Nicolas Greschny, un artiste bien implanté dans le Comminges

par Jean-Michel Castaing

Nicolas Greschny, un artiste bien implanté dans le Comminges


Qui est Nicolas Greschny ?

Nicolas Greschny est un des plus célèbres peintres fresquistes du XXème siècle. Il naît à Tallin, capitale de l’Estonie, en 1912, dans une famille d’origine russe orthodoxe vieux-croyante. Son père, peintre et théologien, lui transmet les secrets de la tradition iconographique byzantine. En 1922, sa famille part en exil, victime de persécutions anti-religieuses orchestrées par le régime communiste. En 1927, il étudie aux Beaux-Arts à Berlin, en Allemagne. Par le biais de jésuites, il devient gréco-catholique.

En 1934, il doit fuir vers Vienne, en Autriche, persécuté cette fois-ci par les nazis, puis il gagnera la Tchécoslovaquie au moment de l’Anschluss. Ensuite, il passera successivement par le Danemark, la Norvège, l’Angleterre, la Belgique avant d’être interné au camp d’Argelès-sur-Mer. En 1942, caché chez les jésuites de Toulouse, il passe sa licence de théologie. Après la guerre, pendant laquelle il a été résistant, le vicaire général d’Albi lui ouvre de nombreuses paroisses. Nicolas Greschny s’installe alors dans le hameau de la Maurinié à Marsal (Tarn) où il vivra jusqu’à sa mort en 1985.

Dans le Comminges

Nicolas Greschny a peint plus de 100 fresques, principalement sur les murs d’églises situées dans le sud et le sud-ouest de la France, mais également dans l’Indre, en Creuse, et jusqu’au Mans ! En 1949, il est logé par l’abbé Bories d’Encausse-les-Thermes, dans le Comminges, qu’il a connu à l’Institut catholique de Toulouse. À cette occasion, il peint les fonts baptismaux de l’église paroissiale, ainsi que les thermes de cette ville d’eau. Dans cette œuvre profane, il n’a pas craint d’introduire des personnes du village dont les descendants sont encore vivants ! Dans l’église, une fresque représente un sujet rarement traité : il s’agit de la guérison par le prophète Élisée de Naaman, général assyrien atteint de la lèpre (photo ci-dessous).

Mais Nicolas Greschny n’exerça pas seulement à Encausse-les-Thermes. Beaucoup d’églises du Comminges possèdent de ses œuvres. Signalons les fresques de la chapelle Notre-Dame-des-Sept-Douleurs (Calvaire) à Miramont-de-Comminges, ainsi que celles du baptistère de l’église Saint-Martin de la même ville. Le chœur de la chapelle de Ponlat, entièrement peint, retrace la vie de saint Jean-Baptiste. Le chœur de l’église de Ferrère, dans la vallée de la Barousse, représente le Christ majestueux de l’Apocalypse (photo). L’église de Sengouagnet, à côté d’Aspet, renferme quant à elle des fresques de la Nativité. Enfin, pour les amateurs de randonnées en montagne, ne manquez pas de vous arrêter à la chapelle qui ouvre le sentier conduisant au merveilleux lac d’Oô, au-dessus de Luchon. Elle aussi renferme un trésor de notre fresquiste : Greschny y a peint notre sainte toulousaine, Germaine de Pibrac, à côté du Christ (photo). Les villages de Saint-Plancard et du Cuing possèdent également des fresques du peintre.

Une œuvre universelle marquée par l’Écriture
 

Artiste universel, Greschny, avec sa maîtrise technique parfaite des canons iconographiques byzantins et ses trouvailles continuelles, atteint une profondeur théologique à la portée de tous. Si vous désirez faire un détour par le Comminges, n’hésitez pas à vous faire ouvrir les églises qui renferment ses fresques. Elles vous donneront un avant-goût d’éternité, tout en vous replongeant dans les Écritures !

Jean-Michel Castaing

 


Actualité publiée le 5 janvier 2020