Rappel à Dieu de Monsieur Maurice Prin, conservateur honoraire du Couvent des Jacobins

Rappel à Dieu de Monsieur Maurice Prin, conservateur honoraire du Couvent des Jacobins

Le 27 décembre 2019, Monsieur Maurice Prin a rejoint la maison du Père. Saluons cet homme qui a consacré toute sa vie à la rénovation des Jacobins, un des plus beaux joyaux de notre diocèse.
 

Voilà un nom que nombre de Toulousains connaissent et qui a marqué durablement, par sa vie, son travail et son œuvre la ville de Toulouse : la cité lui doit la reconstruction du cloître des Jacobins et la restauration de son église laissée alors à l’abandon. Ce travail a pu se faire en collaboration avec l’architecte des monuments historiques, Sylvain Stym-Popper.

Au moment de la Révolution Française, l’ensemble conventuel est devenu bien national, excepté de son église devenue annexe de la toute nouvelle paroisse Saint-Pierre-des-Chartreux en 1792. En 1804, Napoléon Ier attribue la propriété du couvent à la ville de Toulouse. Huit ans plus tard, elle est réquisitionnée et devient une caserne d’artillerie, dans le cadre de la campagne d’Espagne. Les quartiers de l’artillerie sont restés dans les lieux jusqu’en 1865, date à laquelle la ville de Toulouse récupère l’ensemble des bâtiments.

En 1872, l’église devient chapelle du tout nouveau Petit Lycée, aujourd’hui Fermat. Début XXème, une première série de travaux entrepris par les Monuments historiques a permis une sauvegarde d’urgence. D’autres auront lieu dans l’entre-deux-guerres, mais c’est davantage à partir de 1950 que les travaux s’accelèrent sous la direction de l’architecte des Monuments historiques Sylvain Stym-Popper en collaboration avec Maurice Prin.

Maurice Prin a réalisé un travail d’archéologue, d’historien de l’art et d’historien, n’hésitant pas à se lancer dans de "mystérieuses expéditions" à la recherche de vestiges du couvent dissiminés un peu partout à Toulouse et dans sa région.

L’église a finalement été réouverte au culte en 1974 et sa restauration considérée comme totalement achevée avec la translation des reliques de saint Thomas rapportées de la basilique Saint Sernin aux Jacobins (où elles étaient conservées depuis 1791).

Le travail d’historien de Maurice Prin a révélé comment le culte y a été régulièrement célébré malgré l’occupation du bâtiment par l’armée, grâce à la piété des Toulousains qui ont maintenu les processions à chaque fête du Rosaire le 1er dimanche d’octobre depuis 1802. Sa nomination en tant que conservateur honoraire des Jacobins a couronné une longue vie au service du couvent. Il en a aussi été le sacristain.

Maurice Prin a véritablement voué sa vie au monument où il passait la majeure partie de son temps ; il y aurait placé son lit dans la sacristie, ce qui est plus que probable. Il a définitivement quitté les lieux pour la Maison Saint-Augustin le jour où il a été retrouvé inconscient... dans la sacristie justement.

 

"Je me souviens que, quand j’y arrivai la première fois, en 1956, il y avait des habitations entre les contreforts de l’église. L’intérieur avait été sérieusement endommagé par les armées napoléoniennes qui en avaient fait une écurie. Puis il était resté à l’abandon. Le sol était en terre battue. L’église était remplie une fois par an par les collégiens qui faisaient leur communion solennelle et recevaient la confirmation. J’en fus. Quelques années auparavant, j’y avais aperçu, pour la confirmation de mon frère, un petit homme en rouge qui suscitait à son passage des murmures d’approbation (j’appris plus tard qu’il s’agissait du cardinal Saliège).
Le cloître servait de cour de récréation. Il n’en restait qu’une partie, mais Maurice Prin en retrouva les chapiteaux manquant en arpentant la campagne toulousaine.
Je me souviens d’un homme que l’on pouvait apercevoir affairé dans l’église, perché sur des échafaudages en train de gratter le badigeon dont les murs avaient été recouverts et faisant réapparaître leur décoration d’origine.
C’est ainsi qu’en me rendant au lycée, j’ai vu la progression des premières années de la restauration. Puis j’ai quitté Toulouse et n’ai pu contempler que bien plus tard son aboutissement.
Hommage soit rendu à Maurice Prin, cet homme humble et passionné qui a consacré sa vie à sauver des ruines cet ensemble extraordinaire et à le restaurer scrupuleusement (sans les fantaisies de Viollet-le-Duc à Saint-Sernin un siècle plus tôt).
"

Yves Hamant

 


Album photo


Actualité publiée le 31 décembre 2019

 

 

Monsieur Maurice Prin, conservateur honoraire du Couvent des Jacobins, âgé de 91 ans, est décédé vendredi 27 décembre 2019.

La messe des obsèques a été célébrée lundi 6 janvier en l’église des Jacobins.