"Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique"

Conférence des Évêques de France

"Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique"

À la veille de cette année électorale importante avec l’élection présidentielle et les élections législatives, les Évêques de France rapellent sept grands enjeux pour notre avenir, enracinés dans la tradition chrétienne et les textes publiés par le pape François.

 

  •  Démocratie et société de violence

La pratique démocratique du débat doit permettre de confronter des convictions et un choix pacifique entre différents projets de société. Mais lorsque discrédit, impuissance, intérêts particuliers, groupes de pression, jeu médiathique s’installent, ils forcent les responsables politiques à satisfaire leurs demandes. 

Pour progresser, nous devons promouvoir l’exercice du droit de vote en développant dans la société un véritable débat qui échappe aux postures, aux « petites phrases » et aux ambitions personnelles.

Pour favoriser un véritable débat national, la campagne électorale à venir devra éviter les risques de crispations identitaires tout en faisant droit au fait national : nos racines, notre culture, notre patrie avec son histoire, ses responsabilités et ses atouts, la place et l’importance du fait religieux et des religions.

 

  • Pour un projet de société

Le débat doit être au service du projet de société que nous voulons soutenir et promouvoir, un projet au chœur duquel se trouve l’être humain :

  • pour une économie d’un partage plus équitable du travail et des fruits du travail,
  • dans le respect de toute vie de son commencement à sa fin prenant ainsi en compte les plus faibles de ses membres : ceux qui sont laissés au bord du chemin de la prospérité, les personnes âgées, malades, ou handicapées… 

 

  • Vers un pacte éducatif

Les progrès de la pratique démocratique vers une vie sociale paisible et plus fraternelle passent par une meilleure qualité de l’éducation des jeunes à travers :

  • une qualité de la scolarisation trop souvent soumise à des réformes
  • et une confiance à rétablir entre les familles et l’école.

Pour un véritable pacte éducatif qui doit unir les familles et l’école, sans concurrence, ni méfiance.

La stabilité de la famille qui doit pouvoir exercer ses responsabilités, ne doit pas être affaiblie. Les liens entre l’éclatement des familles, l’échec scolaire, la marginalisation des jeunes, parfois jusqu’à la délinquance, sont avérés, même si nous ne souhaitons pas le reconnaître. On ne peut pas espérer faire progresser la cohésion sociale en négligeant son tissu nourricier qui est la cohésion familiale. Une famille unie est une ressource pour l’avenir et une espérance pour le bien de tous.

 

  • Solidarité

Une société vivante repose sur la recherche du bien commun et la mise en œuvre de moyens de solidarité efficace. C’est une des grandes responsabilités de l’État d’organiser cette solidarité, surtout dans les périodes de grandes difficultés économiques. 

L’écart entre ceux qui peuvent compter sur la sécurité et ceux qui sont plongés dans la précarité ne cesse de s’accroître. De plus en plus de nos concitoyens ne peuvent plus bénéficier du droit au travail. Il est illusoire de penser que des indemnités financières peuvent compenser cette carence. La défense des droits acquis se substitue à la volonté de partager et d’intégrer de nouveaux bénéficiaires.

L’État doit gérer positivement la tension entre un libéralisme sans contrôle et la sauvegarde des mécanismes de protection sociale (assurance maladie, retraite, chômage, etc.). 

 

  • Migrants

Dans une époque où les distances et les frontières s’effacent devant la mondialisation économique et culturelle, notre volonté de solidarité ne peut pas s’enfermer dans le cadre restreint de notre pays. Les événements dramatiques qui frappent les populations du Moyen-Orient ou d’Afrique jettent sur les routes et sur la mer des centaines de milliers de réfugiés, véritables naufragés humains. Quand la Jordanie et le Liban reçoivent des millions de réfugiés, comment notre pays pourrait-il reculer devant la perspective d’accueillir et d’intégrer quelques dizaines de milliers de ces victimes ?

Mais plus largement nous devons nous interroger sur la qualité de notre accueil depuis des années. Est-il aujourd’hui tolérable que des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants vivent sur notre territoire dans des conditions trop souvent inhumaines ?

 

  • Europe

La France, à elle seule, ne peut solutionner ces situations dramatiques. Nous ne pouvons contribuer à les soulager que dans le cadre de la solidarité européenne. 

Le projet européen ne peut se poursuivre ni se développer sans une véritable adhésion des peuples d’Europe. Cette adhésion suppose de respecter davantage le fait historique et culturel des nations qui composent le continent. Une véritable pratique de la subsidiarité, telle qu’elle est inscrite dans ses textes fondateurs, serait une nouvelle chance pour l’Europe.

 

  • Écologie

La Cop21 nous a sensibilisé à notre responsabilité commune envers l’humanité. Le pape François nous a rappelé gravement cette responsabilité dans l’Encyclique Laudato si’. L’enjeu écologique n’est pas simplement une vision naturaliste du monde, c’est une prise de conscience morale des risques de déséquilibre climatiques et économiques que court la planète. Responsables de la « maison commune », il nous faut mieux tenir compte des dégâts que provoque une société tout entière fondée sur l’augmentation de la consommation. Nous avons la charge d’un monde qui a ses limites et nous ne pouvons pas l’épuiser comme s’il était sans limites. 

Le risque principal serait de renoncer à lutter pour l’avenir et de céder à la tentation du fatalisme. Chacun et chacune est engagé à exercer son discernement et sa responsabilité pour le bien de tous.

 

Pour celles et ceux qui ont foi en Dieu et qui vivent dans la communion au Christ,
les difficultés que nous rencontrons ne sont pas un appel au renoncement.
Au contraire, elles nous acculent à investir toutes nos capacités
pour construire une société plus juste et plus respectueuse de chacun.

Cela s’appelle l’espérance.

 

 

 

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Actualité publiée le 9 novembre 2016

 

 

 

 

7 grands enjeux
pour la démocratie de notre pays :

 

Démocratie et société de violence

Pour un projet de société

Vers un pacte éducatif

Solidarité

Migrants

 Europe

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