Homélie de l'ordination presbytérale de Jean-Baptiste Mouillard

Homélie de l’ordination presbytérale de Jean-Baptiste Mouillard

ORDINATION PRESBYTÉRALE DE JEAN-BAPTISTE MOUILLARD
ORDINATION DIACONALE DE PASCAL DESBOIS

EN LA CATHÉDRALE SAINT-ÉTIENNE DE TOULOUSE
LE DIMANCHE GAUDETE, 17 DÉCEMBRE 2017

 

Jean-Baptiste et Pascal ! Avec vos deux prénoms, vous résumez un peu tout le mystère de notre foi. Jean Baptiste est au cœur de l’évangile que nous venons d’entendre ; il est un des saints de l’Avent, tout comme le prophète Isaïe, Anne et Joachim, Élisabeth et Zacharie, avec Marie et Joseph. Nous sommes en bonne compagnie. Pascal dit en un seul nom l’Heure de la Pâque de Jésus.

L’un et l’autre, vous allez recevoir, comme prêtre et comme diacre, la mission de servir humblement le Mystère du salut destiné aux humbles et aux petits, lié à l’Incarnation rédemptrice de Jésus ; devant lui s’incline le Baptiste, qui le désigne comme l’Agneau de Dieu, l’Agneau pascal. « Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean » : vous aussi, chers amis, vous êtes envoyés par Dieu. Jean « est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui » ; vous aussi êtes témoins avec nous tous, depuis votre baptême et votre confirmation, mais vous le devenez à un titre nouveau par votre ordination, pour conduire les hommes à la Lumière. La traduction porte un grand L, car il s’agit bien d’amener, comme de nouveaux précurseurs, à Jésus, « Lumière née de la Lumière », comme nous le confessons dans le Credo de Nicée-Constantinople.

En ce début de l’hiver, où le soleil est au plus bas de sa course en nos contrées, quelques jours après la fête de sainte Lucie, qu’on appelle aussi sainte Luce, nous sommes plus sensibles à la lumière, car elle est, paradoxalement, la plus rayonnante et la plus chaude de toute l’année et coïncide merveilleusement aux fêtes de la Nativité et de l’Épiphanie, ce que soulignent à leur façon les illuminations de Noël en notre ville. Chers Jean Baptiste et Pascal, soyez, devenez de plus en plus des « témoins de la Lumière », pour rayonner en vérité de cette « douce lumière » qu’aimait invoquer le bienheureux cardinal Newman.

L’année B, où nous sommes depuis le premier dimanche de l’Avent, nous fait lire l’Évangile selon saint Marc. Le 3 décembre, nous avons entendu un passage d’un de ses derniers chapitres ; il nous invitait à la vigilance au cœur de la nuit, attentifs au retour du Maître, pour le chant du coq ou pour le matin. Puis, dimanche dernier, le 10, ont retenti à nos oreilles les premiers mots du deuxième Évangile : « Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu ». Marc est le seul des quatre évangélistes à partir de cette façon tonique. Le jour de Noël, nous entendrons les premiers mots du Prologue de saint Jean : « Au commencement était le Verbe », mais il s’agit d’un commencement avant tout commencement, ce commencement sans commencement de la Lumière et de la Lumière née de cette Lumière, dont nous devons être témoins.

Après ces deux dimanches vers la fin, puis au début de Marc, nous voici en saint Jean ce troisième dimanche de l’Avent. Le deuxième Évangile est le plus court des quatre, ce qui nous vaut d’avoir de temps en temps, dans l’année B, des intermèdes johanniques. Il n’y a pas d’année Jean, puisque chaque année, on lit saint Jean au temps de la Nativité, puis toute la seconde partie du Carême, après le dimanche Lætare, et tout le temps pascal. C’est ainsi que nous entendons le Prologue en ce dimanche Gaudete, un des deux seuls dimanches de l’année, où la liturgie prévoit des vêtements liturgiques en rose : le violet s’éclaircit sans encore parvenir à la blancheur de Noël ou de Pâques, mais nous sommes toujours en route vers la Lumière.

« Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière », chante saint Jean. Ce Jean Baptiste lumineux est comme l’aube ou l’aurore s’effaçant devant le Jour, le plein Jour du Seigneur ; tout comme la lune, qui est un symbole de Marie, nous ne sommes pas la Lumière, mais nous la réfléchissons et nous la transmettons : c’est l’invitation que nous fait le Concile en sa première page (Lumen gentium, n. 1). Au retour du cycle de la Nativité qu’est la fête du 2 février, nous processionnons avec des chandelles ; à la Vigile pascale, nous faisons de même, puisant notre lumière et la portant aux autres à partir du cierge pascal, symbole du Christ ressuscité. Nous vous retrouvons, cher Jean Baptiste et cher Pascal.

Ce désir de communiquer la Lumière du Christ à ceux qui avancent à tâtons dans l’obscurité, est bien ce que je perçois de vous deux en les étapes qui vous ont conduits à ce jour de votre joie, de notre joie : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas », proclame le Baptiste. « Dans mes missions, m’écrit l’un de vous, je découvre la présence du Christ, souvent cachée, il faut le reconnaître, mais bien réelle quand même, ne serait-ce que dans les attentes plus ou moins conscientes des personnes rencontrées, mais aussi dans mon cheminement personnel qui s’approfondit peu à peu. » Vous avez conscience, puis-je lire dans une autre de vos lettres, de devenir un « humble ouvrier à sa vigne », au service de tous ceux qui cherchent le visage du Seigneur.

Simples et obéissants comme la Vierge Marie, vous apportez vos soins à un mystère qui vous dépasse, mais que vous pressentez aussi, pour accompagner la subtile transformation des cœurs et leur ouverture à la Lumière qui s’offre à eux. L’ordination va vous accorder en profondeur à Jésus, « doux et humble de cœur ». Vous pouvez vous appliquer le chant d’Isaïe que nous avons entendu dans la première lecture : « L’Esprit du Seigneur Dieu est sur moi, parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction » (Is 61, 1). Vous pouvez aussi continuer : « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu, car il m’a revêtu des vêtements du salut » (61, 10). C’est déjà le Magnificat de Marie, que nous avons entendu entre les deux premières lectures : « Mon âme exalte le Seigneur ». Exaltez-le jour après jour, exultez. Faites découvrir et transmettez la joie du Seigneur, La joie de l’Évangile. « Soyez toujours dans la joie, vient de nous redire saint Paul, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance » (1 Th 5, 16). Gaudete.