L'Annonciation

par Jean-Michel Castaing, auteur

L’Annonciation

 

Annonciation :

naissance du nouveau peuple de Dieu

 

En ce jour de l’Annonciation, nous ne fêtons pas seulement l’Incarnation du Fils du Père dans le sein de la Vierge qui a dit « oui », nous assistons également à la naissance du nouveau peuple de Dieu, l’Église. Qu’est-ce qui nous permet de soutenir cette affirmation ? La réponse se trouve dans le récit de l’annonce de la naissance de Jésus faite à Marie :

Marie dit à l’ange  : « Comment cela sera t-il, puisque je ne connais point d’homme ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit-Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi l’enfant qui naîtra sera saint ; il sera appelé Fils de Dieu. » (Lc 1,34-35)

Comment interpréter la tournure « viendra sur toi » à propos de l’Esprit Saint dans cet épisode ? En fait cette expression fait référence à la prophétie d’Isaïe 32,15 où le prophète annonce que l’Esprit créera un peuple nouveau : « ... jusqu’à ce que l’Esprit soit répandu d’en haut sur nous, et que le désert se change en verger, tandis que le verger aura la valeur d’une forêt. ». Mais surtout cette expression revient sous la plume de Luc dans le verset des « Actes des apôtres » où il est écrit que « l’Esprit viendra sur vous » en parlant des apôtres (Ac 1,8) juste avant la Pentecôte.

Jésus leur répondit (aux apôtres) : « ...Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint, qui viendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1,7- 8)

Ainsi ces deux passages font signe en direction de la naissance de l’Église. Comme la même prophétie relative à la venue de l’Esprit apparaît dans la péricope de l’Annonciation du troisième évangile, la conclusion s’impose : la Vierge est bien à l’origine du nouveau peuple de Dieu.

Une révélation similaire est consignée dans un autre passage des Écritures du Nouveau Testament. On retrouve l’association de Marie, de l’Esprit et de la naissance de l’Église à l’heure de la Croix dans l’évangile selon Saint Jean. Avant de mourir, Jésus livre l’Esprit aux croyants (« Il rendit l’Esprit »), confie sa mère au disciple et, de son flanc transpercé et ouvert, d’où coule le sang et l’eau, donne naissance à l’Église, de même qu’Ève fut tirée du côté d’Adam endormi.

« Réjouis-toi, Comblée de grâce » dit l’ange à la Vierge. Joie messianique de tout le peuple récapitulé en Marie. « La joie, qui dans l’Ancien Testament était souhaitée par les prophètes au peuple d’Israël – la Femme Sion -, se propage et va se concentrer en une femme individuelle, Marie, qui rassemble dans sa personne, pour ainsi dire, les désirs et les espérances de tout le peuple d’Israël » (Ignace de la Potterie, « Marie dans le mystère de la Nouvelle Alliance », Desclée, 1995).

Quelle richesse renferme le mystère de l’Annonciation ! Mystère christologique : c’est le Messie attendu qui vient dans notre humanité. Mystère marial : rien ne serait arrivé sans le « fiat » de la Vierge de Nazareth. Mystère ecclésiologique : comme nous l’avons vu plus haut, l’Église commence à naître avec la conception virginale du Verbe dans le sein de la fille de Sion. C’est ce peuple de Dieu qui est appelé en ce jour à mettre des bougies aux fenêtres.

Jean-Michel Castaing

 


Actualité publiée le 25 mars 2020