Les Jacobins

La popularité du couvent dominicain de la rue Saint-Jacques, à Paris, a eu pour conséquence d’appeler Jacobins tous les ensembles conventuels dominicains de France.

En fait, c’est à Toulouse que saint Dominique a fondé l’ordre des Frères prêcheurs, en 1215.

Après un bref séjour dans une maison particulière, située près du Château Narbonnais, et ensuite au prieuré Saint-Romain, les Dominicains ont élevé l’ensemble conventuel que nous connaissons, entre 1230 et 1385.

Mais en dépit de leur magnifique apparence, l’église et le couvent résultent d’une série de quatre campagnes de constructions et de remaniements.

Dès le XIV°siècle, la beauté de l’édifice avait fait sa réputation dans l’Europe entière. Et c’est la raison pour laquelle le pape Urbain V décida, en 1368, de confier aux Dominicains de Toulouse le corps de saint Thomas d’Aquin.

Nous sommes ici dans la plus belle réussite du gothique méridional qui supprime le transept, les collatéraux, le déambulatoire et le triforium, unifiant l’espace intérieur dans une vision sereine équilibrant la lumière et les valeurs de la muralité.

Nous assistons même à cette étourdissante prouesse qui révèle la virtuosité inégalable des maçons du XIV°siècle : le voûtement de l’abside tournant autour d’une seule et unique colonne qui reçoit les retombées de onze doubleaux et onze liernes. Les couleurs admirablement restaurées (pendant la Révolution, l’église avait été transformée en caserne) mettent en valeur ce prodigieux faisceau d’ogives que les Toulousains surnomment ’’ le Palmier des Jacobins ’’.

Seules les roses du côté occidental conservent des vitraux anciens. La fenêtre en trompe l’œil, peinte au niveau de la travée qui jouxte le clocher, a servi de référence aux verriers chargés de recréer l’ambiance chromatique, au moment de la reconstitution des fenêtres.

Au nord de l’église subsistent le cloître, la salle capitulaire, la chapelle Saint-Antonin (avec un bel ensemble de peintures) et le réfectoire.

Jean Rochacher