Psaume 122

Méditation de Monseigneur LE GALL

"Les yeux levés vers les mains"

 

Comme dans le Psaume 120, nous avons à lever les yeux : il le faut pour marcher et garder le cap. Ainsi commence ce tout-petit psaume : « Vers toi j’ai les yeux levés, vers toi qui es au ciel ». Le verset qui suit a un tout autre ton ; le psalmiste ne regarde pas seulement le ciel : il s’adresse à une personne à qui il donne sa confiance. « Comme les yeux de l’esclave vers la main de son maître, comme les yeux de la servante vers la main de sa maîtresse, nos yeux, levés vers le Seigneur notre Dieu, attendent sa pitié » (« Les litanies de la torah introduisent les louanges des 15 cantiques des Degrés, les shiré ha ma’alot », André CHOURAQUI, Les Psaumes, Presses Universitaires de France, 1956, p. 29.).

L’image de l’esclave peut nous heurter. Parlons plutôt, comme Jésus dans l’Évangile, d’un serviteur ou d’une servante. Ce qu’exprime le psaume, c’est l’intensité de la confiance placée par eux dans celui ou celle dont ils dépendent. Ils attendent tout de lui. Quelquefois, les yeux des chiens peuvent exprimer à leur façon cet attachement inconditionnel qu’on attend des humains. La médaille miraculeuse montrée par l’Immaculée à Sœur Catherine Labouré peut illustrer l’idée forte du psalmiste : Marie tend les mains vers nous dans un geste d’accueil ; de ces mains sortent des rayons, qui symbolisent les grâces qu’elle veut nous transmettre. De la sorte, nos yeux sont bien « levés vers la main de notre maîtresse ».

De la même façon, l’icône révélée à Sœur Faustine nous fait lever les yeux vers Jésus, non vers ses mains, percées de clous pour nous, mais vers son Cœur invisible d’où jaillissent deux rayons (laser spirituel), comme des mains de sa Mère, en rappel du sang et de l’eau sortis sur la Croix de son Cœur transpercé. Nous plaçons toute notre confiance dans cet amour qui est allé jusqu’au bout de la passion, tandis que la compassion de sa Mère, debout au pied de la Croix, y participait pleinement.La compassion n’est pas ici mentionnée, mais trois fois revient son équivalent : la pitié. Nos yeux attendent la pitié de Notre Seigneur et de Notre Dame. Le psalmiste ajoute : « Pitié pour nous, Seigneur, pitié pour nous : notre âme est rassasiée de mépris » (Ibid, p.338). Pitié, compassion, miséricorde : ces trois mots sont voisins. Aimons reprendre ce petit psaume, expression forte de la confiance que nous faisons à notre Sauveur et à sa Mère. La prière suggérée par Jésus à Sœur Faustine n’est-elle pas justement : « Jésus, j’ai confiance en toi ! »  ? À condition que nous nous gardions de faire partie de ces satisfaits et de ces orgueilleux dont souffre le psalmiste, eux qui se ferment à la miséricorde.(On pourra reprendre, dans notre patrimoine toulousain, le livre de l’abbé Louis Monloubou, sur L’âme des psalmistes ou la spiritualité du psautier, notamment le chapitre intitulé : « Le pèlerinage des pauvres en Sion » (chapitre VI) : « Un horizon exceptionnel ? Un panorama unique ? Non ! beaucoup plus, beaucoup mieux : un mystère ! À ces chercheurs fatigués, dont un minuscule point géographique fascine soudain le regard, déjà “Dieu apparaît en Sion” (83, 8). Gageons que si le pèlerin en est à sa première visite son regard n’a pas atteint de suite une telle profondeur ; la signification religieuse de la Ville n’a pas, tout de suite, confisqué son attention et monopolisé ses pensées. Son admiration se porte sur les choses colorées, étonnamment vivantes qu’il aperçoit enfin. Il ne s’étonne donc nullement d’entendre son compagnon de voyage, poète à ses heures, se laisser dominer par l’émotion et brandir avec enthousiasme l’hyperbole orientale ; alors “l’humble colline de Sion”, toute écrasée pourtant par le cercle des montagnes environnantes, devient un royal sommet : montagne de rêve, aux dimensions plus ou moins mythiques, assez peu comparable, noterait un esprit borné, à la silhouette timide du divin rocher » (p. 75-76, Mame, « Paroles de vie », Tours, 1968))


 

 


 

 

 

 


 

 

 

 

 

 


Psaume 122


Vers toi j’ai les yeux levés,
vers toi qui es au ciel.

 Comme les yeux de l’esclave
vers la main de son maître,
comme les yeux de la servante
vers la main de sa maîtresse,
 nos yeux, levés vers le Seigneur notre Dieu,
attendent sa pitié.

 Pitié pour nous, Seigneur,
pitié pour nous :
notre âme est rassasiée de mépris.

C’en est trop, nous sommes rassasiés 
du rire des satisfaits, du mépris des orgueilleux


 
Traduction AELF
 Association Épiscopale Liturgique pour les pays Francophones