Edito de mai 2021

Saint Joseph, homme du silence d’une Présence

En regardant une statue de saint Joseph portant l’Enfant Jésus dans une des églises de notre Ensemble paroissial, je remarquais que saint Joseph avait les yeux fermés. Comme la bienheureuse Vierge Marie qui retenait les évènements mystérieux des faits et gestes de Dieu dans sa vie, Joseph, lui, devait méditer sur la présence de l’Enfant Dieu à ses cotés. Devant cette présence divine du Fils de Dieu, Joseph et Marie méditent dans le silence.

Un premier enseignement que nous pouvons recevoir devant une si belle attitude de silence de saint Joseph, c’est que Dieu manifeste sa présence dans le silence et que cette présence se savoure, se déguste dans le silence du cœur. Le chanteur Jean Claude Gianadda chante cette belle phrase qui peut aider tout orant au début de sa prière dans une église : « Jésus, me voici devant Toi, tout simplement dans le silence ; rien n’est plus important pour moi que d’habiter en Ta présence. » !
 Sainte Térésa de Calcutta enseignait à ses religieuses : «  Vous devez être emplies de silence, car, dans le silence du cœur, Dieu parle. . . . Silence du cœur, pas seulement de la bouche,- qui est aussi nécessaire-, mais plus encore ce silence de l’esprit, des yeux, du toucher. Le fruit du silence c’est la prière ; le fruit de la prière est la foi, le fruit de la foi est l’amour, le fruit de l’amour est le service, le fruit du service est la paix. »
On se plaint souvent, parfois à juste titre, que l’homme n’est plus apaisé, qu’il ne pense qu’à lui, qu’il a de l’amertume contre son prochain ou lui-même, qu’il a perdu toute confiance, qu’il s’égare sans repères et se voue à tout et n’importe quoi ! Ce constat nous conduit-il à chercher d’où procède cette situation ? Ne nous arrive-t-il pas parfois d’être de cette gent ? La cause n’est autre que la perte du silence, l’invasion parfois polluante du vacarme omni présent de moult manières dans notre vie, surtout dans notre vie spirituelle. On ne sait plus vivre dans le silence, comme si le silence faisait peur !
Combien de maîtres spirituels enseignent, comme Jésus le fait aussi (cf. Mt 6,6) que c’est dans le secret du cœur (le silence) qu’il nous faille prier pour trouver Dieu ? Abraham, Moïse, Jésus se retiraient dans le silence pour parler avec Dieu, pour écouter Dieu.
Observons notre attitude à l’église avant la messe ! Se prêtant tellement attention à soi-même, on se laisse distraire par du bavardage superficiel ; on se prive de l’essentiel : la présence du Seigneur. On ne pense même plus au frère qui est arrivé en avance, car il a besoin de prier ! On ne s’en rend même plus compte et on se trouve toutes sortes d’excuses pour se justifier ; en réfléchissant un peu, on voit vite que ces excuses n’en sont pas ! Et quel témoignage donnons-nous…
Quel dommage pour notre âme de gaspiller cette présence du Seigneur qui est là, dans le tabernacle de l’église. Quelle tristesse de ne plus Lui prêter l’attention qui Lui est due.
Puisse Saint Joseph, l’homme par excellence du silence, être ce maître spirituel et ce père nourricier qui nous donnera de découvrir la saveur des bienfaits que procure à notre âme le silence.
Que saint Joseph uni à la Bienheureuse Vierge Marie nous éduquent pour garder le silence dans l’église avant la messe afin que chacun puisse savourer la Présence de Jésus et parler avec Lui dans le silence de son cœur.

Abbé Régis l’Huillier+, curé.