Homélie du 4ème dimanche de Carême

par le père Christophe Vairon, vicaire des paroisses de la Trinité et de Saint-François-Xavier

Homélie du 4ème dimanche de Carême

Jésus a vu en Joseph la tendresse de Dieu : Je veux imaginer que, pour la parabole du fils prodigue, du père miséricordieux et d’autres pages de l’Évangile, Jésus se soit inspiré des comportements de Joseph. Joseph est l’incarnation de ce Dieu paternel, rempli d’amour pour ses enfants. La foi que nous enseigne le Christ, est celle que nous voyons en saint Joseph qui ne cherche pas de raccourcis mais qui affronte “les yeux ouverts” ce qui lui arrive en en assumant personnellement ses responsabilités.
Ce que Dieu a dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas  », il le répète à nous aussi : Ne craignez pas ! N’ayez pas peur ! Il faut laisser de côté la colère et la déception, et faire place avec une force pleine d’espérance, à ce que nous n’avons pas choisis et qui pourtant existe.
Accueillir ainsi la vie nous introduit à un sens caché. La vie de chacun peut repartir miraculeusement si nous trouvons le courage de la vivre selon ce que nous indique l’Évangile. Et peu importe si tout semble déjà avoir pris un mauvais pli et si certaines choses sont désormais irréversibles. Dieu peut faire germer des fleurs dans les rochers. Même si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses.


Dans sa vie aux côtés de Marie et de Jésus, Joseph a traversé des moments difficiles : exil en Égypte pour n’en citer qu’un. Bien des fois, des événements dont nous ne comprenons pas la signification surviennent dans notre vie. Notre première réaction est très souvent celle de la déception et de la révolte. Joseph laisse de côté ses raisonnements pour faire place à ce qui arrive et, aussi mystérieux que cela puisse paraître à ses yeux, il l’accueille, en assume la responsabilité et se réconcilie avec sa propre histoire. Si nous ne nous réconcilions pas avec notre histoire, nous ne réussirons pas à faire le pas suivant parce que nous resterons toujours otages de nos attentes et des déceptions qui en découlent.
La vie spirituelle que Joseph nous montre n’est pas un chemin qui explique, mais un chemin qui accueille. C’est seulement à partir de cet accueil, de cette réconciliation, qu’on peut aussi entrevoir une histoire plus grande, un sens plus profond. La volonté de Dieu, son histoire, son projet, passent aussi à travers la préoccupation de Joseph. Joseph nous enseigne ainsi qu’avoir foi en Dieu comprend également le fait de croire qu’il peut agir à travers nos peurs, nos fragilités, notre faiblesse. Il nous enseigne que, dans les tempêtes de la vie, nous ne devons pas craindre de laisser à Dieu le gouvernail de notre bateau : nous voudrions tout contrôler, mais lui regarde toujours plus loin.


Le Malin nous pousse à regarder notre fragilité avec un jugement négatif. Au contraire, l’Esprit la met en lumière avec tendresse. La tendresse est la meilleure manière de toucher ce qui est fragile en nous.
Rencontrer la Miséricorde de Dieu, dans le Sacrement de la Réconciliation ou dans l’onction des malades, c’est faire une expérience de vérité et de tendresse.
Nous savons que la Vérité qui vient de Dieu ne nous condamne pas, mais qu’elle nous accueille, nous embrasse, nous soutient, nous pardonne. L’évangile de ce jour nous le confirme : « celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses oeuvres ont été accomplies en union avec Dieu.  » La Vérité se présente toujours à nous comme le Père miséricordieux : elle vient à notre rencontre, nous redonne la dignité, nous remet debout, et s’en réjouit parce que «  mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ».
Que de personnes font preuve chaque jour de tendresse, de patience et insufflent l’espérance, en veillant à ne pas créer la panique mais la coresponsabilité ! Que de pères, de mères, de grands-pères et de grands-mères, que d’enseignants montrent à nos enfants, par des gestes simples et quotidiens, comment affronter et traverser une crise en réadaptant les habitudes, en levant le regard et en stimulant la prière ! Que de personnes prient, offrent et intercèdent pour le bien de tous.

Nous pouvons tous trouver en saint Joseph l’homme de la présence quotidienne, discrète et cachée, un intercesseur, un soutien et un guide dans les moments de difficultés. Il nous rappelle que tous ceux qui, apparemment, sont cachés ou en "deuxième ligne" et qui mettent leurs actes de vie à la lumière jouent un rôle inégalé dans l’histoire du salut. Au cœur de ce Carême, ayons ce désir de mettre nos vies à la lumière pour recevoir pleinement le salut offert à tous par la mort et la résurrection du Christ.