Chemin de Croix à la basilique Saint-Sernin

Exposition à la basilique Saint-Sernin, à Toulouse

Chemin de Croix à la basilique Saint-Sernin

2018
Chemin de Croix
Préface


Une lumière qui suscite du dedans

La Croix est presque partout présente dans les quatorze stations de ce Chemin pour ce Carême 2018. Claudine Lahlou pourtant sait la revêtir de lumière à toutes les étapes : elle est surtout blanche, mais se fait rouge sang quand Jésus tombe trois fois. Dépouillé de ses vêtements, l’Homme nu n’est que blancheur irradiante : déjà celle des Anges de la Résurrection. Seuls les clous se font lumineux quand Jésus s’y laisse fixer. Au moment de sa mort, les traits de clarté s’échappent de partout, pour un big bang de la Rédemption. Seul un disque doucement clair sur fond azuré évoque la mise au tombeau de la Lumière du monde, qui est vainqueur des ténèbres.

Les commentaires de l’abbé Grégory Woïmbee nous font sentir la lourdeur écrasante du mystère de la Croix. Nous percevons combien la Passion de Jésus est le résultat d’un acharnement de ses ennemis pour faire périr celui qui se présente comme la Vie et la Lumière du monde. Jésus en est accablé, abattu, comme on abat un arbre pour le couper. Mais l’Arbre de vie a des racines éternelles, trinitaires : il est proprement indéracinable. « Trop lourd est le mal, qui écrase l’Amour même. » C’est en effet l’Amour divin qui en est la sève, pour fleurir en grâce et porter le fruit de l’Esprit. Amour repoussé, refusé, nié, mais sans cesse renaissant, toujours proposé à nouveaux frais.

Le Défiguré nous apprend à discerner son visage de lumière sur toutes les « saintes faces » qui se présentent à nous sous un angle de ténèbres et de laideur. Malgré nos trahisons successives, il nous redit : « J’ai confiance en toi, ton cœur me plaît, ton âme me désire ». L’humilité de l’Homme et de sa Mère sont l’antidote de la suffisance qui nous empoisonne depuis les origines. La rencontre de Jésus et de sa Mère, celle des femmes de Jérusalem et la descente de croix – superbe à mes yeux – laissent dominer une note bleutée, qui nous soulage de la pesanteur du mal et nous laisse entrevoir l’aube et l’aurore du Jour. « Tout est laid, sinon le corps défiguré dans l’étreinte de bras maternels. Plus que jamais, de la Crèche au Tombeau, Marie nous le donne, elle nous invite à le prendre dans nos bras pour sentir le poids de l’amour. »

+ fr. Robert Le Gall
Archevêque de Toulouse

 

 


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