Pouvoir et service, au plan de Dieu, des Églises, de l'homme et de la cité

Université Chrétienne d’Été de Castanet (UCEC)

Pouvoir et service, au plan de Dieu, des Églises, de l’homme et de la cité

La onzième session de l’Université Chrétienne d’Été de Castanet (UCEC) , sur le thème "Le pouvoir et le service". Retour sur les différentes interventions proposées.

 

Une série de conférences à Castanet

Un poing levé. Une main offerte. C’est ainsi que la onzième édition de l’Université Chrétienne d’Été de Castanet (UCEC) qui s’est déroulée les 5,6 et 7 juillet 2018, a illustré le thème choisi cette année : le pouvoir et le service. Suivant une formule qui a fait ses preuves depuis une décennie, six conférenciers sont venus dialoguer avec le public qui lui-même a pu développer sa propre réflexion lors des carrefours proposés.

• Le premier intervenant était Renaud Silly, dominicain de Toulouse. Il s’est attaché à la notion de service qui est l’attitude évangélique par excellence : « Si quelqu’un me sert (le Christ), mon Père l’honorera ». Les multiples situations évoquées dans l’Écriture confirment que se trouve bien là l’expression la plus pure de l’amour du prochain.

• Puis Emmanuelle Mouyon, mère de famille de trois enfants et pasteure de l’Église Protestante Unie de France a posé quelques questions : y a-t-il des formes positives de pouvoir ? Prendre le pouvoir ou avoir le pouvoir ? Elle a montré que dans son Église, l’organisation et la réalité actuelle contribuent à ce que le pouvoir puisse se traduire en service : la faiblesse des effectifs – quatre cents paroisses en France – la nomination des pasteurs par cooptation avec avis de la communauté, la souplesse des convictions qui laisse à chacun son libre arbitre pour décider et choisir ce qu’il croit. La pasteure a conclu en indiquant que le meilleur barrage à un exercice tyrannique du pouvoir est de fonder dans la Parole de Dieu l’exercice de la responsabilité de la décision.

« J’ai eu de la chance !  »

• Le troisième intervenant, peut-être celui qui était le plus en situation de pouvoir, l’évêque de Rodez, Mgr François Fonlupt. Il a décrit les valeurs du territoire qu’il a trouvées en arrivant voici dix ans, attestées par ce tee-shirt que les jeunes portent volontiers : « Je n’ai pas choisi de naître Aveyronnais, mais j’ai eu de la chance  » ! Mgr Fonlupt a présenté la situation de son diocèse à laquelle il lui faut faire face : cent prêtres dont quarante de moins de 75 ans, soit un pour sept mille habitants, dans un territoire très vaste qui plus est. Après avoir consacré deux années à s’immerger dans le pays en visites pastorales et deux autres années à un synode, l’évêque préconise deux décentrements fondamentaux. Le premier concerne le prêtre qui n’a plus à être au centre de la paroisse : c’est la communauté croyante qui l’occupe. Le prêtre est au service de la vocation des baptisés, serviteur de communautés vivantes. Un noyau de chrétiens en est l’émanation concrète et autour de lui gravitent des personnes plus ou moins éloignées de la communauté et de l’Église. Le second décentrement proposé par Mgr François Fonlupt porte sur l’Église qui n’est pas à elle-même son propre autoréférencement. C’est la tentation qui a pu l’habiter au temps de la chrétienté. Dieu se révèle lui-même à l’homme, il ne dépend pas de nous que Dieu soit reconnu par lui. L’Église est entièrement relative à cette autorévélation de Dieu qui parle aux hommes, elle n’a d’autre pouvoir que de la servir.

• L’exploration des ressorts du pouvoir et du service a été confiée à Wendy Bacquet, docteur en psychologie. La thérapeute familiale a insisté sur le fait que le pouvoir est nécessaire dans toute cellule constituée, du couple au concert des nations. Il est le moteur de l’action, le garant d’une certaine organisation de la société, un gage de sécurité et de protection. Il s’agit aussi de ne pas ignorer les dangers auquel peut conduire le pouvoir mal exercé (autoritarisme, manipulation, etc). Pour éviter ces dérives, Wendy Bacquet a recommandé la vigilance, l’autorégulation, la bienveillance et le respect. Une expression en guise de conclusion : « Ma liberté s’enrichit de la liberté d’autrui  ».

• Le pouvoir dans la cité. C’est évidemment ce que les participants avaient en tête en écoutant Dominique Lagarde, adjoint au maire d’Auzeville chargé de l’urbanisme. L’élu a d’ailleurs préféré le terme de "gouvernance". Lui aussi a pointé la nécessité de la confiance, de l’écoute, du sens des responsabilités si l’on veut que la vie en commun inhérente à la condition humaine soit la plus harmonieuse possible. Il s’est appliqué à démêler les strates du millefeuille administratif auquel sont confrontés les conseils municipaux et s’est interrogé sur les risques de voir se distendre le lien avec les administrés. Quelles compétences conserver au niveau communal ? Que déléguer aux autres échelons ? Pour lui, tout ce qui touche à la personne, crèche, petite enfance, école, seniors, doit être privilégié. Dominique Lagarde trouve sa satisfaction en rendant à l’habitant, par son service, la confiance que celui-ci lui a prodiguée en votant pour lui. Et même si ce n’est pas le cas !

Bruno Cinotti, haut fonctionnaire et diacre du diocèse de Versailles, a bien mis en valeur les limites du pouvoir, en couple, dans la famille, en entreprise, dans les syndicats, les associations, les collectivités. Glisser d’un engagement sincère au service des autres à la tentation de faire prévaloir son intérêt personnel est une pente très facile. Et pour ceux qui subissent le pouvoir, il peut parfois être confortable de se laisser diriger. Pour éviter ces travers, Bruno Cinotti préconise le discernement, c’est-à-dire l’attention portée à la façon d’atteindre l’objectif fixé, le désintéressement, l’humilité, l’écoute, la bienveillance, le respect. Il a conclu par cette citation : « N’oubliez jamais que le vrai pouvoir, c’est le service » (Pape François).

L’ensemble de ces conférences pourront être réécoutées sur le site ucec-castanet.com puis feront l’objet d’une plaquette.

 

 


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Actualité publiée le 10 juillet 2018