Un mariage, deux confessions

18-25 janvier 2020 : Semaine de Prière pour l’Unité des chrétiens

Un mariage, deux confessions

Anne est catholique, Bruno est protestant. En famille, ils vivent simultanément les deux confessions, se rendant tantôt à l’église, tantôt au culte. Ils témoignent appartenir à la grande famille des chrétiens, rassemblée autour de la même Bible.

  • Dans votre famille, comment vivez-vous votre foi ? Concrètement, comment priez-vous ? Dans quel(s) lieu(x) de culte ? Quel catéchisme pour vos enfants ?

Mon mari est membre du conseil presbytéral de l’Église réformée de Toulouse depuis maintenant 8 ans, nous l’accompagnons plus souvent lors de ses permanences le dimanche au culte du temple du Salin. Parfois nous assistons à la messe dans notre paroisse, à Balma. Il n’y a pas une alternance fixée à l’avance : le choix se fait naturellement, en fonction des événements et du désir de chacun de vivre soit le rituel d’une célébration catholique qui nous porte à la prière, soit de recevoir la réflexion théologique d’une prédication protestante.

Nos enfants, grandissant au sein d’une famille interconfessionnelle, ne sont pas gênés par la différence ; au contraire, leurs questionnements stimulent et accompagnent leur foi : la place de Marie dans les deux confessions, la prière des saints chez les catholiques, le signe de croix… Ils suivent leur cursus scolaire à l’école privée de Sainte-Thérèse de Toulouse où ils reçoivent la catéchèse catholique et sont inscrits parallèlement à l’école biblique de l’ERT. Ils participent aussi à la belle aventure du scoutisme au sein du groupe SUF Notre-Dame. Chacun de ces parcours est complémentaire. Nous regrettons cependant qu’il n’y ait pas de catéchisme organisé pour les enfants de couples interconfessionnels à Toulouse, comme il en existe ailleurs. L’essentiel pour nous est de transmettre la foi chrétienne et de les éveiller à chaque confession, de respecter les deux identités. Ils seront libres de choisir par eux-mêmes le moment venu leur propre Église.

Enfin, nous faisons partie du groupe des « foyers mixtes » (couples catholiques-protestants) qui se réunit une fois par mois autour de thèmes variés (différences confessionnelles, lectures bibliques, thèmes sociétaux et éthiques…). À chaque rencontre, nous avons la grande chance d’être accompagnés par le pasteur Mino Randriamanantena, et un prêtre, le père Jean-Jacques Rouchi. Ils nous enrichissent de leurs connaissances théologiques. Tous les enfants se retrouvent aussi à des WE communs.

  • Pourquoi trouvez-vous cela important de vivre avec ces deux confessions ?

La Parole est la même et nous guide. Quel que soit le chemin suivi au sein de l’une ou l’autre confession, l’essentiel pour nous se trouve dans la foi en un Dieu Amour. Il faut souligner aussi qu’il n’y a qu’un seul baptême.
Nous nous rendons compte - et tous les couples du groupe des foyers mixtes pourront aussi en témoigner - que l’inter confessionnalité a réveillé notre foi. Pour ma part, je considère même qu’elle a été salvatrice. Ancrée dans ma confession catholique, je ne me posais pas de questions sur la profondeur et la signification de certains textes bibliques, de même je ne connaissais pas bien l’histoire de l’Église à travers les siècles, son évolution théologique, ses schismes, l’explication historique à certains choix dogmatiques... Notre mariage m’a donné un second souffle et a été une formidable richesse pour notre famille.

  • Quelles sont vos éventuelles difficultés ? Joies ? Blessures ?

Régulièrement, nous sommes confrontés à des difficultés dues au regard porté par l’une ou l’autre confession vis-à-vis de l’autre, très souvent par méconnaissance ou inculture. Choisir un parcours pour la communion de nos enfants, par exemple, peut s’avérer compliqué.
J’ai aussi parfois le sentiment qu’on tend davantage la main au dialogue interreligieux qu’à l’œcuménisme interconfessionnel. La renonciation à l’accueil des protestants à l’Eucharistie chez les catholiques est une vraie blessure. Je trouve cela vraiment difficile de ne pas communier avec mon mari quand il m’accompagne à la messe ou lors de grandes fêtes religieuses, lorsque les cœurs sont en fête comme à Pâques, même si lui en souffre moins que moi car il se situe justement à ce moment-là dans sa différence.

  • Témoignez-vous de votre expérience œcuménique ? Comment ?

Notre témoignage est plutôt un témoignage vivant au quotidien avec la famille ou les amis. Le groupe des foyers mixtes très bien identifié au sein de l’Église réformée essaie aussi de s’affirmer dans les paroisses catholiques où nous proposons d’animer une messe par an.
Dans cette expérience de vie, notre rôle est de montrer que ce n’est pas renoncer à sa foi que de s’engager à découvrir celle de l’autre et que cela est un signe d’Espérance en un Dieu à la fois unique mais aussi multiple par les différents chemins de le découvrir et de le prier. Cette expérience est parfois exigeante dans l’acceptation de la différence de l’autre, et là aussi se situe le sens de la mission.
Pour nos familles, et je dirai que cela devrait être compris pour l’ensemble des croyants, l’unité des chrétiens n’est pas l’uniformité : le corps humain forme un tout qui a pourtant plusieurs organes, il en va de même pour ceux qui sont unis au Christ. « Dans le corps, Dieu a disposé les différents membres comme il l’a voulu » (1Co 12,18) : nous sommes un seul Corps qui possède plusieurs parties.

  • Comment percevez-vous au sein de ces deux religions l’urgence de la Mission ? Y êtes-vous sensibles ?

Je pense que les confessions sont sensibles à émettre le même message : avant les différences, les expériences et les éducations de chacun, il y a d’abord une grâce reçue. L’évangélisation dans notre monde actuel et le témoignage de la Bonne Nouvelle ne seront que plus crédibles si nous nous considérons comme des frères.

 


Actualité publiée le 14 janvier 2020

 

 

 

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