Le vingtième siècle fut certainement le siècle des infinis. Nous contemplons désormais un univers « infini » procédant d’une impensable déflagration initiale et des atomes se scindant en d’infimes particules quantiques au comportement pour le moins étrange… Ce siècle nous a également légué l’idée selon laquelle notre corps est l’héritier unique d’une mécanique génétique, infiniment complexe.
Et voici ce troisième millénaire qui, à peine né, est déjà marqué par le développement fulgurant de technologies susceptibles de modifier en profondeur cette mécanique du vivant, ouvrant la voie à la construction d’organismes nouveaux, à l’émergence de nouveaux modes de filiation ou encore à la modification du génome humain. Les différences entre vivant et machine ou entre homme et animal semblent ainsi s’estomper au point de prophétiser la « mort de la mort » ou de mêler matériel génétique humain et animal en d’improbables organismes chimériques.
Une telle révolution biotechnologique a certes de quoi troubler nos repères tant « il devient difficile de nous arrêter pour retrouver la profondeur de la vie », comme l’exprime si bien le pape François (Laudato Si § 113). Au seuil de cette nouvelle année, prenons donc le temps de (re)découvrir l’exception de la vie humaine - infinie relation corps, âme et esprit - dont la vulnérabilité constitue la clef de voûte.
Nous avons la chance d’annoncer à frais nouveaux cette infinie relation qui ne saurait se réduire à la simple volonté de nous posséder nous-mêmes, de posséder autrui ou de dominer aveuglément la Création ! Profitons-en !
Vincent Grégoire-Delory
Doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines (ICT),
Docteur en philosophie et en sciences de l’univers
► M. Vincent Grégoire-Delory donnera une conférence "Révolution bioéthique : une chance pour la vision chrétienne de l’homme !", suivie d’un débat, le mercredi 15 janvier 2020 à 20h30 à la Maison diocésaine du Christ-Roi, à Toulouse.