Les migrants commentent l'Évangile

La semaine précédant la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié ce sont des migrants qui commenteront l’évangile du jour sur Radio Présence.
Réecoutez ici leurs commentaires.
Vous trouverez aussi leurs textes.


 "Tous les participants ont été ravis d’être là, encadré par Thibault D’hauthuille, directeur. Tous ont été impressionnés par le nombre d’auditeurs qui vont écouter leur voix ( 20000 auditeurs potentiels).
Ils espèrent que leurs paroles seront bien comprises. Ils avaient tous envie de rajouter du texte, d’autres idées à partager...
 Lorsque je repense à la demande, de participer à la lecture de l’évangile et à son commentaire,sur la semaine du 08 au 13 janvier 2018, je me suis dit qu’il fallait relever le challenge : En un mois, rassembler une petite équipe, faire part du projet, lire le textes, choisir celui qui leur parlent en vue du commentaire. Puis rencontrer les uns et les autres pour expliquer le contexte des paroles des évangiles et les relire avec eux. Un autre temps pour relever leurs paroles de migrants comme commentaire (ne pas trahir les contenus des échanges)... Et enfin un dernier temps pour tout retranscrire de façon à être audible pour des auditeurs de radio présence. Du boulot qui en valait la peine.
 Je souhaite dire aux auditeurs de faire un effort pour écouter l’évangile du jour et le commentaire qui va suivre. Se mettre à l’écoute des migrants qui ont accepté de partagé ce qu’ils ont dans le cœur. Voilà le challenge à relever pour les auditeurs. Etre écouter est peut-être le plus beau cadeau que nous puissions faire à quelqu’un. D’une certaine façon, c’est lui dire : « Tu es important pour moi, tu es intéressant, je suis heureux de t’entendre. Je suis disponible à ta présence. Je me sens touché par ce que tu es, parce que tu dis. » "


Christophe Emo, responsable du service de la pastorale des migrants du diocèse de Toulouse

 

Jésus enseigne longuement les foules. Tout le monde vient à lui et l’écoute. Presque que tout le monde. Lévi lui, reste à son poste de travail. Il est assis. N’a-t-il pas vu passer devant lui ses foules ? Il reste là, sur la ligne de départ, au point mort. Il n’y a aucun dynamisme dans sa vie qui peut le pousser à aller à la rencontre de Jésus ? Alors nous voyons Jésus se rendre à lui. Jésus l’interpelle par son prénom. Etre reconnu par son prénom et non par ce que je représente aux yeux des autres. A l’invocation de Jésus par son prénom, « il se lève », il quitte sa vie de collecteur d’impôts, il entre dans une nouvelle vie. Lévi reçoit Jésus à sa table, dans sa maison. L’appel reçu de Jésus rétablit, relève Lévi dans sa dignité, lui redonne sa place dans sa maison, lui permet de vivre en communion. Cet appel de Jésus, s’adresse à tout le monde, du plus petit que l’on méprise, au plus riche. Lévi est de retour dans sa maison, la même qu’il avait laissé le matin. La seule chose qui a changé est que le Seigneur est présent à cette table. Dans ma vie, j’ai accueilli jésus à ma table. Pas simple de témoigner de cet accueil lorsque l’on est Iranien. Moi et mon frère, nous ne le connaissions pas. Il est devenu pour nous un ami sur la route qui nous conduira au baptême. Nous marchons ensemble. Jésus est la nouveauté qui transforme la vie de cette maison, la vie de Lévi. Quand Jésus appelle, ce n’est pas pour tout bouleverser mais pour y semer des choses nouvelles.


 La lecture de ce jour nous invite à découvrir la présence du Seigneur dans nos vies, en parole et en action. Nous sommes invités, à tourner les yeux vers Jésus, comme cette foule autour de lui à Capharnaüm. Il n’y avait plus moyen de se rendre à la maison où Jésus annonçait la bonne nouvelle. Beaucoup de ceux qui viennent à lui sont frappés de maux de toutes sortes, ils espèrent de lui la guérison car sa réputation de guérisseur l’avait précédé. Dans mon village du Congo, je déjà vu des foules venir se faire guérir. Que de bousculades ! Dans cette journée, voici que l’on va présenter à jésus un paralytique, couché sur un brancard. Un homme qui ne pouvait plus rien faire seul, un homme totalement dépendant des autres. Ce paralytique me ressemble. Sa maladie l’immobilise dans sa vie. Ma maladie est celle d’avoir quitté mon pays pour trouver refuge ailleurs. Cette maladie se nomme immigration. Elle m’immobilise lorsque l’on n’obtient pas ses papiers. On est alors seul, bien seul. Dans ma galère, les gens me voient. Ils ne viennent peut être pas vers moi car ils ont peurs, ils ne savent pas quoi faire ? Ils se disent : d’autres seront mieux s’occuper de moi. Est-ce des paroles d’évangile ? Où est l’amour du prochain ? Cette solitude ne dure pas. Des gens viennent vers toi et te propose leur aide. Ce n’est pas facile de comprendre le français, le français administratif. Ce jour-là, jésus a décidé de changer la vie du paralytique. Jésus va adresser deux paroles qui vont semer le trouble : « je te le dis, lève-toi. » et « mon fils, tes péchés sont pardonnés ». Il y a des paroles et des gestes qui nous interrogent ? Ces paroles et ses gestes posés par tous ses personnes qui m’ont porté ont changé ma vie. Ils me redonnent courage, redonnent un élan de foi en l’autre. Avec toutes ses personnes nous répondons à la question : Qui est cet homme qui se dit avoir le pouvoir de guérir et pardonner les péchés ? C’est Jésus, le fils de Dieu !


 Dans ce récit, un lépreux vient à Jésus. On nous dit qu’il est impur, pas propre, intouchable, frappé d’un châtiment de Divin. Avec tous les lépreux, il est mis à part de la société. Quelquefois, en écoutant la radio, j’ai le sentiment que dans notre société, il y ai encore beaucoup de personnes que l’on pourrait considérer comme des lépreux, car il ne sont pas comme les autres, car il n’ont pas de toit, pas de titres de séjour, pas de… Ici, malgré tout ce que l’on peut dire de lui, le lépreux va supplier jésus de le guérir. Il veut redevenir un homme comme tout le monde, redonner un sens à sa vie. Jésus ne s’en fuit pas devant cet homme. Il prend le risque d’attraper la lèpre. Cette rencontre bouleverse Jésus. Quelle foi, quelle confiance dans ce cri du lépreux. Jésus le veut, Jésus le veut toujours, à toute heure de notre vie, il guérit. Il le guérit.

 Cependant l’homme, une fois guéri, proclame la nouvelle, impossible de garder pour soi une guérison pareille de sorte que Jésus ne peut plus entrer ouvertement dans une ville ; « il se tient dehors, dans les lieux déserts, et l’on vient à lui de toutes parts ».


 L’Evangile de ce jour nous décrit la vie quotidienne. Jésus va à la synagogue, il est invité dans la maison de Simon et d’André, les deux frères qu’il a appelé au bord du lac. Une maison où il y a du monde qui y vit. Jésus y est à l’aise. C’est son quotidien comme le mien, peut-être le vôtre. C’est un peu comme dans certaines familles du réseau Welcome à Toulouse. On vous accueille, on y passe de bons moments. Comme dans nos familles, il y a aussi des gens malades.
 Dans cette maison, jésus est attentif à ce qui se passe. Il va s’avancer vers cette femme malade, Il la réveille, Il lui saisit la main. Jésus ne veut pas que l’on soit malade. Il veut que cette femme se relève, qu’elle soit comme avant. Dans ma vie de migrant, jésus s’invite souvent dans la maison de mon cœur. Quelquefois il pose les même gestes de tendresse comme ceux fait à la belle-mère de Simon et il me dit : debout, lève-toi, va, la vie t’appelle.



 

 Dans ce récit, Jésus respecte la loi de Moise, le jour du sabbat il va prier à la synagogue et enseigne aux foules. Hier, on a entendu une voix dire qu’il était le fils de dieu. On pourrait penser qu’il n’a pas besoin de venir prier comme les hommes. 
 Le texte nous dit que ce qui frappe le plus le peuple, c’est d’abord son enseignement. On découvre qu’il enseignait avec autorité. Qu’est-ce que cela signifie ? Pour moi, Jésus correspond tellement à la parole de Dieu, que sa parole ne pouvait pas ressembler à celle des autres scribes. Sa parole est la parole, son regard est la tendresse qu’aucun homme n’avait encore pu exprimer.
 La guérison, ici, donne à voir l’autorité avec laquelle Jésus parle. On n’a jamais vu cela. Comment est-ce possible ? Aucun homme ne peut réaliser sauf le fils de Dieu, le Verbe incarné, la PAROLE de Dieu. Voilà un enseignement nouveau, une parole qui agit.


En ce temps là… voilà un évènement qui s’inscrit dans une histoire, dans le temps des hommes. Comme pour moi, en ce temps-là, de nombreux compatriotes ont quitté le pays pour fuir un régime politique.

En ces jours-là… souligne l’importance de la venue de Jésus. Jésus vint de Nazareth de Galilée et il fut baptisé dans le Jourdain par Jean. Dans mon histoire, en ces jours-là, souline pour moi aussi l’importance d’un jour particulier celui de mon départ, j’ai dû également quitter mon pays.

Et aussitôt … Les cieux se déchirent comme l’étoffe du temple à la mort de Jésus en croix. Pour cette action, il faut la force du Créateur. C’est une nouvelle relation qui s’instaure entre le monde et Dieu : quelle force, quelle puissance : une nouvelle aire commence ! Dans mon histoire, il y a eu aussi un aussitôt qui a marqué toute ma vie. Une page de ma vie s’est tournée et a pris naissance en France.

Voici l’Esprit qui descend… sous la forme d’une colombe qui donne quelque chose à voir de cette manifestation à nos yeux d’humain. Car l’Esprit reste quelque chose d’invisible. A mon baptême, je n’ai pas vu de colombe mais bien senti la force de l’esprit en moi, comme cette voix qui touche Jésus au plus profond de lui. La parole annonce qui est cet enfant de la crèche ; c’est le fils de Dieu. Dans mon cœur, j’ai entendu une autre parole : tu es sœur en christ.

 

 


Actualité publiée le 6 janvier 2018