Une nouvelle formulation du Notre Père

Liturgie

Une nouvelle formulation du Notre Père

Le premier dimanche de l’Avent, le 3 décembre 2017, nous adopterons dans tous nos offices liturgiques la nouvelle formulation du Notre Père. À vrai dire, seule la 6ème et avant-dernière demande est modifiée. Nous devions attendre la nouvelle traduction française du Missel Romain pour mettre en usage le nouveau texte du Pater ; comme le Missel français se fait encore attendre, nous avons décidé en mars dernier, lors de l’Assemblée plénière de printemps de notre Conférence épiscopale, de prendre le nouveau texte pour le début de la nouvelle année liturgique.

La formule dont nous avons l’usage depuis trois ou quatre dizaines d’années faisait difficulté : « Et ne nous soumets pas à la tentation ». Elle n’était pas fausse, car l’original grec en saint Matthieu exprime la dangereuse expérience d’être « mis dedans », d’être « soumis », « mis dessous  », à l’occasion d’une tentation d’aller vers le mal sous l’influence du Mauvais ; elle avait l’inconvénient de laisser entendre que Dieu peut nous abandonner à la domination du péché. La précédente traduction (avant 1966) – « Ne nous laisse pas succomber à la tentation » - était plus simple, mais elle ne correspondait pas exactement au texte grec de l’Évangile.

La traduction reste difficile, car le verbe grec dit clairement l’action de « porter dans », « d’emporter dans », « d’amener dans », de « conduire vers » (eis-phérein en grec, inducas en latin). Nous aimerions mieux ne pas être exposés à des situations difficiles. Mais Jésus lui-même a été tenté au désert après son baptême dans le Jourdain, avant d’inaugurer son ministère public. Comme l’écrit saint Luc au terme de ce combat : « Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé » (4, 13).

Avant sa Passion, Jésus, voyant arriver son Heure, prie son Père d’éloigner de lui la coupe des souffrances qui l’attendaient, mais il incline sa volonté à celle de son Abba. C’est dans ce contexte que Jésus, par deux fois, dit à ses trois disciples privilégiés : « Priez, pour ne pas entrer en tentation  » (Lc 22, 40.46). C’est exactement la formulation que nous trouvons désormais pour la 6ème demande du Notre Père : « Et ne nous laisse pas entrer en tentation  ».

Le péché originel nous a laissé des inclinations vers le mal. C’est pourquoi la tentation représente toujours un risque. Les pentes que nous pouvons avoir, le Malin s’ingénie à les rendre glissantes. C’est pourquoi, la 7ème et dernière demande du Notre Père est : « Mais délivre-nous du mal  ». Elle est de la même tonalité que la grande prière de Jésus avant sa Passion dans l’Évangile selon saint Jean : « Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais » (Jn 17, 15).

+ fr. Robert Le Gall
Archevêque de Toulouse
Novembre 2017