le portier, celui qui franchit la porte. Jésus se trouve dans tout ce dispositif en ce lieu de passage entre la bergerie paisible et l’extérieur, où menacent les prédateurs, le loup en Lozère et l’ours dans les Pyrénées. Le ministère du diacre, où se situe-t-il dans cet endroit-clé, par où l’on entre et par où on sort ? La réflexion ecclésiale sur le diacre affirme clairement qu’il n’a pas une mission de pasteur : elle appartient à l’évêque et aux prêtres, ce qui ne l’exclut évidemment pas de diverses formes de collaboration avec eux et les laïcs dans le champ très large de la « pastorale ».
L’image de la porte est heureuse pour définir la mission du diacre dans l’Église, dans notre Église particulière, qui est à Toulouse et dans la Haute-Garonne. Ne parle-t-on pas pour lui de « ministère du seuil » ? On franchit la porte en passant sur le seuil, tant pour entrer ou rentrer que pour sortir (on pense aux portes battantes des saloons dans les westerns). Le diacre n’est-il pas en position de ce portier de l’évangile, qui n’est pas le pasteur, mais qui aide au passage dans un sens comme dans l’autre, tant pour le berger que pour les brebis ? J’aime voir le diacre comme celui qui, de diverses manières, aide à entrer dans la communauté chrétienne tous ceux qui sont encore dehors ou qui sont loin : sa personne exerce un service de signalétique pour indiquer comment entrer dans la bergerie, comment se diriger vers elle, comment participer à sa vie, surtout quand on est pauvre, dans les différentes réalités que recouvre ce mot. Dans sa vie familiale, professionnelle et associative, le diacre oriente vers les sources vives, conduit vers les bergers et leurs troupeaux.
En même temps, nos frères diacres invitent les brebis, comme ils le font à la fin de la messe, à sortir de l’enclos. Notre pape François ne cesse de nous pousser vers les « périphéries existentielles ». Nos diacres nous stimulent à être tous missionnaires, à ne pas rester dans nos assemblées, mais à repartir, le cœur joyeux et plus fort, vers ceux avec qui nous vivons et à qui nous nous devons, vers les pauvres tout spécialement, à qui les diacres doivent être attentifs, signes qu’ils sont du Christ Serviteur et de l’Église servante. « Moi, je suis la Porte, affirme Jésus. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage ». Jésus, le Bon Pasteur, est la Porte, la charnière, le Médiateur, comme le sont l’évêque et les prêtres ; les diacres sont les portiers ou les « passeurs », qui facilitent nos « pâques », à leur service et à celui de nos communautés. N’en va-t-il pas de même chez nos frères orientaux ? Leur liturgie donne aux diacres un rôle important et visible, quand ils vont et viennent en passant par les portes de l’iconostase : ils sont portiers, passeurs, intermédiaires entre les prêtres et les fidèles ; ils sont proches de tous. Voilà ce que j’attends de vous, chers Denis, Philippe et Pascal, avec le soutien de Frédérique, de Marie-Christine et de Marie-Noël, vos épouses, ce que notre Église locale espère de vous au milieu de nous.
Mais il reste une seconde image que l’évangile de ce jour nous invite à regarder aussi dans le contexte de votre ordination. Jésus dit que le portier ouvre au vrai pasteur et que les brebis écoutent sa voix. Le portier fait que les brebis entendent la voix du pasteur. C’est aussi ce que nous attendons de vous, chers vous trois. C’est à vous qu’il reviendra de proclamer l’Évangile à la messe, pour porter la parole vivante du Pasteur en nos assemblées. Dans un instant, après votre ordination, cher Pascal, vous dont la fête dure 50 jours, cher Philippe qui célébriez la vôtre le 3 mai, cher Denis, dont le patron était martyr, comme Étienne, Laurent et Vincent, dans un instant je vous dirai à chacun en vous remettant l’évangéliaire : « Recevez l’Évangile du Christ, que vous avez la mission d’annoncer », ce que vous ne pourrez bien faire qu’en vous imprégnant tous les jours de la parole vivante de Jésus, pour devenir à votre tour des « hommes évangéliques », comme on le disait de saint Dominique : vir evangelicus.
Je vous recommande la lecture attentive de l’Exhortation apostolique de Benoît XVI Verbum Domini sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église, pour entrer dans la pensée de Dieu et prendre le ton des solos du Verbe dans la symphonie du monde. Vous ne serez missionnaire de l’Évangile que si vous en êtes tous les jours le disciple aimant et attentif. Regardez bien aussi ce que recommande le pape François sur l’homélie dans La joie de l’Évangile  : vous aurez à favoriser le dialogue entre Dieu et son peuple, ce qui ne sera pas possible si vous ne donnez pas du temps au dialogue de la prière entre Dieu et vous, dans l’écoute prolongée de la Parole de Jésus, qui nourrit ses brebis. C’est bien ce que je vais vous dire : « Soyez attentif à croire à la Parole que vous lirez, à enseigner ce que vous avez cru, à vivre ce que vous aurez enseigné. »
Vous serez la voix de Jésus au cœur de l’assemblée, mais vous aurez aussi à faire entendre cette voix forte et douce là où vous portera votre mission, dans les contextes humains et sociaux les plus divers. Dans le rite oriental, le diacre est aussi le chantre à la voix profonde qui rythme la célébration ; il vous reviendra, chacun dans son registre, de donner corps à la voix de Jésus, pour qu’elle atteigne les cœurs et les transforme.
Au seuil de l’Église et des églises, au seuil des mystères, je compte sur vous, chers frères qui allez devenir diacres avec le Christ, pour être ses porte-voix dans le monde. Amen. Alleluia.

Les nouveaux diacres, de gauche à droite : Pascal Tricot, Philippe Ausina et Denis Arrat.
Missions confiées par Mgr Le Gall 
Mr Denis ARRAT, exercera sa mission dans le cadre de sa vie professionnelle et son ministère diaconal au service du Doyenné de Villefranche de Lauragais. Au sein de l’aumônerie de la délégation du Secours Catholique Arriège-Haute Garonne, il assurera l’accompagnement spirituel des équipes du Lauragais.
Mr Philippe AUSINAexercera sa mission dans le cadre de sa vie professionnelle et son ministère diaconal, selon ses disponibilités, au service des doyennés de Carbonne et Cazères. Il accomplira aussi ce ministère comme membre du Service de la Mission Universelle.
Mr Pascal TRICOTexercera sa mission dans le cadre de sa vie professionnelle et son ministère diaconal en lien avec le Service diocésain de la Pastorale de la Santé et, selon ses disponibilités, au service de la paroisse du Sacré-Coeur. Au sein du doyenné de Toulouse Rive-gauche, il veillera, avec son épouse, au développement d’une Pastorale de la famille.
Ces nominations prennent effet le 11 mai 2014

 


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Actualité publiée le 14 mai 2014