Notre-Dame de La Daurade, inaugurée !

Homélie de Mgr Le Gall, dimanche 8 décembre 2019

Notre-Dame de La Daurade, inaugurée !

LE DIMANCHE 8 DÉCEMBRE 2019

 

Nous voici à nouveau chez Notre-Dame la Daurade refaite à neuf. En reprenant des termes de la liturgie, nous rendons grâce pour la merveille de cette « création » et pour celle de cette restauration.

Notre Dame la Daurade : Deaurata, Notre Dame la Dorée. Ce vocable évoque surtout les mosaïques dorées qui ornaient l’abside de la basilique antique du Ve siècle. L’or est un des symboles de la divinité, comme on le voit partout dans les icônes orientales. Il convenait à cette église qui fut un des premières de la Gaule à honorer la Théotokos, la Mère de Dieu. Pour que la Vierge Marie pût le devenir, il convenait qu’elle fût conçue Immaculée ; c’est pourquoi il est heureux que nous célébrions la splendide restauration de cette basilique en la Solennité de l’Immaculée-Conception.

Comment donc se fait-il que soit honorée ici depuis des siècles une Vierge noire ? Pourquoi l’Immaculée est-elle représentée avec un visage sombre ? On dit que c’est en raison de nombreux cierges qui ont brûlé devant elle, pour demander, notamment, pour les mamans, la grâce de concevoir et d’enfanter heureusement. On l’a désignée aussi du nom de Vierge brune pour cette raison. Mais nous connaissons tous de nombreuses Vierges noires, surtout dans notre sud et dans le bassin méditerranéen : il suffit d’évoquer Rocamadour, Le Puy, Orcival ou Montserrat, abbaye bénédictine comme a été bénédictin pendant des siècles le prieuré de la Daurade ; comme Bénédictin moi-même, je suis ému de me situer dans cette continuité.

On sait que le Cantique des cantiques commence quasiment par ces mots : « Noire, je le suis, mais belle, filles de Jérusalem, pareille aux tentes de Qédar, aux tissus de Salma. Ne regardez pas à ma peau noire : c’est le soleil qui m’a brunie » (1, 5-6). Les origines de notre foi sont orientales et tous les peuples sont appelés au salut. La tradition spirituelle interprète cette image dans le sens de l’illumination baptismale, à partir de notre condition native marquée par les ténèbres du péché. Nous l’avons entendu dans la première lecture, l’hymne admirable qui commence la lettre de saint Paul aux Éphésiens : « Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour » (1, 4). Dans le dessein universel du salut, Dieu nous veut tous immaculés, et pour cela il convenait que son Fils naisse d’une mère immaculée. Autrement dit, si Marie a été conçue sans péché, c’est pour que nous soyons libérés du péché nous aussi. L’ancienne traduction liturgique portait : « Pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard » ; il est heureux que la Traduction officielle liturgique nous fasse entendre que nous sommes destinés à être « saints, immaculés devant lui, dans l’amour », merveilleux résumé du dessein divin.

Nous sommes reconnaissants à la municipalité de Toulouse d’avoir restitué, avec l’aide de l’État, cette basilique antique dans la splendeur de son espace et de sa décoration, comme vous l’aviez fait, Monsieur le Maire, pour les Jacobins, que nous avons inaugurés voici deux ou trois ans. Il s’agit d’entretenir un patrimoine auquel tous sont attachés, dans le respect de la laïcité, dans un pays et une histoire qui ne peuvent nier leurs racines chrétiennes. Nos églises sont ouvertes à tous et nous savons combien elles sont visitées ; de nombreux témoignages montrent aussi qu’elles sont des havres de paix et de recueillement pour une respiration de l’âme dont chacun de nous a besoin. Toutes les sensibilités ou spiritualités sont ici bienvenues : nos églises sont un bien commun sur lequel veillent nos communes pour une communion qui est un autre nom de la paix. Il est beau de reconstruire nos églises, de rebâtir à nouveaux frais notre Église, pour qu’elle soit une maison sûre et belle, accueillante à tous.

Ici de fait cohabitent l’ensemble paroissial de la cathédrale pour tous les jours et la paroisse étudiante pour la messe du dimanche soir. Bienvenue aux familles particulièrement, elles qui viennent ici en l’attente d’un enfant, en action de grâce pour une naissance, en imploration pour des moments difficiles. Dans notre ville qui s’embellit et qui s’illumine ces jours, la rue de Metz, un des axes majeurs de la cité, est entourée, au bord de la Garonne, par deux églises dédiées à la Vierge Marie : Notre Dame la Daurade, que nous célébrons en cette solennité, et Notre Dame la Dalbade. D’un côté Notre Dame la Dorée et de l’autre Notre Dame la Blanche, l’Immaculée : c’est la même, humble et tutélaire, la Mère de Dieu et notre Mère.

Nous sommes au cœur de l’Avent qui nous fait regarder vers l’avenir du dessein divin du salut, de notre sainteté. En même temps, nous préparons nos crèches dans la joie simple des familles. Le pape François vient de nous écrire une lettre sur l’importance et la grâce de ces crèches qui nous font voir et redécouvrir la tendresse d’un Dieu qui s’est fait homme, grâce au consentement de la Vierge immaculée.

Ensemble, à moins de deux heures de Lourdes, le regard tourné vers la grande peinture de l’Immaculée dans le chœur, redisons :

« Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen.  »

 


Actualité publiée le 9 décembre 2019