Les étudiants catholiques dans la crise

Avec la Pastorale Étudiante

Les étudiants catholiques dans la crise

À Toulouse comme partout ailleurs, nos étudiants souffrent particulièrement de la pandémie. Isolement, forte solitude, angoisses face à un avenir obscur… Pour lutter contre ces détresses, l’abbé Damien Verley, curé de la paroisse étudiante, nous apporte un éclairage sur les moyens mis en place pour leur assurer présence et soutien. 


Rompre l’isolement

Depuis le premier confinement du mois de mars 2020, la vie estudiantine s’est très nettement ralentie. Suspension des cours, enseignements diffusés en ligne, colocations interrompues, arrêt des petits boulots, absence de sport… tout cela a contribué à l’isolement et au repli sur soi avec, pour certains des étudiants, des situations parfois très douloureuses. Une situation ressentie d’autant plus difficilement qu’elle intervient à un âge où l’on quitte le confort d’un nid familial aimant, et où l’on n’a pas encore les deux pieds dans la vie active. Et une situation vécue encore plus cruellement qu’elle contraste nettement avec celle des écoliers et des lycéens ou même des très nombreux salariés qui, eux, ont pu reprendre leurs habitudes. Pour les 17-24 ans, cela n’a pas été le cas, ce qui a pu justifier que cette tranche de la population ait dû parfois se battre pour la reprise de ses cours, la réouverture des universités ou des services du CROUS.

Pour y remédier, la paroisse étudiante n’a pas lésiné sur les moyens pour rompre la solitude. « Pour mieux répondre aux besoins des étudiants, je crois profondément qu’il faut d’abord mieux les accompagner sur leurs lieux de vie », indique l’abbé Damien, leur curé. C’est dans cette optique qu’ont été créées des fraternités proposant une vie communautaire et de prière, et que des colocations ont été démultipliées (pour environ 200 étudiants). Quelle que soit la formule, le pasteur et l’équipe des aumôniers se rendent disponibles pour être avec les jeunes brebis, parfois c’est même une famille qui partage leur quotidien, l’objectif étant de casser l’isolement et proposer un accompagnement. « Je suis allé dans chaque lieu de vie pour bénir les appartements et mettre le Bon Dieu chez les étudiants au cœur du confinement en novembre dernier. J’ai également intronisé chez eux Notre-Dame de La Daurade, protectrice de Toulouse et église de la paroisse étudiante », poursuit l’abbé.


Des actions pour et avec les étudiants

À Toulouse, plusieurs propositions ont alors vu le jour, comme le groupe Exodus 90 qui, depuis le début de l’année, se veut un soutien spirituel pour jeunes hommes afin de gagner en liberté et lutter contre les addictions (écrans, pornographie…) ; également un parrainage entre étudiants « anges gardiens » pendant l’Avent ou encore les « co-pains de Carême » qui viennent de démarrer… À chaque fois, il faut faire preuve de créativité, et éviter au maximum les écrans : « Nous avons des rencontres en visio, mais nous essayons d’éviter ce mode, c’est un non-sens pour ceux qui luttent tous les jours afin de suivre leurs cours ainsi », indique le pasteur.

L’Église se montre donc créative mais aussi mobilisée. Pendant toute la pandémie, elle n’a cessé d’apporter un soutien aux plus fragiles. Dans une étude nationale réalisée auprès des étudiants catholiques 1, 77% d’entre eux reconnaissent d’ailleurs l’importance de ce soutien. « Nous avons quelque chose à jouer pour éviter la solitude affective et permettre de vraies rencontres. » Avec la Société Saint-Vincent de Paul et l’Ordre de Malte, le succès grandissant des maraudes a largement prouvé la priorité qui était faite pour ces jeunes de participer au bien commun. À Noël, un réveillon solidaire a été proposé et, au moment de la Chandeleur, des étudiants missionnaires sont allé frapper aux portes des chambres d’autres étudiants pour les inviter à sortir et vivre un moment de partage autour de quelques crêpes. L’enjeu est d’être alternatif et de remettre du réel dans les relations : « Les étudiants catholiques se mettent en mode survie. Il faut les pousser à être audacieux, les envoyer au service des autres étudiants ! Cela peut être source de quelques frictions, mais ils découvrent une joie immense. Nous avons la chance de les voir se révéler, se redéployer », se réjouit l’abbé Damien.


« L’Espérance sauve comme la foi » 2

Outre une présence et de multiples propositions d’actions, il s’agit aussi de leur apporter un soutien dans leur vie de foi, un appui essentiel pour faire face à la crise sanitaire actuelle. Si le culte a été restreint pour l’ensemble de la population, la crise a aussi suspendu les activités d’aumônerie, les groupes scouts ou les groupes de prière, les mouvements et services d’Église, pèlerinages, rencontres… Les étudiants ont d’ailleurs largement participé au mouvement réclamant la liberté de culte. « Il s’agit de permettre à tous d’avancer sur le chemin de la sainteté, de mieux vivre ensemble, de se stimuler  », indique le curé des étudiants.

Dans cette consultation, il est aussi question de cette spécificité qu’ont les étudiants catholiques : 94% reconnaissent que leur foi a été pour eux un véritable soutien. Au-delà de la dimension sociale, ce qui est mis en avant est surtout une rencontre avec le Seigneur, une vraie confiance en Dieu de la part de ces jeunes adultes. Ainsi leur expérience du Christ les pousse à l’espérance.

À l’heure du Carême, justement ce temps de l’Espérance qui nous conduit jusqu’au mystère de Pâques, il est bon de cultiver ce lien avec tous les étudiants, de continuer à leur faire des propositions, leur offrir des enseignements spirituels, des activités fraternelles en petits groupes, recréer du lien et des lieux d’écoute… jusqu’à Pâques, de sorte qu’ils soient à leur tour… des témoins d’Espérance pour d’autres.

 

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1 Du 29 janvier au 7 février 2021, à l’invitation des membres des bureaux nationaux des réseaux Ecclésia Campus et Chrétiens en Grande École (rattachés au Service national d’évangélisation pour les jeunes et les vocations de la Conférence des évêques de France), 2 639 étudiants catholiques – dont deux tiers de femmes – âgés de 17 à 25 ans, ont répondu à une consultation qui met en avant l’importance de leur foi pour traverser cette crise.

2 Ambroise de Milan

 

 


Actualité publiée le 18 février 2021

 

 

Des projets à venir ?

Les propositions émanant des paroisses sont nombreuses, et le curé en est reconnaissant. Certaines d’entre elles feront des collectes de Carême pour soutenir les activités de la paroisse étudiante tandis que des personnes cuisinent pour des étudiants, et des membres d’autres paroisses ont proposé de porter des invendus de supermarchés. De son côté, le séminaire Saint-Cyprien réfléchit également à la meilleure façon pour apporter de l’aide.

Des particuliers proposent également leur maison le temps d’un week-end, des parents prêtent leur véhicule pour des sorties à la montagne...
D’ailleurs, la pastorale des étudiants espère pouvoir acquérir un minibus pour permettre à plus de jeunes de prendre le grand air (pèlerinages, sorties en montagne, etc.).

Il existe également un autre projet en cours de lancement : un parrainage d’étudiants étrangers par des familles car ces derniers manquent cruellement de soutien moral et social. Un nouveau défi pour la paroisse !

Enfin et surtout, 30 catéchumènes sont accompagnés pour recevoir cette année les sacrements de l’initiation !