Soirée de fête à Arguenos

par Jean-Michel Castaing, auteur

Soirée de fête à Arguenos

Le 14 décembre, désirant participer à la messe anticipée du samedi soir, je consultais le bulletin mensuel de la paroisse de Saint-Gaudens. C’est ainsi que j’appris que l’Eucharistie serait célébrée à Arguenos.

Poésie de l’Avent

Cela tombait bien ! Ce village, situé au pied du pic emblématique du Comminges, le Cagire, et retiré au fond d’un cirque montagneux, un peu à l’écart du col des Ares (col que je franchis souvent le dimanche – mais c’est à moto !), dégage une poésie parfaitement appropriée à une messe de l’Avent. Nous attendons un Sauveur qui est né lui aussi à l’écart des cités prestigieuses et des puissants ! Cette localité de moyenne montagne, pensai-je, sera en harmonie avec l’atmosphère de recueillement de ce temps liturgique. Inconsciemment, nous associons souvent Noël à la ruralité : « Les anges dans nos campagnes... ».

Une église sur son trente et un

Je gardais également un très bon souvenir de la belle église d’Arguenos, dédiée à saint Laurent, qui avait accueilli une étape de la ronde des crèches en janvier de cette année. Pour toutes ces raisons, c’est avec empressement que je me rendis à la messe dans cette localité, assuré d’y goûter, en petit comité (il n’y avait pas foule non plus à Bethléem quand Marie accoucha), la grâce anticipée de Noël. Et là, surprise ! Toute la chorale de Couret (dont la réputation n’est plus à faire dans le Comminges) était déjà en train de répéter ! En tout, plus de trente choristes ! Dans la nef, une assistance très fournie avait bravé le froid. L’église s’était mise sur son trente et un ! Une somptueuse crèche attirait le regard sitôt que vous entriez. Très vite, on me mit au courant : chaque année, l’Eucharistie est célébrée à Arguenos pour inaugurer la crèche. En temps normal, le village ne fait pas partie des communes qui accueillent, par roulement, la messe anticipée du samedi.

Le dimanche de la joie

Nous eûmes le plaisir de participer à une Eucharistie qui fut chantée avec goût et ferveur. Cette joie actualisait parfaitement le mystère que nous célébrions. En effet, en cette soirée de samedi, nous étions déjà dans le dimanche « Gaudete  » (« joie » en latin), le dimanche de la joie ! Le troisième dimanche de l’Avent (couleur liturgique : rose, unique dans l’année !) est celui de l’allégresse parce que la première lecture de la messe fait toujours référence à l’exultation de Sion devant la perspective de la venue imminente de Dieu. Ainsi, la Providence avait bien fait les choses en nous conviant à participer à la joie de ce dimanche Gaudete dans ce village qui n’avait pas lésiné sur les moyens pour honorer la venue du Messie !

Le village des records

Car Arguenos est une commune qui sort de l’ordinaire ! D’abord, elle reste très attachée à ses traditions vénérables. Et sa réputation s’étend alentour : nous étions une centaine de participants à cette messe, alors que le village ne compte que... 72 habitants ! Qui dit mieux comme ratio entre population et assistance dominicale ? Des chiffres à faire pâlir d’envie n’importe quel curé de paroisse ! Mais ce ratio n’est pas le fruit du hasard. Cette volonté de fêter l’Avent est portée par toute la commune, et en premier lieu par son maire, Philippe Pradère, qui ne pardonnerait pas à la paroisse de Saint-Gaudens de rayer sa commune de la liste des villages-étape de la ronde des crèches annuelle !
Surtout, la vocation d’Arguenos est soutenue par la communion des saints de ses glorieux enfants. En effet, le village a fourni à l’Église, entre 1850 et le début du XXème siècle, pas moins de treize prêtres ! Au XIXème, le village comptait 650 habitants. Là encore, qui dit mieux comme ratio entre population et nombre de vocations sacerdotales ? Arguenos a une réputation à tenir ! Et ce samedi soir, elle n’a pas failli afin de faire aimer Dieu et Son Envoyé.

En union avec la Vierge, la première en chemin

Après un dernier chant à la Vierge : « La première en chemin  » - la Vierge chemine avec Joseph vers Bethléem en attendant de donner le jour au Sauveur -, un vin chaud et des gâteaux furent offerts à l’assistance. Le frère Adrien, prêtre vocationniste qui avait célébré l’Eucharistie, me fit part de sa satisfaction de voir un peuple de Dieu aussi chaleureux qu’enthousiaste.
Oui, en ce 14 décembre, l’assemblée était à l’unisson de toute l’Église pour fêter avec ferveur le mystère du dimanche Gaudete, le dimanche de la joie ! Dans l’église d’Arguenos, en plein cœur de notre Comminges montagneux, s’actualisait le mystère de l’attente, confiante et pleine d’espérance, du Messie qui allait « venger » les pauvres (Is 35,4) !

 


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Actualité publiée le 17 décembre 2019