Se sentir en famille dans l’Eglise

La 100° Journée mondiale du migrant et du réfugié, le 18 janvier, répondait aux vœux du pape François

 « passer d’une culture de l’indifférence et de la peur

à une culture de l’accueil et de la rencontre » 

le secteur paroissial de l’Union a notamment vécu des moments convergents autour des réalités de la migration.


Regards croisés d’Aurélie et de Nicole.

Foi et Vie de mars 2014 - N° 99


Aurélie, originaire de Centrafrique, née à Bangui, vit en France depuis vingt-cinq ans. Elle y a fait ses études, y travaille et y élève ses trois enfants. A cause des événements dans son pays d’origine, sa maman a été évacuée vers Dakar où elle est en attente d’un visa.
Nicole, française, retraitée, s’est engagée pendant cinq ans à la CIMADE* pour accompagner des personnes sans-papier à la préfecture. Depuis 2004, elle est proche du CCFD et réfléchit beaucoup aux conditions d’accueil réservées aux migrants dans notre pays.
Leur point commun ? Etre paroissiennes dans le secteur de l’Union où le père Guillaume Loze est aussi prêtre accompagnateur de la pastorale des migrants. 
Une petite équipe paroissiale s’est constituée avec des migrants de Centrafrique, du Vietnam et de France pour préparer une rencontre à trois temps autour de la 100° journée mondiale du migrant et du réfugié 

► un spectacle de théâtre-forum interactif - le samedi 18 
Dans la salle des Quatre-Chemins à St Jean, les jeunes lycéens de l’aumônerie de la paroisse sont devenus acteurs, le temps d’une soirée, pour mettre en scène des situations concrètes auxquelles se heurtent les migrants. Avec l’aide de bénévoles du CCFD, ils ont joué deux saynètes différentes :
  • une française, qui veut accueillir son amie marocaine chez elle, découvre qu’elle doit aller chercher un certificat d’hébergement à la mairie, fournir ses feuilles de paye, un justificatif de surface habitable.
  • Autre scénario : un jeune de couleur, bien intégré et qui gagne sa vie, cherche un logement et débat avec un couple qui ne veut pas lui louer un appartement. Comment soutenir ce jeune ? Une manière d’entrer dans le vif du sujet.
Pour Aurélie, qui accompagne cette quarantaine de jeunes de l’aumônerie – des 15-18 ans et quelques étudiants – la formule du théâtre-forum leur a fait prendre conscience des choses.
La soirée, ouverte à d’autres, s’est poursuivie par un repas partagé comme c’est la tradition après chaque soirée d’aumônerie. « Je leur ai apporté du « bissap » notre Coca-Cola local, explique Aurèlie, ainsi que des sortes de « chaussons » pour qu’ils goûtent un peu de mon pays ».Puis est venue le temps de la prière autour de la croix de Taizé pour porter ce désir d’ouverture, de fraternité et de paix sous le regard du Christ.

Dimanche 19 janvier : messe internationale à la paroisse de l’Union et repas interculturel à la salle paroissiale St Jacques 
« On vient tous un peu d’ailleurs » a dit Boniface, lui aussi originaire de Centrafrique.
C’est pourquoi, au début de la messe, ce jour-là, chacun était invité à se tourner vers son voisin ou sa voisine pour le saluer, lui dire bonjour et lui demander d’où il ou elle venait.
Ce premier geste, cette première rencontre ont donné un autre ton à la célébration qui s’est poursuivie avec des chants en « sango », la langue nationale de Centrafrique, accompagnés par différents instruments dont un tam-tam sur lequel un paroissien Congolais donnait le rythme. A la fin de la messe, le chant à la Vierge était chanté en vietnamien. Tout le monde était invité à l’apéritif et au repas partagé pour poursuivre la rencontre. Nicole, qui a participé à Diaconia, avait proposé de chanter « Donne-moi ton regard, ô Seigneur ». Aurèlie a bien apprécié le fait que chacun présente le plat de sa région et qu’on ne s’assoit pas à table mais qu’on circule librement.
La musique a contribué à faciliter les échanges. « Au moment de se quitter les uns et les autres, on n’avait pas fini de parler » Toutes deux sont d’accord « Que l’on vienne d’une autre région de France ou de plus loin, on a tous besoin d’être accueilli quand on arrive dans une ville, dans une paroisse. Toutes les personnes devraient pouvoir se sentir chez elles dans l’Eglise ! » 

Lundi 20 janvier : un ciné-débat au cinéma « Le Lumière » à l’Union
Dans le cadre du Festival international du film des droits de l’homme, le film « Ceuta, douce prison » était projeté devant un public de plus de cent personnes. Dans cette enclave espagnole, à la porte de l’Europe, des migrants de l’Afrique sub-saharienne restent prisonniers des semaines, des mois voire des années en attendant d’être renvoyés dans leurs pays. 
Une attente angoissante et désespérante pour eux et pour leurs familles souvent sans nouvelles. Situation tragique qui invitait au débat avec des intervenants du CCFD, de la CIMADE qui soutiennent les migrants ici au centre de rétention de Cornebarrieu.
Aurèlie évoque les actions nécessaires à entreprendre pour éviter de telles souffrances :
donner aux jeunes un espoir et les moyens de bâtir un avenir dans leurs pays, sécuriser les routes migratoires pour éviter qu’on vole aux jeunes toutes leurs économies, créer des réseaux de solidarité pour que les « revenants », ceux qui ont échoué dans leur tentative de rejoindre l’Europe puissent avoir une activité et retrouver leur dignité. « Au Sénégal, des mamans qui ont perdu leurs enfants en mer, encouragent les jeunes à apprendre un métier et à travailler chez eux ». 

Pour Aurélie et Nicole, la Journée mondiale du migrant et du réfugié, a été une très belle expérience d’accueil réciproque :
« Dans nos paroisses, il faut accueillir ceux qui n’osent pas aller vers les autres. Et grâce à plus d’amitié et de fraternité, faire en sorte que l’on se sente vraiment en famille dans l’Eglise »



Beaucoup d’autres initiatives ont été lancées en paroisse cette année à travers le diocèse, à l’occasion de la 100° Journée mondiale du migrant et du réfugié :
  • Aucamville,
  • Christ-Roi,
  • Minimes et Sept deniers,
  • Bruguières,
  • Fenouillet,
  • La Daurade,
  • Les Pradettes
  • ...
  • sans oublier St Gaudens qui a vécu une grande première avec le père Cyrille Manter, prêtre fidei donum africain.
Retrouver ces initiatives à la rubrique « Pastorale des migrants »

Article publié dans le numéro de mars 2014
du journal diocésain Foi et Vie

 


Actualité publiée le 11 mars 2014