Et de l’asphalte parisien monta soudain l’encens des prières ...

par Jean-Michel Castaing, auteur

Et de l’asphalte parisien monta soudain l’encens des prières ...

Parmi toutes les images qui resteront gravées à jamais dans nos mémoires à l’occasion du terrible incendie de Notre-Dame de Paris, aucunes ne m’ont davantage touché que celles qui représentent des jeunes gens en prière, à genoux sur le pavé parisien, psalmodiant des « Notre Père » et des « Je vous salue Marie  » devant le spectacle de désolation de Notre-Dame en proie aux flammes.

 Se mettre à genoux, premier geste du chrétien

Au travers de ces jeunes (et ces moins jeunes), implorant la Vierge de sauver la première église de notre pays, sans souci du qu’en-dira-t-on ni des règles implicites de notre sacro-sainte laïcité, se manifestait le plus beau visage de notre Église. Car être chrétien, cela consiste d’abord par s’agenouiller, avant d’entreprendre de grandes et généreuses actions.
Dans ces prières de rue spontanées, comme poussées par l’urgence et une espérance située au-delà du désespoir, se discernait la quintessence de la foi de notre pays. Cette foi grâce à laquelle Jésus-Christ reviendra un jour régner dans les esprits et les cœurs des Français. Quand ? Ne lisant pas dans le marc de café, je ne puis donner aucune date à cette renaissance. En revanche, ce que je sais, c’est que ce retour à Jésus, notre pays en sera redevable pour une grande part aux prières des chrétiens à genoux sur l’asphalte parisien, et à leurs semblables.

 Solidarité intergénérationnelle

C’est ainsi que l’incendie de Notre-Dame nous fait toucher du doigt la vaste chaîne de solidarité qui relie les chrétiens entre eux au long des âges. En effet, pour les catholiques qui récitaient des Ave Maria devant le spectacle terrifiant de l’incendie de la cathédrale parisienne, Notre-Dame représente davantage que l’église dans laquelle ils venaient prier lors des occasions solennelles. En elle, ils voient la mémoire faite pierre du legs inestimable de la foi que nous ont laissé nos devanciers. Et à leur tour, par leur ferveur et leurs prières, ces orants de l’urgence sont devenus des passeurs qui contribuent à transmettre l’héritage vivant de l’amour de Jésus-Christ.

 Regarder l’avenir

« Là où croît le péril, là aussi grandit ce qui sauve  » disait le poète allemand Hölderlin. Aucune image ne démontrait mieux cette vérité que celle de ces chrétiens à genoux devant Notre-Dame en feu. Car ce qui sauvera la cathédrale parisienne, ce ne sont pas seulement les dons en argent, ni le savoir-faire des artisans qui s’attelleront à sa reconstruction. Ce sont surtout les pierres vivantes que nous sommes, en tant que disciples et amis de Jésus-Christ, ainsi que le rappelait Monseigneur Aupetit.
Nul doute que l’encens des prières qui monta vers la Vierge et Dieu n’ait sauvé, avec les pompiers de Paris, la prestigieuse église ce 15 avril au soir. Mais plus que le bâtiment de pierre, plus que le chef-d’œuvre gothique, il s’agit surtout de renouer avec Jésus-Christ, si nous voulons que la reconstruction de Notre-Dame ne soit pas seulement le sauvetage des bijoux de famille de la maison France.
La foi n’est pas un patrimoine à gérer en bon père de famille, ni un placement à faire fructifier pour notre gratification personnelle. La foi est une aventure, un amour, une amitié. C’est aussi cela que signifiaient ces prières improvisées dans la nuit parisienne, embrasée par les lueurs de l’incendie. Ne regardons pas seulement le passé, aussi prestigieux qu’il ait été. Tournons nos regards vers l’avenir. Un avenir écrit avec le cœur et la foi. Cette foi qui, dépassant la nostalgie, renouera avec l’élan qui fut celui des premiers bâtisseurs de Notre-Dame. L’amour ne regarde pas longtemps en arrière.

Jean-Michel Castaing,
Auteur

 


Actualité publiée le 29 avril 2019