Chaque année, des « gars de la rue », hommes ou femmes, meurent dans la rue. Ils sont partis parfois seuls, parfois accompagnés par leurs camarades de route. Ils et elles ont une commune histoire tragique : ils et elles sont morts dans l’indifférence et l’anonymat. En marge de notre société, ils hantent les trottoirs, ponts, bords de Garonne ou de canal… Ce sont nos frères et sœurs en humanité. Et combien d’autres, inconnus, se sont trouvés réunis dans le quartier des indigents de nos cimetières ?

Leur mort est un scandale qui interpelle chacun de nous à un niveau personnel comme collectif. Le père Wresinski disait : "Là où des hommes sont condamnés à vivre la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré."

Sébastien Combre, responsable du service de la diaconie dans notre diocèse, raconte cette confidence d’hommes très dégradés par la rue et la misère : "Je ne veux pas être enterré comme un chien." Alors la pauvreté suprême de ces morts de la rue serait qu’il n’y ait personne pour les accompagner dans cet A-Dieu. C’est la raison pour laquelle une messe est organisée chaque année pour eux, une "messe pour les morts de la rue".

Vivre dans la rue, c’est affronter les intempéries et la solitude, mais c’est aussi vivre une vraie amitié et même une fraternité. Pour les compagnons de la rue encore vivants, cette messe est indispensable pour rendre un hommage à leurs frères, morts cette année.

Pour ceux qui ne vivent pas la rue, cette messe rappelle que l’Église prend soin de tous ses enfants. Lors de cette célébration, nous demanderons à ceux qui nous ont quittés d’intercéder auprès du Père pour que nous ayons le courage de continuer à bâtir une Terre où tous les Hommes sont frères.

Cette année, ils sont 27 morts de la rue à Toulouse, oubliés de notre société. Dimanche, lors de la prière eucharistique de cette messe, leurs prénoms seront proclamés dans un silence impressionnant. Des lumignons représentant chacun d’eux seront allumés au cierge pascal – symbole de la Résurrection - puis déposés sur un drap blanc devant l’autel, comme un symbole du linceul qui a enveloppé le Christ. À cet instant, raisonneront les Paroles de Jésus : « Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la Vie. »
Un gars de la rue témoignera aussi au début de la célébration et un autre nous lira un poème.

Cette célébration, animée et préparée par ces gens de la rue s’adresse à tous ceux qui souhaitent s’associer à cet hommage, et participer à la construction d’un monde plus juste.

En raison du confinement et des contraintes sanitaires, la commémoration annuelle ne peut avoir lieu à Notre-Dame du Taur comme habituellement. Mais chacun est invité le dimanche 22 novembre à offrir un temps de sa vie : un silence, une pensée, un geste ou une prière… et, pourquoi pas, à s’associer à la messe retransmise pour eux, qui sera diffusée ici à 10h.