Qu’appelle-t-on les « appropriations trinitaires » en théologie ?

Dimanche 30 mai 2021 - Fête de la Sainte Trinité

Qu’appelle-t-on les « appropriations trinitaires » en théologie ?

Les chrétiens sont baptisés « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Quand ils commencent leur prière, ils se marquent du signe de la croix sur le front, le cœur et les épaules en invoquant Dieu : Au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit : c’est la Trinité. Mais qu’il est difficile de s’y retrouver dans le mystère de la Trinité ! Pensez donc : un Dieu unique en trois personnes ! Et si la notion des « appropriations trinitaires » nous permettait d’y voir plus clair ?

 

Brève définition

On appelle appropriations trinitaires l’attribution à une personne divine, de manière privilégiée, d’une qualité commune aux trois personnes de la Trinité. Ces attributions ont un fondement dans le langage de l’Écriture. Par exemple le Christ est dit « puissance et sagesse de Dieu » (1 Co 1,24) alors même que la puissance et la sagesse sont des attributs communs aux Trois de la Trinité.
Ces attributions sont fondées sur la ressemblance ou l’affinité de l’attribut avec chacune des Personnes. Par exemple, l’attribut de puissance fait plus référence au Père qu’au Fils et à l’Esprit, même si les Trois sont tout-puissants. La puissance est appropriée au Père en tant que source de la Trinité, la vérité au Fils en tant que Verbe et Sagesse, et l’amour à l’Esprit parce qu’il est leur communion réciproque.
 

Unité, vérité et bonté du Dieu-Trinité 

Le Dieu chrétien est tout-puissant, vrai et bon. Ces trois qualités se prêtent à l’appropriation. Illustrons cette thèse. L’unité et la puissance sont attribuées au Père parce qu’il est la source de l’unité de la Trinité, son principe sans principe antérieur à lui. En tant qu’origine de la Trinité, le Père est essentiellement Un. Le Père est également cause première du monde. Ainsi, c’est par lui que le monde est un, de la même manière que l’espèce humaine est une. La fraternité universelle a son fondement dans L’Un approprié au Père.
Le Vrai est référé au Fils parce que le Vrai est toujours l’expression de la réalité, ce que celle-ci dit d’elle-même. Or le Fils est le Verbe de Dieu, de la Réalité suprême. De plus, il est le modèle de la Création : à ce titre aussi il est le Vrai. Le Père étant cause première du monde, le Fils en est la cause exemplaire, à savoir ce qui sert de modèle à la Création. À ce titre, nous sommes appelés à reproduire les traits du Fils unique, appelés à la filiation divine.
Enfin le Bien est référé à l’Esprit Saint. Le Bien, c’est la réalité en tant qu’elle se communique. Or l’Esprit est Dieu en tant qu’il est donné. Il est le Don de Dieu. En lui, être et grâce, divinité et don coïncident. L’Esprit, procédant du Père et du Fils, est le Don que chacun des deux fait à l’autre. Il est leur échange d’amour, leur communion éternelle.
Cependant, il est important de rappeler que les œuvres de la Création et du Salut sont œuvres communes aux trois personnes divines. Un seul Dieu implique en effet une seule et même opération de la part des trois personnes divines. De même que le Père, le Fils et l’Esprit ne sont jamais séparés dans leur être, de même n’agissent-ils jamais séparément non plus.
 

Une aide pour prier

De quelle utilité nous est cette notion d’appropriations trinitaires ? En fait, le croyant pourra s’appuyer sur elle afin de mieux saisir la profondeur de son adoption filiale. Il priera le Père comme l’Auteur et l’initiateur de cette adoption. Il contemplera le Fils comme le modèle de cette filiation. Enfin, il s’adressera à l’Esprit comme au Don qui fait de nous des fils dans le Fils. Ainsi, l’œuvre de notre adoption filiale sera-t-elle appropriée à chacune des Personnes divines selon l’un de ses aspects.
Les appropriations trinitaires nous permettent également de nous adresser à chacune des personnes divines en fonction de son attribut de prédilection. Nous pouvons demander au Père la grâce d’accepter les décrets de la Providence, au Fils d’adopter une attitude filiale envers Dieu, enfin à l’Esprit d’augmenter en nous la charité pour servir nos frères. À défaut d’avoir tout compris au mystère trinitaire, du moins aurons-nous de la sorte affiné nos prières !

Jean-Michel Castaing

 

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