Avec un handicap, disciples missionnaires à Lourdes

Avec la Pastorale des Personnes Handicapées

Avec un handicap, disciples missionnaires à Lourdes

En septembre 2016, « Avec un handicap, Passionnément vivant » a rassemblé à Lourdes des personnes en situation de divers handicaps venues de toute la France. Un petit groupe « Passionnément vivants » a continué de se retrouver régulièrement à Toulouse et ailleurs avec la pastorale des personnes handicapées (PPH). Et puis on a eu envie d’y revenir ! Dans les diocèses de Toulouse, d’Albi et de Rodez, ces petits groupes ont décidé d’organiser une rencontre provinciale. Chacun a réfléchi à ce qu’il voulait y vivre et ensemble, nous avons bâti un week-end intitulé cette fois : « Avec un handicap, Disciples missionnaires... »

En route !

Ainsi, du vendredi 28 au dimanche 30 septembre, nous étions en route pour trois jours de rencontre à Lourdes. Deux bus étaient prévus au départ de Rodez, via Albi. Un bus adapté devait arriver à Toulouse à partir de 15h. Nous nous étions donné rendez-vous à midi à la maison diocésaine pour avoir le temps de faire connaissance entre nous : en effet, nous étions plus de cent personnes, dont une vingtaine au départ de Toulouse et un tiers d’accompagnants.

Dès 11h certains sont déjà là à cause des contraintes de mobibus.
À 15h30, on nous prévient que le bus partira seulement d’Albi à cause de difficultés à installer un fauteuil roulant à l’intérieur.

Lorsque le bus est enfin arrivé, il était temps de faire une pause pour ceux qui y étaient depuis déjà un moment. Pour nous, la plate forme du bus s’abaisse sous nos applaudissements et embarque la première personne en fauteuil. Mais lorsqu’elle tente de s’abaisser à nouveau pour le fauteuil suivant, elle reste bloquée à mi-chemin. Le chauffeur n’a pas été formé à cette technologie et tout le monde s’en mêle, en vain.

Nous devons donc attendre une assistance dépannage. Le temps passe.
Ceux qui ont les moyens d’être descendus du bus s’estiment chanceux, et les toulousains qui n’ont pas encore pu y monter aussi ! Françoise part avec sa guitare animer des temps de prière et des chants à l’église du Christ-Roi. Nous ressortons les restes de nos repas pour ceux qui commencent à avoir faim. Des personnes avec un handicap sensoriel apaisent d’autres avec un handicap psychique, des personnes avec un handicap mental promènent d’autres avec un handicap moteur. Sur le parking la vie solidaire s’organise naturellement et patiemment. Et notre patience va être à toutes épreuves !

L’assistance dépannage arrive sous une haie accueillante. Mais le technicien ne parvient pas à réparer la plate-forme. Nous essayons d’organiser un repas. Le responsable de la maison diocésaine est prêt à nous accueillir mais ne peut rien préparer : Il y a 80 personnes à dîner et pas d’électricité depuis le matin dans toute la maison. Dans le bus la situation devient dramatique pour ceux qui y sont bloqués : des traitements médicaux sont en attente, des protections urinaires pleines, et des membres très endoloris.

Finalement on nous annonce un nouveau bus sous peu, et pas le temps de manger. En pratique, il lui faudra encore un moment pour arriver. Et lorsqu’il arrive, la plate-forme du précédent se met à fonctionner ! Qu’importe, le protocole demande maintenant à changer de bus, ce qui n’est pas si simple. Et le nouveau bus n’a pas la place en soute pour nos affaires. Au pied levé, Alain charge sa voiture de tous les bagages toulousains et 3 fauteuils roulants : il nous suivra en voiture.

Nous partons enfin… il est plus de 21h. Pas une personne n’a râlé ou ne s’est plainte, les chants de louange n’ont pas cessé. Pour ma part, je mesure combien la vie quotidienne d’une personnes handicapée est dépendante de la technique et de la bonne volonté de chacun, et combien il doit s’armer de patience.

Mais l’arrivée à Lourdes est déjà miraculeuse : des bénévoles de la restauration sont restées exprès pour nous, pour nous servir un repas chaud ! Tout le monde s’affaire pour nous accueillir. Parmi eux, l’évêque de Rodez participe au service à table et s’enquiert de tout ce qui est possible pour aider à nourrir ceux qui ont besoin d’aide. Les chambres sont prêtes, chacun tend la main à son voisin dans la mesure de ses possibilités vers une nuit bien méritée : il est une heure du matin… La rencontre n’a pas officiellement commencé mais nous y sommes au cœur.

Le week-end

Nous n’avons pas eu la veillée prévue vendredi soir, mais nous décidons de continuer le programme tel qu’il est organisé : petit déjeuner à 7h30, la nuit a été courte.

Samedi matin, Monseigneur Fontlupt vient échanger autour de la phrase d’invitation au week-end : « Confiance, lève-toi, Il t’appelle ». Son discours est simple mais percutant. L’échange qui suit est étonnant. Le niveau de compréhension et d’expression de chacun est particulièrement disparate, et il faut pouvoir entendre et répondre à tous. Les interpellations vont bien au-delà du discours de l’évêque, et chacun s’interroge sur sa place en Église, sur celle qu’on lui donne (ou non), celle qu’il voudrait prendre ou pouvoir prendre.

Après le déjeuner, temps libre ! Quelques-uns ont vraiment besoin de repos mais la plupart des pèlerins rejoindront les propositions des prêtres avec nous : Frédéric préside une messe à la chapelle de l’accueil Notre-Dame, et Bernard anime le chemin de croix.

L’après-midi chacun a pu suivre trois ou quatre ateliers parmi les huit proposés :

- photo-langage (ou objet-langage) sur la confiance : en soi, en l’autre, en Dieu
- témoignages « sport et handicap », « couple et handicap », et « vocation / vie spirituelle et handicap » par Frédéric et Carolina
- expression graphique : fresque avec l’OCH (Office Chrétien des personnes Handicapées) de Lourdes, et Léon
- FALC (Facile à Lire et à Comprendre), Michèle est venue pour la journée de Toulouse faire découvrir cette norme pour traduire le texte biblique de Bartimée
- clowneries
- la parole de Dieu de tout son corps, chantée et gestuée
- débats à partir de clips vidéo « provoc » sur le handicap
- préparation de la messe dominicale : compréhension des textes, écriture de la prière universelle…

Après le dîner, nous participons à la procession mariale avec un passage à la grotte pour ceux qui le souhaitent. Le reste du temps est organisé à l’intérieur de l’accueil Notre-Dame, où deux étages nous sont entièrement réservés ; c’est un vrai luxe car les déplacements sont compliqués !

Le dimanche matin est plus tranquille et centré sur la célébration eucharistique. Après le déjeuner, grande séance photos et souvenirs. Jean-Claude joue « Ce n’est qu’un au revoir » avec son harmonica, et on parle déjà d’une autre rencontre provinciale à préparer (pour dans deux ans ?).
Nous repartons en début d’après-midi en bus. Le retour sera beaucoup plus rapide que l’aller, mais on le regrette presque. L’arrivée à la maison diocésaine nous permet un dernier goûter ensemble, on trinque aux nouvelles amitiés et nouveaux projets.

Et aux disciples missionnaires toulousains tous bien (re)motivés dans leur mission : Carolina, Laure, Mathilde, Gisèle, Jocelyne, Monique, Maria, Elisabeth, Mariette, Odette, Christiane, Marie, Valérie, Christelle
Alain, Ulrich, Christian, Léon, Jean-Claude et Frédéric !

 


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Actualité publiée le 2 octobre 2018