Au revoir, Mgr Le Gall !

Malgré le froid, la pluie, la nouvelle vague pandémique et les conditions sanitaires exigeantes, les catholiques du diocèse se sont déplacés nombreux, hier, pour venir saluer une dernière fois l’archevêque de Toulouse, Monseigneur Robert Le Gall. À quelques jours de son départ pour une retraite bien méritée, et avant l’installation de son successeur, Mgr Guy de Kerimel, une messe d’action de grâce a été célébrée pour lui dimanche 9 janvier, au jour du baptême du Christ.

Un fois la longue procession d’entrée de séminaristes, prêtres, diacres du diocèse suivie de huit évêques venus de la province de Toulouse installée dans les stalles et dans le chœur de la cathédrale, une fois salués les personnalités politiques, le préfet, le maire de la ville, un général de gendarmerie, et les représentants d’autres confessions placés dans les premiers rangs, c’est très ému que Mgr Le Gall a gravi les quelques marches avant de prendre place sur la cathèdre.

Face à lui, dans l’assemblée, des membres des services diocésains, des laïcs bénévoles, des fidèles des paroisses, des membres du chœur diocésain, des jeunes et des moins jeunes, des communautés, des mouvements, des familles et quelques religieux dispersés dans cette grande assemblée... La cathédrale était bien pleine !

 

Un épiscopat jalonné

L’ancien chancelier du diocèse, le père Christian Teysseyre a entamé la célébration en évoquant les "motifs d’action de grâce" au nom de l’Église diocésaine pour rendre grâce — puisque c’était là la finalité de cette célébration. Dans un long discours, il a ainsi rappelé les différentes étapes que l’Église a connu avec Mgr Le Gall, depuis sa nomination jusqu’au moment de lui faire ses adieux et de le remercier. Également des souvenirs de son action pastorale, des liens tissés avec des personnes civiles ou administratives, et tout le travail accompli.

Parmi les moments clés qui ont jalonné ce chemin diocésain, ont été évoqués ceux de l’année 2013 avec l’éléction du pape François, le grand rassemblement Diaconia appelant à un regard nouveau sur la place et la parole des pauvres, les changements sociétaux, la tragédie de Lampédusa... Plus tard, on a connu Ecclesia 31, une attention particulière portée aux jeunes et à la démarche catéchuménale, en 2015 l’Année de la Miséricorde, le projet "Territoire & Mission" qui a conduit à des aménagements territoriaux, l’appel à susciter des fraternités missionnaires dès 2018, la réorganisation des services diocésains dans une dynamique missionnaire, l’ICT, la création du site Mgr Garrone, le travail accompli sur la liturgie, celui pour l’unité des chrétiens et le judaïsme, les relations interreligieuses (avec la Charte de la Fraternité signée en 2012), celui élaboré avec la diaconie de la Beauté..., sans oublier la charge d’archevêque métropolitain avec la province écclésiastique.

Durant cet épiscopat scindé en deux périodes égales, Mgr Le Gall aura été épaulé par deux vicaires généraux. Bien sûr, il y a aussi eu tous les moments liés à une vie diocésaine : des ordinations, dont celles d’évêques pour la province, de prêtres et de diacres, des confirmations, de très nombreux baptêmes d’adultes (de plus en plus demandés), toute la vie sacramentelle, des prédications... sans oublier les épreuves, comme pour chaque pasteur, celle de l’Église, celle de ses membres. 

Quinze années durant lesquelles les prêtres ont eu à accueillir Mgr Le Gall, à se faire à ses méthodes, à sa pastorale, dans un monde si fluctuant... Tout le monde gardera en mémoire ce qui caractérise le mieux l’archevêque : la qualité des diverses relations qu’il a su tisser avec le peuple de Dieu (lors de visites pastorales, de rassemblements, de célébrations...). Venu d’Auvergne, il a montré son attachement à sa ville, ses habitants, s’attacher aux saints locaux du diocèse, se familiariser à ses hauts-lieux de pèlerinage (St-Bertrand de Comminges, Pibrac, l’abbaye du Désert, Avignonet-Lauragais....). Et puisqu’à cette heure l’Église s’engage dans une démarche synodale, le père Teysseyre a conclu sur "l’espérance fortifiée" : l’Église est invitée à relire ce passé pour s’ouvrir, à développer de nouveaux chemins, afin de rassembler plus largement encore.

 

Une émotion palpable de toutes parts

En réponse, Mgr Le Gall a introduit la célébration dans l’action de grâce du jour où il y a tout juste 20 ans, un 6 janvier 2002, il était ordonné évêque. Il a remercié les évêques de la province avec lesquels il a collaboré, les prêtres et les diacres auprès desquels il dit "avoir beaucoup appris" : "Comme père abbé, j’ai appris des moines ; comme évêque, j’ai appris de vous". Puis il a évoqué son amitié nouée avec les responsables d’autres religions avec lesquels il a travaillé à construire un dialogue authentique. À plusieurs reprises, il a aussi remercié les élus avec qui il œuvré dans un travail prometteur, même dans les difficultés, pour "faire grandir le respect et la paix", et les a également remerciés de leur amitié. On a senti, chez lui et les ministres ordonnés présents autour, une vive émotion.

Comme l’évangile de saint Luc relatait l’apparition de l’Esprit Saint, dans son homélie Mgr Le Gall a fait référence à l’une de ses tantes religieuse qui l’invitait enfant à le prier encore davantage. À son tour, il nous a exhortés à rester "dans l’unité du Saint Esprit" : entre nous, et dans l’unité personnelle avec l’Esprit Saint, capable de nous unir les uns aux autres, à être des hommes et des femmes de bien, à diffuser le bien, le bon et le beau selon la formule chère à son cœur : "Voir le bien, dire le bien, faire le bien", largement reprise par les services diocésains.

Tout comme le diocèse et la ville de Toulouse auxquels il est attaché, "Toulouse vivante et parfois violente !" dira-t-il, l’évêque a rendu grâce à tous ces gens qui, à chaque messe depuis quinze ans, prient spécifiquement pour lui. En retour, il a assuré prier lui aussi "en profondeur, et à chaque messe", pour eux depuis tout ce temps et nous a invité à continuer. Sans cacher qu’il a vécu à Toulouse des moments forts, parfois douloureux, il a aussi évoqué les turbulences traversées par l’Église. Et lorsqu’on lui demande sa joie d’évêque, c’est sans hésiter qu’il répond "les relations" : sa relation à Dieu dans la prière continuelle, également dans ses diverses rencontres avec les communautés, les personnes. C’est encore avec émotion qu’il s’est rappelé ces paroles adressées à lui au jour de son installation : "Aime les gens !" lui avait conseillé son prédécesseur. Et c’est bien ce qu’il aura fait, pendant ces quinze dernières années. Ne lui reste plus "qu’à caresser le ciel" !

Rendons grâce pour ces années
et pour le service de notre évêque !

 

 

 


Actualité publiée le 10 janvier 2022