TOUS POUR LE MARIAGE
Ce qui nous mobilise, c’est la conviction, fondée en humanité, que le mariage ne peut exister que dans un engagement public entre un homme et une femme ; ce n’est que dans ce milieu naturel de l’union des époux, au sein d’une famille, que peuvent naître et grandir des enfants. Quand je dis nous : je ne parle pas seulement des évêques récemment réunis à Lourdes, ni des catholiques, ni des chrétiens qui se prononcent dans ce sens, mais aussi des Juifs, des Musulmans et bien des personnes de tous milieux : nous réagissons au nom du bon sens, que la théorie du gender tente de miner depuis plusieurs années. Avant même d’invoquer des motifs venus de notre foi, fondée sur la Parole de Dieu et celle de Jésus lui-même, nous nous plaçons ensemble sur le terreau de l’expérience séculaire des êtres humains, consacrée par les religions.
Nous demandons que la structure même de la société ne soit pas remise en cause par « un brouillage des généalogies, des statuts et des identités », comme dit le Grand Rabbin Gilles Bernheim, « par une confusion entre l’égalité et la similitude », pour reprendre les mots de Mohammed Moussaoui, Président du Conseil français du culte musulman en France. Nous assistons à un trafic dangereux des relations humaines qui sont structurelles pour la personne : relations entre hommes et femmes, entre époux, entre parents et enfants ; ce sont ces derniers qui portent et porteront les graves conséquences d’un refus d’accepter la condition humaine différenciée, en sa fragilité certes, mais aussi en sa beauté.
Nous ne sommes pas contre les personnes à tendance homosexuelle, puisque nous les écoutons et les recevons, puisque nous appelons à les respecter, mais nous ne pensons pas, comme un certain nombre d’entre elles, que le mariage avec une personne de même sexe soit la solution à leur quête d’identité. L’expérience montre qu’elles peuvent suivre d’autres chemins, non sans combats comme il en va de chacun de nous, pour trouver leur équilibre et apporter à la société leurs talents propres.
Les jeunes continuent à plébisciter la famille, bien qu’il n’en n’existe pas de parfaite : les sondages divers le montrent bien ; je le lis souvent pour ma part dans les lettres que les adolescents m’écrivent pour demander leur confirmation. C’est avec eux et pour eux que nous nous mobilisons, eux qui nous disent le respect qu’ils gardent pour leurs camarades qui peuvent avoir d’autres orientations.
C’est pourquoi j’encourage les catholiques du diocèse de Toulouse, au nom de leur humanité et au nom de leur foi au Christ, vrai Dieu et vrai homme, né de la Vierge Marie, à prendre leurs responsabilités de baptisés et de confirmés. Il s’agit de porter au monde la bonne nouvelle – c’est aussi cela la « nouvelle évangélisation » – de la distinction et de la complémentarité des sexes, de la beauté du mariage et de la famille. dans la grâce de notre Créateur et Sauveur. Que Dieu nous aide et nous éclaire ! Je vous bénis de tout cœur.
Robert Le Gall
Archevêque de Toulouse
A propos du mariage pour tous
Ce débat entre dans la vie publique de notre pays. Vous connaissez la position de l’église sur cette question. J’en rappelle juste les principaux éléments
–L’église est contre toute forme d’homophobie ; cela doit être clair et ne pas occulter le débat qui nous occupe.
–Sur quels critères s’appuie l’église pour défendre la famille constituée du couple homme-femme et des enfants issus de ce couple
- La loi naturelle depuis la plus haute antiquité fait apparaître qu’à l’évidence que l’espèce humaine se constitue grâce à la rencontre d’un homme et d’une femme qui vont pouvoir donner la vie. Il s’agit là d’une réalité inscrite dans la nature même de l’homme et de la femme.
- L’église a fait du mariage un sacrement mais celui-ci existait bien avant qu’elle lui donne le statut de sacrement. Pour cela l’église s’appuie bien entendu sur l’écriture et notamment sur les deux textes fondamentaux de la Genèse aux chapitres 1 et 2 ’Homme et femme il les créa, à l’image de Dieu il les créa’ texte où est mis sur le même plan d’égalité des droits et des devoirs l’homme et la femme, mais aussi où est souligné la différence sexuelle de ces deux personnes. Au chapitre 2 il est dit ’C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et désormais ils ne feront plus qu’un’. L’auteur ici exprime ce qui formait lors de la rédaction du texte le socle familial. Enfin le Christ dans l’évangile de S. Matthieu indique l’importance du mariage en affirmant ’Ce que Dieu a uni que l’homme ne le sépare pas’.
- L’église fonde le sacrement de mariage sur. quatre piliers essentiels pour être véritablement un mariage chrétien : la liberté des conjoints (donc le choix d’un homme avec une femme qui ne peut être contraint par quiconque) – la fidélité afin de pouvoir s’engager véritablement pour la vie (fidélité et engagement nécessairement imbriqués l’un dans l’autre) et enfin la possibilité de donner la vie et de fonder une famille. L’église sait qu’il peut y avoir des échecs ; il lui arrive d’ailleurs d’annuler des mariages lorsque l’une des conditions n’est manifestement pas remplie. Elle sait aussi le malaise que provoquent les nombreux divorces dans notre société contemporaine. Mais cela n’est pas directement lié au projet de loi.
Afin de vous aider à mieux comprendre les enjeux qu’entraîneront nécessairement l’adoption de la loi je vous propose de lire l’entretien de Marie Boëton, journaliste à La Croix avec Françoise Dekeuwer-Défossez, professeur de droit privé à l’Université de Lille paru dans le dernier numéro des Etudes (Novembre 2012 p. 465). Cet article vous permettra de saisir ce qui va évidemment changer du point de vue juridique par l’adoption de cette loi.
P.Ph.Bachet