Homélie d'ordination sacerdotale de Aymar de Langautier et d'ordination diaconale de Jesus-Miguel Ceretto

Dimanche 28 juin 2020

Homélie d’ordination sacerdotale de Aymar de Langautier et d’ordination diaconale de Jesus-Miguel Ceretto

ORDINATION SACERDOTALE DE AYMAR DE LANGAUTIER ET ORDINATION DIACONALE DE JESUS-MIGUEL CERETTO
À LA CATHÉDRALE SAINT-ÉTIENNE DE TOULOUSE
LE DIMANCHE 28 JUIN 2020
EN LA VIGILE DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL

 

« Regarde-nous ! » Nous venons de l’entendre, frères et sœurs : c’est, au Temple de Jérusalem, la parole de Pierre au boiteux de la Belle Porte. Est-ce à dire que Pierre invite l’infirme de naissance à porter son regard et sa confiance vers lui-même et vers Jean, l’autre Apôtre, le disciple que Jésus aimait ? Dans le ministère ordonné qui est le nôtre, que donnons-nous à voir, qui donnons-nous à voir ?

« Regarde-nous ! » Pierre et Jean montrent d’abord leur pauvreté personnelle. « De l’argent et de l’or, je n’en ai pas », continue Pierre qui garde en sa conscience son triple reniement au cours de la Passion de son Maître. « Constate, disent-ils à l’homme perclus, notre indigence à nous aussi ! Ce n’est pas nous-mêmes que nous annonçons ; les moyens que nous mettons en œuvre ne sont pas les nôtres : ils nous dépassent ».

« De l’argent et de l’or, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche. » Évêques, prêtres et diacres, nous ne parlons pas de notre propre fonds, nous n’agissons pas pour notre compte. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? écrit saint Paul aux Corinthiens. As-tu quelque chose sans l’avoir reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te vanter comme si tu ne l’avais pas reçu » (1 Co 4, 7). Pierre et Paul ont fait l’un et l’autre l’expérience cruciale de leur faiblesse. Les ordinations ont lieu le plus souvent au jour de leur fête, car ils nous rappellent à chacun de nous qu’il n’y a pas de fondement en dehors de Jésus Christ, notre Sauveur à tous. C’est sa grâce qui agit en nous, qui passe à travers nous. Je le dirai tout à l’heure : « Seigneur, notre Dieu, écoute notre prière : c’est toi-même qui agis dans les sacrements dont nous avons reçu la charge ». Oui, « sois avec nous, Dieu tout-puissant, nous t’en prions, sois avec nous. »

Nous sommes envoyés en mission par le Père, avec les moyens de nature et de grâce qui nous sont donnés. Les disciples que nous sommes ne sont pas au-dessus du Maître. En effet, Jésus n’a cessé de le redire, notamment après la guérison du paralysé de la piscine de Bethzatha : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. Il lui montrera des œuvres plus grandes encore » (Jn 5, 19-20). Dans les discours après la Cène, Jésus nous donne cette assurance : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père » (14, 12). Oui, chers frères Aymar et Jesus-Miguel, donnons ce que nous recevons sans jamais oublier de dire d’abord et toujours : « Au nom de Jésus Christ ».

Au nom de Jésus et par la force de son Esprit. Si Jésus ne dit et ne fait que ce que le Père lui montre, missionné par lui, l’Esprit Saint n’a pas d’autre façon d’intervenir auprès de nous et en nous : « En effet, nous assure Jésus, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même, mais ce qu’il aura entendu, il le dira. L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (16, 13.15). Le Père et le Fils nous envoient leur Esprit pour que nous parlions et agissions en leur nom, disciples et missionnaires de leur dessein d’amour et de salut.

« Regarde-nous ! » Tu as bien Pierre et Jean devant toi, cher infirme ; ils sont aussi infirmes que toi en eux-mêmes, mais au nom de Jésus ils sont capables d’agir avec la force et la tendresse de Dieu, en serviteurs de ton pouvoir d’amour et de don.

« Seigneur, voici devant toi Aymar et Jesus-Miguel, conscients comme Pierre et Jean, comme Pierre et Paul, de leur faiblesse foncière, mais confiants dans ta puissance de miséricorde ! Tu les regardes, tu les aimes et tu nous invites à les regarder dans ta lumière, au moment où ils vont devenir les ministres de ta grâce. Comme Pierre en sa triple confession d’amour que nous venons d’entendre, ils t’aiment, ils répondent à ton amour et ils veulent, à ta suite et par la grâce de l’Esprit, recueillir et répandre cet amour. Qu’ils ne se regardent pas eux-mêmes, qu’ils ne se donnent pas en spectacle, mais qu’ils soient, en leur personne renouvelée, ta présence salvifique, aimante, comme tu l’as dit de toi-même : Celui qui m’a vu a vu le Père ! »

« Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime ! » Regarde-moi, fais que je ne cesse de te regarder d’un regard d’amour, pour me revêtir de ta lumière, me tourner chaque jour vers toi, pour tourner les regards de tous vers toi, qui nous conduis vers le Père en la douce force de ton Esprit.

Amen.