La musique peut-elle favoriser la foi ?

La musique peut-elle favoriser la foi ?

 

Si l’on en croit le pape émérite Benoît XVI, la réponse est « oui ». Il cite le chemin de conversion de saint Augustin, touché par le chant des psaumes, entendu à Milan : « Quand me viennent à l’esprit les larmes que les chants d’Église m’arrachèrent aux débuts de ma foi reconquise, et l’émotion que suscite encore aujourd’hui (…) les paroles chantées (…) avec une voix limpide (…), je reconnais à nouveau la grande utilité de cette pratique » (Confessions, livre 10). Et Benoît XVI d’en déduire : « La musique et le chant aident à faire descendre la Parole de Dieu au plus profond du cœur et à prier ».

De plus, reprenant la Constitution sur la Liturgie (Sacrosanctum Concilium publiée en 1963), le cardinal Ratzinger précisait que « le chant sacré, uni aux paroles, est une partie nécessaire et intégrante de la liturgie solennelle », parce qu’il « coopère, par sa beauté, à nourrir et à exprimer la foi  », et donc à « la gloire de Dieu et la sanctification des fidèles, qui sont la fin de la musique sacrée ».

... et la foi peut-elle nourrir la musique ?

Oui, nombreux sont les chants composés à partir de psaumes, de phrases d’évangile, de réflexions de saints. Fredonnons ces paroles de sainte Thérèse : « Aimer c’est tout donner et se donner soi-même  » (PN 54), ou « Allez par toute la terre annoncer l’Évangile aux nations », paroles tirées de l’évangile de saint Marc (16, 15), ou encore le psaume 22 qui a inspiré ce refrain : « le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer ».

Ainsi, en adaptant une mélodie à un texte saint, la musique devient un outil d’évangélisation, un moyen de faire connaître la Parole de Dieu, d’imprégner le cœur et l’intelligence. Qui ne connaît le récit du poète français Paul Claudel ? Il s’est converti en écoutant le chant du Magnificat durant les vêpres de Noël à Notre-Dame de Paris. Combien de personnes sont-elle touchées en écoutant de la musique sacrée, combien sont « ceux qui se sont sentis à nouveau attirés vers Dieu par la beauté de la musique liturgique ?  » s’est demandé le pape Benoît XVI. Ce dernier affirme que la musique sacrée « peut avoir et a de fait une tâche considérable, pour favoriser la redécouverte de Dieu », ainsi qu’une « adhésion renouvelée au message chrétien et aux mystères de la foi  ».

Certains ne seront pas encore convaincus de ces liens entre la foi et la musique, arguant peut-être qu’ils ne sont pas musiciens ou qu’ils ne chantent pas. Mais chanter, n’est-ce pas prier deux fois ? Plus exactement, comme l’a dit saint Augustin : « Qui bien chante, deux fois prie ». Paul VI explique très bien cette expression : « L’intensité que la prière acquiert dans le chant augmente son ardeur et multiplie son efficacité. » La prière serait donc encore plus efficace et fervente si elle était chantée ? A bon entendeur…

Mais alors, comment bien chanter si l’on n’est pas un spécialiste, voire si l’on chante faux ? Certes, nous savons que la perfection n’est pas de ce monde et que « Tu n’as pas besoin de notre louange, [Seigneur] et pourtant c’est toi qui nous inspires de te rendre grâce : nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es, mais ils nous rapprochent de toi !  » (4ème préface commune du missel).
Ce n’est donc pas la bonne note qui ferait la différence, mais la disponibilité du cœur. Ainsi, nous ne savons pas si Jésus chantait juste mais il était ajusté à la volonté du Père. Par exemple, lorsqu’il chantait un psaume, sa voix était totalement unie à sa prière. Alors l’important, semble t-il, est de s’appliquer à laisser les paroles pénétrer notre âme et, grâce au chant, à faire monter vers Dieu la prière, « puisque le chant est en effet le signe de l’allégresse du cœur » (cf. Ac 2, 46).

 


La musique, mémoire commune

La musique liturgique est un vecteur qui fait le lien entre les générations. Combien de fois, grands et petits, se sont-ils rassemblés à la messe de minuit et ont entonné des cantiques tels que "Les anges dans nos campagnes" ou "Douce nuit" ?

Cette mémoire commune d’un peuple est essentielle pour s’enraciner. En outre, Caroline Bouttier, art-thérapeute en maison de retraite à Toulouse ajoute : « Quand nous avons chanté le Gloria à Noël, les personnes âgées ont retrouvé spontanément les paroles. Cela a renforcé leur confiance en elles et leur a été très gratifiant. Mais aussi, le lien entre elles en a été profondément renforcé. » Le chant dilate donc le cœur, il réveille la mémoire, il donne un moyen d’expression différent, surtout quand les personnes âgées ne parlent plus. « Eh bien chantez maintenant !  »