Dans l’Ancien Testament, on estimait que c’était l’homme qui offrait à Dieu des sacrifices. Avec le Christ, la perspective change. Pour l’épître aux Hébreux, c’est désormais Dieu qui agit sur l’homme qui sacrifie. Ainsi, l’action de Dieu est première dans cet acte de culte. L’épître affirme en effet qu’il convenait que « Dieu rendît parfait par des souffrances le pionnier (Jésus) de notre salut » (He 2,10). Dieu est donc l’acteur principal de la Passion – ce qui ne minimise en rien le mérite de l’offrande de soi de l’Homme-Dieu ! Mais pour quelle raison en est-il ainsi ?
L’intuition juste mais incomplète du feu du sacrifice biblique
Sacrifier consiste à rendre sacré. Or, seul Dieu peut rendre sacrée une offrande en lui communiquant sa sainteté. Voilà pourquoi, dans l’Ancien Testament, un feu d’origine divine (Lv 9,24) était nécessaire pour faire remonter auprès de Dieu les victimes. Par là, les Hébreux pressentaient que les hommes étaient incapables de franchir par eux-mêmes la distance qui les séparait de Dieu. Cependant, cette intuition en restait à mi-chemin car elle concevait la force divine d’une façon encore matérielle. Ce feu était un simple feu et, de plus, les victimes animales brûlées étaient bien incapables de changer l’esprit des hommes.
L’Esprit-Saint, le véritable feu de l’amour
Le vrai feu qui éleva la nature humaine du Christ jusqu’à Dieu fut la force ascensionnelle de l’Esprit Saint. Jésus s’offrit en effet dans le feu spirituel de l’Esprit (He 9,14) qui le transforma en sacrifice agréable à Dieu parce que la motivation de son acte était l’amour – cet amour dont l’Esprit est la personnification divine. Par sa prière sur la Croix, le Christ ouvrait son être à l’action de l’Esprit Saint en lui. En retour, l’Esprit lui donna l’élan nécessaire pour l’offrande généreuse de lui-même en faveur de Dieu et de ses frères en mettant le feu, non sur une victime matérielle comme jadis, mais dans le cœur de notre grand-prêtre, Jésus.
Jean-Michel Castaing