Les Focolari, ou les messagers de l’unité

Dossier « Vie consacrée, à quoi bon ? »

Les Focolari, ou les messagers de l’unité

C’est dans un salon baigné de lumière et de rires joyeux que nous avons été reçus par Alma, Geneviève et Lieva. Au cœur des Minimes, elles vivent ensemble le message de l’Évangile mis en lumière par Chiara Lubich, la fondatrice de la communauté des Focolari : « Que tous soient un ».

Le Focolare ouvre une toute nouvelle voie, appelée « quatrième voie », pour des personnes qui veulent se donner totalement à Dieu. Il ne s’agit pas d’une communauté de laïcs consacrés ou de personnes mariées, c’est autre chose : « le Focolare c’est tout cela ensemble ». Dans cet appartement toulousain, ces femmes sont en quelque sorte le cœur de la communauté. Par des vœux privés, elles ont consacré leur vie pour incarner ce message de l’Évangile : « Aimez-vous les uns les autres » ; «  là où deux ou trois sont réunis en mon nom je suis au milieu d’eux ». C’est au contact des membres de la communauté que Lieva, Alma et Geneviève ont été touchées par cette unité recherchée... au point d’y consacrer leur vie.

Lieva a été très tôt animée par le désir de changer le monde. Un jour, alors qu’elle accepte presque par hasard de rendre service, elle lit une très grande joie sur le visage de la personne aidée. Cette expérience est pour elle un déclic : c’est donc cela ! Aimer rend heureux. Elle décide dès lors de toujours travailler à cet « art d’aimer », comme elle l’appelle. « Cela me rendait heureuse, il y avait comme une profondeur nouvelle dans ma vie ». Avec les années se pose la question des choix de vie… et l’intuition que Dieu l’appelle à 100% : « J’ai voulu suivre Chiara Lubich. "Que tous soient un" me donnait des ailes ! ».

Alma, pour sa part, a été bouleversée par une vidéo de Chiara expliquant ce qu’était l’Eucharistie : « Jésus-Eucharistie nous transforme en lui-même. On devient Jésus pour les autres ». Les questions du sens de la vie, de la souffrance, de la mort qui l’habitaient ont trouvé une réponse, en quelques mots… « J’ai voulu commencer à le vivre, bien sûr avec difficulté. C’était une vie nouvelle. J’ai retrouvé qui j’étais, épanouie, comme une amoureuse ayant trouvé l’âme sœur. » La suite n’a pas été sans doutes, sans résistances, mais « cet amour était plus fort, comme un frein à main qu’on lâche : on ne sait pas où on va mais, où que l’on aille, on retrouve ce Jésus qui nous attend ».

Dans la communauté, il y a aussi Geneviève, une "miraculée". Elle a retrouvé le goût de la lumière grâce à Chiara Lubich. Inintéressée et même révoltée par ce qu’elle pensait être une « religion culturelle », Geneviève était animée par un puissant désir de s’engager au service de l’humanité, sans Dieu. Dans un premier temps, elle abandonne tout pour les Compagnons Bâtisseurs. Mais peu à peu ce service sans horizon pour elle, sans horaires bien souvent, finit par lui faire perdre le sens, celui même de la vie. Après un long tunnel obscur, un ami l’invite à ce que les Focolari appellent une "Mariapolis", des rencontres communautaires estivales sur plusieurs jours. C’est pour elle la découverte de l’Évangile vécu, celui qui donne un vrai sens à la vie.

Toute vie est faite de joies et de peines, affirment-elles unanimes. Mais « Chiara Lubich a donné un sens à la souffrance ». Sensible au cri du Christ sur la croix « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? », elle a vécu pour ce cri. « Chaque souffrance rencontrée est rencontre avec Lui, chaque difficulté est transfigurée parce qu’Il a vécu notre vie jusque-là. Tous les moments d’unité nous donnent de la joie et à l’inverse l’absence d’unité nous fait souffrir », ajoutent-elles. « Mais, à l’exemple de Chiara, chaque souffrance est pour nous un tremplin pour mettre un peu plus d’amour dans nos vies ».

Valérie de Bouvet