Les Cendres... pourquoi ?

L’Église inaugure le temps du Carême par l’imposition des Cendres : quel est le sens de ce geste ?

Il nous rappelle que nous ne sommes rien si nous n’acceptons pas la présence de Dieu dans nos vies, si nous refusons sa grâce et si nous préférons les choses périssables aux valeurs impérissables que son Fils nous propose.

 

La cendre, image du péché et de la fragilité de l’homme

 

La cendre, ou la poussière, est l’image du péché et de la fragilité de l’homme, de ce qui reste du corps après que s’y soit éteint le souffle de la vie : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front », dit Dieu à Adam en le chassant du paradis terrestre après le péché originel, « jusqu’à ce que tu retournes à la terre dont tu proviens ; car tu es poussière, et à la poussière tu retourneras ». (Genèse 3, 19).
Puisque nous entrons dans un temps de pénitence et de conversion, nous retrouvons, comme en Avent, les ornements violets, la suppression du Gloria et de l’Alléluia.

Particularité liturgique de ce jour


L’élément propre à la liturgie de ce jour, c’est l’imposition des Cendres sur le front des fidèles.
«  Souviens-toi que tu es poussière, et que tu retourneras en poussière  » : voilà de quoi rabattre notre orgueil, en nous rappelant la sentence de mort que nous devons subir par suite du péché.
Recevoir les Cendres, c’est nous reconnaître pécheurs et implorer le pardon et la miséricorde de Dieu, qui ne manque jamais à ceux qui s’humilient du fond de leur cœur.
C’est surtout nous engager à nous détourner de tout mal pour vivre désormais de la vie nouvelle des enfants de Dieu, nous tourner vers Lui avec confiance et Lui soumettre toute notre vie : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ».

« Tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu’ils se convertissent. Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres ; si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé. Comment aurait-il subsisté, si tu ne l’avais pas voulu ? Comment serait-il resté vivant, si tu ne l’avais pas appelé ? En fait, tu épargnes tous les êtres, parce qu’ils sont à toi, Maître qui aimes les vivants ». (Sagesse 11, 23-26, antienne d’ouverture, du Mercredi des Cendres).

Rien ne nous préparera mieux à entrer généreusement dans ce Carême, que de méditer l’ensemble des textes de cette messe du Mercredi des Cendres, de nous en imprégner.

Se couvrir de cendres, un geste ancestral

 

Ce geste nous vient de la tradition juive ; il fut repris ensuite dès la primitive Église.

Un signe de pénitence
Dans l’Ancien Testament, se couvrir la tête de cendres, revêtir un sac et jeûner sont les signes habituels de pénitence. Ils expriment le repentir, comme le firent les habitants de Ninive : pour éviter le châtiment promis par Dieu, ils firent pénitence sous la cendre et le cilice (Jonas 3, 6). Ils ont ainsi obtenu d’être épargnés de la destruction dont Dieu les avait menacés.
Par ce signe, l’homme pécheur implore le pardon de Dieu et prend la résolution de convertir son cœur pour aimer Dieu et son prochain.

Un signe d’humilité
C’est aussi un signe d’humilité de l’homme qui reconnaît son néant devant Dieu. Voici trois exemples :

- Abraham intercède pour les quelques justes pouvant rester dans les villes coupables (Sodome et Gomorrhe) : « J’ose encore parler à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre.  » (Genèse 18, 27).

- Judith, avant de partir pour sa redoutable mission (couper la tête du général Holopherne), implore de Dieu une protection particulière : « Judith se jeta face contre terre, répandit de la cendre sur sa tête et ne garda que le sac dont elle était revêtue. C’était précisément l’heure où, à Jérusalem, on présentait l’encens du soir dans la demeure de Dieu. Elle cria d’une voix forte vers le Seigneur  » (Judith 9, 1).

- La reine Esther, de la même façon, pour sauver son peuple de la destruction dont il était menacé, «  enleva ses vêtements d’apparat et prit des vêtements de deuil et d’affliction. Au lieu de parfums précieux, elle se couvrit la tête de cendre et de poussière. Elle humilia durement son corps et le recouvrit de ses cheveux en désordre, lui qu’elle se faisait une joie de parer. Elle priait ainsi le Seigneur  » (Esther 4, 17).

Un désir de conversion


« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ».
En ce jour d’entrée en Carême, l’invitation à se convertir complète nécessairement l’attitude de pénitence et d’humilité : pour obtenir le pardon de Dieu, il ne suffit pas de regretter le mal que l’on a fait, il faut surtout quitter sa mauvaise voie et se retourner de tout son cœur vers Dieu.
C’est cette démarche que la liturgie traduit par l’imposition des Cendres : réservé au Moyen Âge aux pécheurs publics, l’Église a ensuite étendu ce geste à l’ensemble des fidèles pour concrétiser leur véritable désir de conversion.

 

Cilice  : chemise ou ceinture de crin ou d’étoffe rude, portée à même le corps, par pénitence, en esprit de mortification. En usage surtout aux temps bibliques ou au Moyen Âge.

 

 


Actualité publiée le 7 février 2024