Trois questions à Graciêne Vernay

Le Brésil des JMJ

Trois questions à Graciêne Vernay

Graciêne, brésilienne, vit à Toulouse.

Elle est engagée dans l’accueil de ses compatriotes qui rejoignent la Haute-Garonne pour le travail ou pour les études, et participe à l’animation de la communauté catholique brésilienne de Toulouse.

Pour les JMJ 2013, elle s’est mise au service des jeunes participants toulousains, notamment pour les relations avec la paroisse de Juiz de Fora où nos jeunes ont été accueillis pour la semaine missionnaire.


Quel est le visage de l’Eglise que les jeunes participant aux JMJ ont pu rencontrer ?

L’Eglise brésilienne est une Eglise ouverte, optimiste, consciente d’aller de l’avant.
C’est une Eglise à deux visages.
Le premier visage est celui des groupes charismatiques, des ambiances festives, des célébrations rythmées.
Pour le peuple brésilien tout se vit dans la relation, quand on fait quelque chose on le fait ensemble. Pour nous les JMJ ne sont pas l’affaire des jeunes, mais aussi des frères et sœurs plus petits aussi bien que des parents et des grands-parents. C’est une Eglise intergénérationnelle.


En visite à la paroisse de Juiz de Fora, pour préparer le séjour des toulousains pendant la semaine missionnaire des JMJ

Je regardais les images des célébrations sur la plage de Copacabana, et je voyais tout un peuple mélangé aux jeunes JMJ-istes.

Le deuxième visage est celui d’une Eglise sociale, engagée auprès des jeunes et des classes plus pauvres.
Les jeunes toulousains en ont eu un aperçu en visitant une « ferme de l’espérance » qui accueille des jeunes qui souhaitent guérir d’une dépendance de la drogue ou de l’alcool.
Ce ne sont pas deux visages concurrents, mais plutôt deux aspects qui cohabitent et qui nous caractérisent.
C’est aussi une Eglise missionnaire, un exemple vient justement des « fermes de l’espérance » qui, après s’être développées au Brésil, existent actuellement dans d’autres pays comme l’Allemagne et le Portugal.

Quelles relations lient l’Eglise brésilienne à l’Eglise française ?

Depuis plus de 50 ans un lien très important existe entre nos deux Eglises.
Le pape Jean XXIII, avec une lettre écrite en 1961, demande aux évêques français que des prêtres diocésains consacrent quelques années de leur mission dans les pays d’Amérique Latine.
La réponse est très généreuse : au total, plus de 300 prêtres « fidei dominum » français partent en Amérique du sud.
Certains y passent leur vie, d’autres 5 ou 6 ans, d’autres encore font des allers-retours.
Pendant la dictature des généraux (1964-1985) les Français sont sensibilisés par les conférences de Dom Helder Camara, archévêque de Recife, « voix des sans-voix », dénonçant la situation de pauvreté du tiers-monde et les ventes d’armes à son pays.
A cette même époque Frei Tito, un frère dominicain qui avait été emprisonné et torturé par les militaires, se réfugie en France mais, jamais remis des persécutions subies, il se suicide en 1974.
Un autre dominicain, Xavier Plassat, en devenant amis de Frei Tito décide de s’établir au Brésil et est actuellement coordinateur de la campagne contre le travail esclave au Brésil, menée par la Commission Pastorale de la Terre (CPT).
Je pense que ce type d’engagement exprime une vision universelle de l’homme commune à nos deux peuples.

Quelle visibilité pour la communauté brésilienne à Toulouse ?

Dimanche 13 octobre c’est la fête de la « vierge Aparecida », notre fête nationale.
C’est au sanctuaire de l’Aparecida que pape François a démarré son voyage au Brésil, et c’est à la vierge Aparecida qu’il a consacré son pontificat.
Le 13 octobre nous organisons une fête pour notre patronne, avec une Messe et un grand temps convivial, à la « brésilienne » !
Nous invitons ce jour tous nos amis et les amis de notre pays, et espérons que les jeunes des JMJ seront présents, car l’Aparecida est devenue aussi leur protectrice.
Propos recueilli par Fabio Bertagnin