La maison de la Fraternité ... comme une oasis !

Fraternité

La maison de la Fraternité ... comme une oasis !

Vers 9h45 ...
celui ou celle qui s’est inscrit sur doodle vient ouvrir la porte de la salle (rue des Écoles à St Alban). Il prépare le café ou l’eau chaude pour le thé, il allume le chauffage quand il fait froid et accueille les premiers arrivants. Cet accueil dure 20 minutes, parfois plus. Tout le monde est debout ; c’est plus facile pour aller vers ceux qui arrivent, échanger les premières nouvelles, ou déjà faire connaissance, quand c’est "la première fois".
 
Le jour de l’inauguration de cette Maison (le 12 octobre 2013), une semaine après la fête du doyenné, une "Fraternité" s’est constituée. Elle se réunit 3 fois par an, en veillant toujours au climat fraternel. C’est cette assemblée, qui a suscité, le 31 mars 2014, une petite équipe de 4 personnes, pour une durée d’un an. Pour garantir cet esprit fraternel, il s’agit d’impliquer chacun à tour de rôle. Le rôle de cette petite équipe est de veiller à l’intendance (vérifier qu’il y a toujours quelqu’un pour ouvrir la porte, veiller à ce que l’armoire soit équipée pour offrir café, thé, ou friandises ; mais aussi convoquer la grande assemblée.
 
Certains samedis, il n’y a que des habitués. Mais il y a beaucoup à partager : nos liens avec ceux qui vivent des "galères" et cherchent des chemins pour s’en sortir. Ils entendent parler de la "Maison de la Fraternité", mais il faut encore du temps avant qu’ils ne décident de franchir le pas, comme l’ont fait Jane, André, Katia, ... Nous reparlons de leur cheminement et de leur joie de faire l’expérience d’une Église, qui accueille et écoute. Il nous arrive alors de relire la prière rédigée par le groupe "Place et Parole des Pauvres :
 
"Quand je regarde quelqu’un, Seigneur, donne-moi ton regard, pour que je voie la personne. Alors je pourrai la saluer"
"Seigneur, apprends-moi à voir les richesses, que tu as mises au coeur de l’autre, pour que je l’aide à les mettre en valeur"
"Seigneur, apprends-moi à écouter ce que mon frère me révèle de toi"
 
Mais il arrive assez souvent que des TEMOINS soient invités. Les assemblées dominicales sont alors informées. Suivant la pédagogie vécue à Diaconia 2013, il s’agit de personnes qui vivent (ou ont vécu) de grandes difficultés : la solitude et l’anonymat dans la cité, le divorce, la dépendance de l’alcool, le handicap, des jeunes à la recherche d’un emploi, des jeunes sans papier, le veuvage, ... Ces témoins osent parler de leur parcours en vérité. L’effet est immédiat ; la langue de ceux et celles qui vivent les mêmes situations se délie ; chacun se met à raconter ses chemins de libération et parfois sa rencontre avec le Christ. 
 
Avant que les 12 coups de midi ne sonnent, celui qui a accueilli (ou quelqu’un d’autre) propose d’arrêter le partage, pour que tous puissent dire ce qu’ils ont entendu et vu au cours de la matinée et ce qui les a "remués". Ces expressions sont consignées dans le cahier de la "Maison de la Fraternité" ; il n’est pas rare que cet échange ouvre à la prière. Comme une amorce de relecture.
 
Ou encore, avec l’autorisation des participants, des notes sont prises de tout ce qui est partagé ; ces notes sont soumises à leur approbation (voire à leur correction) ; elles sont ensuite diffusées, soit sous forme d’article, que les auteurs sont heureux de signer de leur prénom ; soit sous forme de méditation ou de prière pour des célébrations, comme celle du jeudi saint.
 
C’est en effet un appel pressant adressé par Diaconia 2013 : que ces paroles irriguent les communautés ; paroles d’hommes et Parole de Dieu se croisant pour laisser deviner le visage du Serviteur.
 
Parfois nous nous posons la question du "suivi" des personnes. Mais avant même que cette question ne soit formulée, la réponse a été donnée par les personnes séparées et divorcées, qui se sont constituées en équipe et qui s’organisent ... La réponse est trouvée par Jane et André, qui ont mobilisé leur cité et ont organisé la "Fête des Voisins" le 23 mai 2014.
D’autres initiatives viendront ; mais ce n’est pas la Maison de la Fraternité, qui en aura la charge. Elle les suscite, elle les encourage ... Elle sert la circulation de la parole, elle favorise les liens. Mais la mission qu’elle s’est donnée ne va pas plus loin.
 
De l’avis de tous ceux et toutes celles qui viennent à la "Maison de la Fraternité", ce temps de gratuité, cette expérience de la CONFIANCE donnée et reçue sont comme une halte dans une oasis ; souvent nous parlons du puits de Jacob et de la rencontre de Jésus avec la Samaritaine.
 
Benoît : "Le regard des autres nous pénètre"
Catherine : "Quand je reviens à la maison, je rends compte de ce que j’ai vécu"
Jo : "C’est le partage, qui est libérateur. L’évangile de demain nous dit : Le Père vous donnera un autre défenseur, qui sera pour toujours avec vous ; c’est l’Esprit de vérité. Une autre fois, je lisais "Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie" ; et je me demandais : ça veut dire quoi "donner sa vie". Alors j’ai dit ma vie à un copain ; ça m’a dépouillé, ça m’a donné beaucoup de liberté.
Benoît : Révéler aux autres ce que tu vis avec le Christ, c’est offrir sa vie aux autres.
Jo : La communauté qui se construit ici est humaine. Ça passe par tous ces événements.
Catherine : Ça passe par le Corps et le Sang du Christ.
 
Souvent, ceux et celles qui sont en responsabilité pastorale disent qu’ils ont le nez dans le guidon, ils s’épuisent à faire des programmes, à convoquer ; leur calendrier trop chargé empêche de voir et d’entendre les pauvres et leurs richesses.
 
Et pourquoi les secteurs pastoraux ne se feraient-ils pas le cadeau d’une oasis, ne se donneraient-ils pas rendez-vous au puits de Jacob. Pour rien, gratuitement, tout entier disponibles à l’imprévu ?
 

 


Actualité publiée le 3 juillet 2014