Depuis avril 2017, les visiteurs de la basilique Saint-Sernin peuvent admirer un impressionnant polyptyque d’Arcabas, l’un des peintres d’art sacré les plus connus au monde. D’abord présentée dans le cadre d’une exposition, tout a été mis en œuvre pour la conserver définitivement à Toulouse.

Conçu en 1962, l’Hommage à Bernanos est un polyptique monumental de 5 m par 5 m. Il comporte un grand Christ en croix, entouré de quatre panneaux inspirés par Les grands cimetières sous la lune, pamphlet antifranquiste de 1938 dans lequel Bernanos critique avec virulence l’attitude de certains évêques espagnols pendant la guerre d’Espagne. Présentée pour la première fois en 1962, l’œuvre est restée dans les archives du peintre pendant près de 50 ans, avant de faire l’objet de plusieurs expositions depuis 2012.

Le polyptyque frappe d’emblée celui qui le découvre. Par sa taille, ses couleurs vives, sa modernité, il se présente comme une œuvre d’une esthétique puissante. Évoquant la souffrance humaine et les atrocités de la guerre, à travers des scènes au caractère intemporel, l’œuvre se situe au carrefour entre l’art religieux, la relecture d’une œuvre littéraire et l’engagement politique - on l’a comparée au Guernica de Picasso.
Le thème de la guerre civile espagnole touche de près Toulouse, dans sa proximité avec l’Espagne, et rend hommage à tous ces exilés qui ont trouvé dans notre ville une terre d’accueil. Le père Vincent Gallois, curé de la basilique Saint-Sernin, justifie la présence de ce tableau dans une église par l’amour du Christ, de l’Église et des hommes de Bernanos comme d’Arcabas. « C’est une œuvre qui parle à tous, aux chrétiens, à ceux qui sont marqués par l’histoire tragique de la guerre civile espagnole et à tous ceux qui sont sensibles à la misère de ce monde car c’est un message d’espérance.  »

L’Association des Amis de l’Œuvre d’Arcabas à Toulouse (AAOAT) est née pour porter le projet de conservation de l’œuvre dans la ville rose et se charge ainsi de son installation au Couvent des Jacobins. Le polyptyque sera incontestablement un monument artistique, culturel et mémoriel pour les générations à venir.
L’œuvre sera officiellement inaugurée aux Jacobins au courant du mois d’avril, dans le cadre d’un dépôt fait par l’artiste dans l’attente d’une pleine propriété que l’association œuvre à finaliser.

Régis Courtray

► Renseignements : http://www.aaoat.fr et 06.61.21.32.68