Saint Joseph et les artistes

Année spéciale Saint-Joseph

Saint Joseph et les artistes

L’année Saint-Joseph met à l’honneur les artisans qui ne sont pas à dissocier des artistes bien au contraire. Henri de Maistre (1893-1953) est un peintre post impressionniste qui dirigea les Ateliers d’Art sacré à Paris jusqu’après-guerre. Ces Ateliers d’art sacré, dont la Diaconie de la Beauté est une résurgence, fondés par Maurice Denis et Georges Desvallières ont replacé l’art au cœur et dans le chœur de l’Église.

Les dominicains, comme le père Couturier (la chapelle d’Assi) ou le Père Carré, ont été les chevilles ouvrières de ce renouveau de l’art sacré. Michael Lonsdale a fréquenté les ateliers dans les années 50 et c’est là qu’il rencontra le père Régamay qui allait changer sa vie.

Ce tableau d’Henri de Maistre mérite une attention particulière. Le détail que nous mettons en avant pour l’année Saint-Joseph montre Jésus charpentier rabotant sous le regard de Joseph, un Joseph enseignant et admiratif en même temps. Celui-ci tient un madrier debout préfigurant l’axe vertical de la Croix, tandis que Jésus travaille l’axe horizontal. C’est une image saisissante et extrêmement profonde de l’Incarnation. Par le madrier debout, Joseph indique le Père, le Ciel, par le madrier à plat Jésus indique et travaille l’humanité.

Dans le tableau complet, Marie apparaît par la gauche comme l’Ange Gabriel apparaît conventionnellement par la gauche dans les Annonciations. L’entrée par la gauche est rédemption de la chute, le tikun des juifs. En effet dans les tableaux du Quattrocento, sur la partie gauche au-dessus de l’ange, apparaissent Adam et Ève chassés du paradis. L’Ange vient saluer la nouvelle Ève, de gauche à droite, de la rigueur à la miséricorde. En effet dans la tradition juive la main gauche de Dieu est celle de la rigueur et la droite celle de l’Amour. La réconciliation s’opère par l’Incarnation et d’une certaine manière par Marie.

Dans le tableau d’Henri de Maistre, Marie porte une cruche d’eau, ce qui n’est pas sans faire penser au premier miracle des noces de Cana. Comme Mère de Dieu, elle apparaît sur le seuil par la gauche pour signifier la miséricorde qu’elle a portée en son sein. Jésus rabote de droite à gauche indiquant ainsi son travail de rédemption, travail qui est de réconcilier toutes choses en lui (Col.1,20)

Joseph est un homme dans la force de l’âge, un homme pétri de l’expérience dans le monde, il nous apparaît comme un architekton, en grec un maître constructeur. Son regard au loin traduit à la fois la perspective du charpentier et la préscience de la Passion du Christ.
Ce tableau nous rend saint Joseph proche, il est un homme au travail, un homme qui connaît l’effort (Gn, 3,17), un homme qui sait porter le poids du jour comme Jésus portera la croix du monde.

Puisse ce tableau remarquable qui prépare la croix, nous faire entrer dans le mystère pascal qui approche….

Daniel Facérias,
diacre permanent, aumônier des artistes

 

*Reproduction publiée avec l’aimable autorisation du musée de Bernay

 


Actualité publiée le 26 mars 2021