Homélie des ordinations diaconales de Sébastien Combre et Christophe Tellier, et retour photos

Un texte de Mgr Guy de Kerimel, Archevêque de Toulouse

Homélie des ordinations diaconales de Sébastien Combre et Christophe Tellier, et retour photos

Ordinations diaconales
Sébastien Combre et Christophe Tellier
2 juillet 2023

 

Sébastien et Christophe, l’Église vous a appelés au diaconat, et vous avez répondu à cet appel avec l’accord de vos épouses, en prenant le temps du discernement et en vous formant dans ce but. Aujourd’hui, par l’imposition de mes mains, vous allez devenir diacres, serviteurs du Christ et de l’Église dans la diaconie de la liturgie, de la Parole et de la charité : ce triple domaine de votre service correspond à la triple charge du Christ, Prêtre, Prophète et Roi. Lors de votre baptême, vous êtes devenus participants de cette triple charge au titre du sacerdoce commun des fidèles. Par l’ordination, vous recevez un don de l’Esprit Saint pour participer d’une autre manière à cette triple charge, non pas comme prêtres, mais comme serviteurs en lien étroit avec les pasteurs : l’évêque et son presbytérium. Les diacres ont été voulus, à l’origine, pour soulager les Apôtres dans leur lourde charge. Il s’agit pour vous d’aider l’évêque et ses prêtres dans le service de la Parole, de l’autel et de la charité. La tradition disait du diacre qu’il doit être l’œil, l’oreille et la bouche de l’évêque ; c’est dire que son ministère est totalement dépendant du ministère de l’évêque. Mais on pourrait dire aussi de l’évêque et de ses collaborateurs, les prêtres, qu’ils sont l’œil, l’oreille et la bouche du Christ.

Les diacres ne sont pas indispensables à la croissance et à la mission de l’Église, au point que durant de nombreux siècles, ils avaient disparu. Ils sont comme des serviteurs inutiles, humblement disponibles pour les tâches qui leur sont confiées. Les diacres n’ont pas de service d’autorité, mais ils rappellent que tous les ministres ordonnés sont des serviteurs du Christ et de l’Église. Être serviteurs, c’est dépendre d’un autre, c’est accomplir la volonté d’un autre, le Christ. Se savoir serviteur aide à ne pas s’approprier la mission, à ne pas travailler pour soi, à ne pas centrer les gens sur soi, mais sur Celui qui nous a choisis et envoyés, Celui au nom duquel tous les ministres ordonnés agissent : le Christ.

S’ils ne sont pas indispensables, les diacres sont utiles auprès des évêques et des prêtres pour les aider dans leur mission, mais aussi pour témoigner de la diversité des ministères qui ne peuvent pas être concentrés dans la seule personne du pasteur. L’ensemble du Corps du Christ que nous formons participe à la mission du Christ, chacun selon les dons et charismes reçus, dans la cohésion et l’harmonie, sous l’autorité de la Tête qui est le Christ. Il me semble important de nous rappeler sans cesse ce lien de dépendance de tous les baptisés vis-à-vis du Christ. Dans notre vie personnelle et dans notre participation à la mission de l’Église nous n’agissons pas selon nos humeurs ou notre volonté propre, mais nous cherchons la volonté du Christ, à l’écoute de l’Esprit Saint.

Dans l’évangile de ce jour, le Christ éduque ses Apôtres qu’Il envoie en mission. Pour participer à la mission du Christ, ils doivent Le mettre en premier dans leur cœur et dans leur vie, L’aimer par-dessus tout, pour aimer leurs proches en Lui. Les Apôtres avaient tout quitté pour suivre Jésus ; les évêques et les prêtres ont renoncé (dans l’Église latine) au mariage pour être totalement disponibles de cœur et de temps pour le Christ et la mission. Les diacres permanents sont mariés pour la plupart, et avec l’accord de leurs épouses, ils prennent l’engagement de servir le Christ et l’Église de tout leur cœur et selon leurs disponibilités. Sébastien et Christophe, vous vous engagez concrètement à accomplir votre fonction de diacre, à proclamer la foi par la parole et les actes, à célébrer la liturgie des Heures pour la gloire de Dieu, pour l’Église et pour toute l’humanité. Vous allez promettre de vivre en communion envers moi et mes successeurs dans le respect et l’obéissance. Ce sont autant d’engagements qui vous lient d’une manière nouvelle au Christ et à l’Église pour le service.

En vous donnant au Christ et à l’Église, vous acceptez de perdre votre vie, c’est-à-dire de la donner, et c’est bien le sens de la vocation humaine et chrétienne : faire de sa vie un don d’amour à Dieu et aux autres. C’est ainsi qu’on la trouve en la donnant, en la perdant.

Le Christ veut pouvoir compter totalement sur vous, au point de se rendre présent à travers vos personnes et votre ministère. Le lien de dépendance réciproque des Apôtres et du Christ est tel qu’accueillir un Apôtre c’est accueillir le Christ et dans le Christ accueillir le Père. Il me semble qu’on peut le dire de tous les ministres ordonnés et de tous les disciples du Christ qui sont engagés dans la mission. C’est ainsi que St Paul, totalement donné au Christ, pouvait dire : « ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi  ».

On peut le dire aussi en ce qui concerne l’Église. Comme diacre, vous engagez l’Église, vous engagez l’évêque, c’est dire combien l’amour de l’Église est constitutif du ministère de diacre et de tous les ministères. Ce lien à l’Église est manifesté par l’incardination qui vous lie à l’Église de Toulouse.

J’ai beaucoup évoqué la dépendance, le lien, les engagements, qu’entraînent l’ordination diaconale. Ces liens sont des liens d’amour, ils sont la logique du véritable amour, comme vous l’expérimentez depuis longtemps dans le mariage. Ils sont le secret de la vraie liberté, indissociable du véritable amour. Le Fils de Dieu s’est engagé pour toujours avec nous et toute l’humanité par son incarnation ; Il s’est donné une fois pour toutes, et Il nous invite à l’imiter pour accomplir notre vocation, et réussir notre vie.

Que l’Esprit Saint donne à tous les disciples du Christ de faire de leur vie un don d’amour à Dieu et aux autres, pour la gloire de Dieu et le salut du monde ! Amen !

 + Guy de Kerimel
 Archevêque de Toulouse