« À Toulouse, depuis le début de la crise sanitaire, nous poursuivons notre action auprès des personnes sans abri et sans ressources. La mobilisation est quotidienne pour fournir de quoi se nourrir et repérer ceux qui sont malades ou fragiles, moyennant des adaptations et le respect strict des consignes sanitaires.

Si nombre de bénévoles ont dû se mettre en retrait, à cause de leur âge ou de leur santé, nombreux sont aussi les volontaires qui nous ont rejoint. Les gens ont faim. Certains nous appellent au téléphone pour nous dire « On a peur, on n’ose pas sortir et on a faim !  ». C’est bien la première fois que l’on entend répéter cette phrase !

Nous sommes dans une urgence sanitaire et alimentaire. À l’annonce du confinement, nous nous sommes organisés pour continuer à venir en aide aux quelque 300 personnes en errance, migrants ou non, sans ressources ou isolées qui, d’ordinaire, fréquentent l’accueil de jour de l’Ostalada ainsi que les petits déjeuners au chemin du Raisin.

L’Ostalada a fermé ses portes car la disposition des locaux risquait d’exposer les bénévoles et les accueillis.

Les petits déjeuners se poursuivent sur un site en plein air mais avec une organisation adaptée : quand la personne arrive, elle se lave les mains, prend un café et son colis alimentaire. Elle repart sans avoir omis de nous remercier chaleureusement. Il en est ainsi chaque matin, sept jours sur sept et nous accueillons une centaine de personnes par jour.

Malheureusement beaucoup de personnes fragiles se terrent dans leurs squats, leurs chambres d’hôtel ou leurs abris car elles ont peur de se déplacer, n’ayant la plupart du temps pas de formulaire d’autorisation de sortie et se trouvant très souvent sans papiers ou ne comprenant pas le français.

Aussi nous allons à leur rencontre et leur apportons les colis lors de tournées de rue que nous réalisons chaque soir. Cela permet plus de 60 rencontres quotidiennes.

Tous les après-midis, plus de 10 bénévoles préparent les colis alimentaires qui sont des repas équilibrés avec des produits provenant de la banque alimentaire ou de magasins d’alimentation solidaires de notre action. Malheureusement, beaucoup de petites associations ont dû suspendre leurs activités et certains de leurs bénévoles nous proposent du coup leur aide. Ainsi mutualisons-nous nos forces au service du terrain.

Il y a un élan de solidarité extraordinaire et des témoignages bouleversant des gens de la rue : « Ce virus ne fait aucune distinction de couleur de peau, de culture, de niveau de revenu », « Restons joyeux et soyons dans l’espérance » et « Pourvu que l’après soit différent », peut-on tendre ici et là.

Dans ce contexte exceptionnel de crise, renforçons les liens de solidarité et d’entraide. Gardons aussi confiance en la vie et n’oublions pas la prière car pour beaucoup l’action se nourrit de celle-ci, elle qui a une force insoupçonnée. »

Marc Beauvais
Président du Secours catholique Ariège-Garonne