Homélie de la messe du 2 novembre 2020 pour tous les défunts

Mgr Le Gall

Homélie de la messe du 2 novembre 2020 pour tous les défunts

MESSE À LA CATHÉDRALE DE TOULOUSE 

LE LUNDI 2 NOVEMBRE 2020
 POUR TOUS LES DÉFUNTS,

EN PARTICULIER POUR LES TROIS CATHOLIQUES
 TUÉS LE JEUDI 29 OCTOBRE 2020

EN LA BASILIQUE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION DE NICE

 

Nous pleurons nos deux sœurs et notre frère, croyants, pratiquants catholiques de la basilique Notre Dame de l’Assomption. Ils étaient dans la maison de Dieu, lui, Vincent, le sacristain, toujours disponible avec le sourire : je rends hommage aux sacristains de nos cathédrales, de nos basiliques et de nos églises ; ce service devient risqué. Deux dames avec lui ont été poignardées, deux priantes humbles et simples : une quadragénaire rayonnante, Simone, et une sexagénaire active, fidèle à ses dévotions, Nadine. Nous n’oublions pas Samuel, le professeur de Conflans Sainte-Honorine, la première victime de l’islamisme.

Face à ce drame de jeudi dernier, nous entendons avec foi, avec émotion les paroles de saint Paul aux Romains : « Aucun d’entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même : si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Ainsi, dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur » (14, 7-8). Ces trois « fidèles du Christ » – comme le Code de droit canonique appelle les chrétiens – ont illustré cette identité qui nous fait partager tout le Mystère pascal. Tous les défunts pour qui nous prions ce 2 novembre, ont été, d’une façon ou d’une autre, invités à entrer dans ce Mystère de mort et de vie, de mort pour la vie. En effet, tous les hommes sont appelés, selon notre foi, à participer à la vie de Dieu : « Je suis venu, a dit Jésus, pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance » (Jn 10, 10).

Face à l’horreur, face aux réactions de haine que nous pouvons avoir, nous voulons mettre de l’huile sur les plaies de nos âmes et reprendre le joyau de prière qu’est le petit Psaume 132 :

Oui, il est bon, il est doux pour des frères,

de vivre ensemble et d’être unis !



On dirait un baume précieux,

un parfum sur la tête,

qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron,

qui descend sur le bord de son vêtement.



On dirait la rosée de l’Hermon 

qui descend sur les collines de Sion.

C’est là que le Seigneur envoie la bénédiction, 

la vie pour toujours.

L’heure n’est ni à la haine ni à la provocation, mais au respect les uns des autres. Nous sommes libres de croire ou de ne pas croire, mais il nous faut nous respecter les uns et les autres, croyants ou incroyants. L’heure est au dialogue et à la douceur. Je remercie nos frères et sœurs protestants et musulmans, qui m’ont écrit des mots de soutien et de réconfort. Il se trouve que le pape François, hier à midi, a eu, pour la fête de la Toussaint, des paroles, elles aussi réconfortantes :

« En ce moment de la vie – y compris mondiale – où il y a tant d’agressivité, et aussi dans la vie de tous les jours, la première chose qui sort de nous, c’est l’agression, la défense. Nous avons besoin de douceur pour avancer sur le chemin de la sainteté. Jésus a dit de lui-même : Je suis doux et humble de cœur (Mt 11, 29). Les doux sont ceux qui savent se dominer, qui font de l’espace à l’autre, qui l’écoutent et le respectent dans son mode de vie, dans ses besoins et dans ses demandes. Ils n’ont pas l’intention de l’écraser ou de le diminuer, ils ne veulent pas tout surveiller ni tout dominer, ni imposer leurs idées ni leurs intérêts au détriment des autres. Ces personnes que la mentalité mondaine n’apprécie pas, sont au contraire précieuses aux yeux de Dieu, qui leur donne la terre promise en héritage. »

Le pape commentait la troisième des Béatitudes, ces Béatitudes qui ouvrent le Discours de Jésus sur la montagne en saint Matthieu (5, 3-12) : « Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage » (5). Toute violence verbale ou physique, toute agression, tout acte qui vise à éliminer ou à tuer, ne peuvent qu’être bannis de nos sociétés qui veulent honorer la liberté et construire la paix.

Gardons au cœur l’assurance chantée par les Lamentations de Jérémie :

Grâce à l’amour du Seigneur,

nous ne sommes pas anéantis ;

ses tendresses ne s’épuisent pas ;

elles se renouvellent chaque matin,

oui, ta fidélité surabonde.

Il est bon d’espérer en silence
le salut du Seigneur


(3, 22.23.26).

C’est Jésus qui nous donne l’assurance du Salut qu’il est : « Telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donné, mais que je les ressuscite au dernier jour » (Jn 6, 39). Telle est notre espérance pour tous.

Amen.

+ fr. Robert Le Gall
Archevêque de Toulouse
Le 02 novembre 2020

 


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Actualité publiée le 3 novembre 2020