De retour d'Éthiopie : témoignage du Père Hervé Gaignard !

De retour d’Éthiopie : témoignage du Père Hervé Gaignard !

En 2022, deux frères capucins se présentaient à la curie de la paroisse de Bagnères de Luchon pour y rencontrer l’abbé Arnaud Richard. " Nous venons vous parler du frère abba Pascal ! " lui dirent-ils. " Et qui c’est celui-là ? ", répondait le jeune curé.

Notre séjour en Éthiopie est donc le fruit d’une rencontre entre une mémoire « vive » et une mémoire « oubliée ». Il y a la mémoire vive des frères capucins d’Éthiopie et des jeunes communautés chrétiennes qui se souviennent de celui qui – le premier - a porté l’Évangile dans cette petite région du sud de l’Éthiopie : le Wolayita. Il y a la mémoire « oubliée » de la communauté paroissiale de Luchon qui ne savait pas qu’elle avait porté la vocation d’un missionnaire capucin exceptionnel : le frère abba Pascal de Luchon, né en 1874, décédé à Berberati (Centre-Afrique) en 1950.

Après cette rencontre, il est donc décidé qu’une petite délégation du diocèse de Toulouse se rendrait sur les lieux de mission du frère Abba Pascal, accompagnée du frère Aklilu de la maison générale et du frère Dominique de la province de France et de Belgique. Nous voilà donc partis pour cette aventure : Barbara, Dominique et moi-même avec le frère Aklilu et le frère Gabriel ; ces deux derniers étant originaire de Wolayita.

Le principe qui a structuré notre voyage était simple : visiter les missions fondées par le frère Abba Pascal et quelques autres de la province des Capucins d’Éthiopie. Embebir, Hosanna, Wassera, Boditti et Dubbo pour les principaux lieux de mémoire du frère Pascal et les lieux de formation pour les regardants, les novices et les séminaristes pour les frères capucins. Nous avons donc surtout rencontré les frères capucins et les communautés de religieuses qui se trouvent à leurs côtés. Des communautés fraternelles, marquées par une certaine simplicité de vie et attelées à la tâche pastorale : le service des communautés paroissiales dans leur croissance humaine, spirituelle et missionnaire : la formation des catéchistes - responsables de communautés - la célébration des sacrements, l’éducation des enfants et des jeunes (un véritable défi où près de 40 % de la population est en âge d’être à l’école).

Ces lieux sont à la fois lieux de mémoire et lieux de fécondité.

- Lieux de mémoire de l’apostolat du frère Pascal : des écoles portent son nom et en bien des endroits sa figure apparaît – telle une icône - sur des vitraux ou des peintures murales. Ses traits familiers et presque codifiés permettent de le reconnaître immédiatement : le visage penché, les lunettes, la barbe, la douceur du visage, etc. Parmi ces lieux, la mission de Wassera est probablement où l’émotion a été la plus forte. Car la communauté a pris soin de conserver l’endroit où fut construite la première église, par le frère Pascal.

- Lieux de fécondité, car les missions fondées par ce frère sont bien vivantes. Le Woyalita est probablement la région où les catholiques sont les plus nombreux, dans un pays où ils ne constituent qu’un pour cent de la population. Les écoles des missions sont parmi les meilleures de pays malgré les défis qu’elles doivent affronter : le coût de la scolarité, l’accessibilité au numérique … Dans la plupart des missions, se trouvent aussi des dispensaires de santé souvent spécialisés comme la « clinique des pieds » de la mission Saint-François, près de Soddo

Ce court séjour en Éthiopie a donc été l’occasion de rendre grâce pour l’œuvre de Dieu dont une des principales pierres de fondation a été le frère Pascal de Luchon. Elle inaugure, nous l’espérons, de futurs échanges avec le diocèse de Toulouse. Ces missions portées par les Capucins pourraient-être aussi des lieux d’inspiration pour notre pastorale en France. Car leur situation minoritaire n’est pas sans analogies avec la nôtre. Certains défis nous sont communs dans un contexte et une histoire différente : le dialogue œcuménique (avec les églises de la réforme, l’Église Orthodoxe), le dialogue avec les musulmans, les défis sociaux (l’éducation et la santé), le service de l’unité et la paix dans une société divisée.

La mission n’est donc pas seulement une question de nombre, mais la manière dont une communauté rayonne de la foi en Jésus-Christ, au cœur d’une société : sa manière de célébrer, sa manière d’annoncer et de se mettre au service de la vie de tous par le soin apporté aux enfants, aux jeunes, aux malades et aux petits.

 

Père Hervé Gaignard
Vicaire général

 


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Actualité publiée le 12 mars 2024