Une nuit avec Jésus

Proposition du diocèse de Toulouse

Une nuit avec Jésus

À la fin de la messe du jeudi saint, le prêtre, dans une procession solennelle, porte le Saint-Sacrement jusqu’au reposoir, où il sera veillé et adoré par les fidèles jusqu’au matin. L’Église se souvient alors qu’après son dernier repas, Jésus se rendit à Gethsémani, au jardin des Oliviers. Là, il a connu l’angoisse devant la Passion qui approchait, et il s’est abandonné à son Père, acceptant de porter la Croix pour le salut du monde. Cette nuit, Jésus aurait voulu être accompagné, mais les disciples n’ont pas eu la force de veiller avec lui. C’est pourquoi, en cette nuit, nous voulons veiller avec Jésus. Nous ne pouvons pas le faire dans nos églises mais nous pouvons le faire ensemble, de chez nous.

Partout dans le diocèse, des chrétiens, des familles, des religieuses et des religieux, des prêtres se relayeront pour passer une heure avec Jésus, qui souffre pour nous. Notre prière s’élargit, au-delà de notre paroisse, et se fait supplication au Sauveur pour le monde aux prises avec le péché, la souffrance et la mort.

Abbé François de Larboust

 

Voici ci-dessous le déroulé de la célébration.
Pour plus de praticité, vous pouvez aussi imprimer le document .pdf joint que vous trouverez en bas de cet article.

 

Pour préparer cette nuit de veille

On dressera, dans un coin tranquille de la maison, un reposoir : une table, avec une belle icône du Christ, des fleurs si l’on en a, des bougies, et une bible à disposition des veilleurs.

Puis chacun dans la famille s’inscrira sur ce lien. On peut s’inscrire sur une demi-heure ou sur une heure, faire cette veille en famille ou séparément. Les enfants sont vivement invités à s’inscrire, car leur prière est précieuse : qu’importe s’ils ne tiennent que quelques minutes.

Lien pour s’inscrire : ici

Avant ou après le repas, par la messe télévisée ou par une célébration domestique, on aura célébré la Cène du Seigneur, le dernier repas qu’il voulut prendre avec ses disciples, pour instituer l’eucharistie et le sacerdoce, et donner le commandement de l’amour.

Une fois le repas terminé, on se rend tous ensemble au reposoir pour une prière commune. Puis chacun veille à son heure. À 8 heures du matin (ou plus tôt si l’on doit travailler), on se retrouve pour une célébration conclusive.

 

Célébration pour commencer la veillée, après le dîner

On peut chanter, ou simplement écouter l’un des chants suivants, ou un autre…

  • Au cœur de nos détresses : ici
  • Mystère du calvaire : ici
  • Ou l’hymne Vexilla regis : ici

Le chef de famille, ou celui qui préside la célébration dit :

Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.

Tous : Amen.

Puis il dit ces mots, ou d’autres, selon son inspiration.

Jésus a rassemblé ses disciples pour un dernier repas, pendant lequel il leur a montré tout son amour. Il a fait de ses apôtres ses prêtres. Il a donné son corps et son sang en nourriture et en boisson pour la vie éternelle. Il leur a lavé les pieds dans un geste de tendresse, en leur recommandant de s’aimer les uns les autres, comme lui nous a aimés. Maintenant, son heure est arrivée : l’heure de se charger de tous les péchés des hommes, pour que l’humanité soit lavée dans son sang, l’heure de mourir pour que tous vivent de sa vie. Jésus se rend donc au jardin des Oliviers, au lieu dit Gethsémani, où, il le sait, il va être arrêté, enchainé, et livré à ceux qui le condamneront à mort.

D’un cœur reconnaissant, écoutons l’Évangile.

On peut chanter une acclamation, par exemple "Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus".

Quelqu’un lit l’Évangile, lentement.

Lecture du saint Evangile de Notre Seigneur Jésus Christ selon saint Mathieu.

Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani et leur dit : « Asseyez-vous ici, pendant que je vais là-bas pour prier. »

Il emmena Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, et il commença à ressentir tristesse et angoisse.

Il leur dit alors : « Mon âme est triste à en mourir. Restez ici et veillez avec moi. »

Allant un peu plus loin, il tomba face contre terre en priant, et il disait : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. »

Puis il revient vers ses disciples et les trouve endormis ; il dit à Pierre : « Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller seulement une heure avec moi ?

Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. »

De nouveau, il s’éloigna et pria, pour la deuxième fois ; il disait : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! »

Revenu près des disciples, de nouveau il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil.

Les laissant, de nouveau il s’éloigna et pria pour la troisième fois, en répétant les mêmes paroles.

Alors il revient vers les disciples et leur dit : « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer. Voici qu’elle est proche, l’heure où le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs.

Levez-vous ! Allons ! Voici qu’il est proche, celui qui me livre. »

On peut s’assoir quelques instants, et méditer en silence sur cet évangile. Puis quelqu’un lit la méditation que Mgr Le Gall, notre archevêque, a écrite spécialement pour cette nuit de veille.

À Gethsémani, Jésus en agonie

L’agonie, c’est un combat, une lutte
d’après le sens premier de ce mot en grec.
Jésus voit arriver son Heure ;
il sait qu’il est venu pour ce grand match vital
entre la Lumière du monde qu’il est
et le pouvoir des ténèbres.
Son côté humain ne veut ni souffrir ni mourir, ce qui est naturel,
mais son côté divin l’invite à se donner tout entier
à la volonté de salut de son Père :
c’est une grande tension qui se manifeste par une sueur de sang.
L’affrontement entre la lumière et les ténèbres continue ;
ces temps-ci, nous savons l’agonie de ceux qui meurent du coronavirus :
comme Jésus sur la Croix, ils luttent jusqu’au bout pour respirer.
Dans sa prière, Jésus s’apaise ; un ange vient le réconforter.
Nous aussi, veillons, prions pour ne pas entrer en tentation,
nous n’avons pas encore lutté jusqu’au sang contre le péché (He 12, 4).
Seigneur, ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du Mauvais, par ton Sang versé pour nous.
Envoie tes anges pour qu’ils nous assistent et nous réconfortent.
Amen.

+ fr. Robert Le Gall Archevêque de Toulouse
Jeudi saint, 9 avril 2020 pour la Veillée du confinement

 

On peut, si on le souhaite, lire cette hymne. On peut le faire lire par deux personnes, à la manière d’un dialogue entre Jésus et son peuple. On peut aussi le chanter ou l’écouter ici.

Ne descends pas dans le jardin,
Oh ! Jésus,
Ne descends pas dans le jardin
Avant le jour !

Si je ne descends pas dans le jardin
En pleine nuit,
Qui donc vous mènera vers les soleils
Du Paradis ?
Je descendrai dans le jardin
En pleine nuit.

Ne laisse pas lier tes mains,
Oh ! Jésus,
Ne laisse pas lier tes mains
Sans dire un mot !

Si je ne laisse pas lier mes mains
Comme un voleur,
Qui donc pourra détruire les prisons
Dont vous souffrez ?
Je laisserai lier mes mains
Comme un voleur.

Ne t’étends pas sur cette croix,
Oh ! Jésus,
Ne t’étends pas sur cette croix
Jusqu’à mourir !

Si je ne m’étends pas sur cette croix
Comme un Oiseau,
Qui donc vous gardera contre l’Enfer
Où vous alliez ?
Je m’étendrai sur cette croix
Comme un oiseau.

Ne laisse pas percer ton cœur,
Oh ! Jésus,
Ne laisse pas percer ton cœur
Par tes bourreaux !

Si je ne laisse pas percer mon cœur
Comme un fruit mûr,
Qui donc vous baignera de sang et d’eau
Pour vous guérir ?
Je laisserai percer mon cœur
Comme un fruit mûr.

Ne descends pas dans le tombeau,
Oh ! Jésus,
Ne descends-pas dans le tombeau
Qu’ils ont creusé !

Si je ne descends pas dans le tombeau
Comme un froment,
Qui donc fera lever de vos cercueils
Vos corps sans vie ?
Je descendrai dans le tombeau
Pour y dormir.

 

Puis tous se lèvent, ou mieux, se mettent à genoux, pour une supplication commune. Un lecteur lance l’invocation, et tous reprennent :

Jésus, pour nous sauver du péché, tu entres dans ta passion volontaire. Jésus, nous te bénissons.

Jésus, nous te bénissons.

Tu as voulu partager nos angoisses, notre souffrance et notre mort. Jésus, nous te bénissons.

Jésus, nous te bénissons.

Tu as accepté de faire la volonté du Père. Jésus nous te bénissons.

Jésus, nous te bénissons.

Pour ceux qui craignent la mort, pour les malades et leurs familles, Jésus nous te prions.

Jésus, nous te prions.

Pour ceux qui soignent les malades, pour ceux qui se dévouent au service des autres, Jésus, nous te prions.

Jésus nous te prions.

Pour que nous sachions dire oui à Dieu, en renonçant au péché, Jésus nous te prions.

Jésus, nous te prions.


Le chef de famille, ou celui qui préside la célébration dit ces mots, ou d’autres semblables.

Nous allons maintenant accompagner Jésus dans son agonie, dans cette nuit d’angoisse avant qu’il ne soit livré. Nous te prions pas seuls, mais avec toute l’Église réunie autour de son Seigneur. Partout dans notre diocèse, l’évêque, des chrétiens, des religieux et des religieuses, des prêtres, s’unissent à nous pour former une chaîne de veille et de prière. Nous ne voulons pas laisser Jésus seul, nous voulons rester avec lui, et le supplier d’accorder la grâce et le salut à notre monde.

On chante un dernier chant, par exemple : Mon Père, je m’abandonne à toi, ici.

Puis tous se retirent. Chacun, dans la nuit, veillera à son heure, en communion avec les autres.

 

Pendant le temps de veille

Chacun priera librement, selon ce que lui dicte l’Esprit.

Mais on peut méditer sur la dernière prière de Jésus, juste avant de partir au mont des Oliviers, et qui sont l’expression de toute sa tendresse pour son Père et pour nous. C’est la prière sacerdotale de Jésus. Vous la trouverez dans vos bibles, dans l’Évangile de saint Jean, au chapitre 17, ici.

 

Pour conclure la veillée (au matin)

Tous s’étant rassemblés, dans un climat de silence, on reprend le chant : Mon Père je m’abandonne à toi, ici.

Le père de famille, ou celui qui préside la célébration dit :

Dans la nuit, Jésus a été arrêté, trahi par Judas, son disciple et ami. On l’a emmené devant le Grand-Prêtre et son conseil, qui ont décidé de sa mort. Puis il a passé la nuit dans une fosse, une ancienne citerne, que l’on peut voir encore aujourd’hui à Jérusalem. Sans doute, pendant ces heures douloureuses, a-t-il beaucoup prié. Nous unissons notre voix à la sienne, en priant un psaume, une des prières que Jésus, comme tout juif, avait coutume de réciter.

On récite le psaume 21.

Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? 
Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis.

Mon Dieu, j’appelle tout le jour, et tu ne réponds pas ; 
même la nuit, je n’ai pas de repos.

Toi, pourtant, tu es saint,
toi qui habites les hymnes d’Israël !
C’est en toi que nos pères espéraient,
ils espéraient et tu les délivrais.
Quand ils criaient vers toi, ils échappaient ;
en toi ils espéraient et n’étaient pas déçus.

Et moi, je suis un ver, pas un homme,
raillé par les gens, rejeté par le peuple.
Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre !
Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »

C’est toi qui m’as tiré du ventre de ma mère,
qui m’a mis en sûreté entre ses bras.
À toi je fus confié dès ma naissance ;
dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu.

Ne sois pas loin : l’angoisse est proche,
je n’ai personne pour m’aider.
Des fauves nombreux me cernent,
des taureaux de Basan m’encerclent.
Des lions qui déchirent et rugissent
ouvrent leur gueule contre moi.

Je suis comme l’eau qui se répand,
tous mes membres se disloquent.
Mon cœur est comme la cire,
il fond au milieu de mes entrailles.
Ma vigueur a séché comme l’argile,
ma langue colle à mon palais.

Tu me mènes à la poussière de la mort. †
Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m’entoure.
Ils me percent les mains et les pieds ;
je peux compter tous mes os.

Ces gens me voient, ils me regardent. †
Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.

Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide !
Préserve ma vie de l’épée,
arrache-moi aux griffes du chien ;
sauve-moi de la gueule du lion
et de la corne des buffles.

Puis on dit ensemble la prière du Seigneur.

Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du Mal.

Amen

Le père de famille dit :

Tout à l’heure, nous nous retrouverons pour célébrer ensemble la Passion de Jésus. Tout au long de ce jour, nous penserons à lui, lui qui nous a aimés jusqu’à la fin. Prions-le encore :

Regarde Seigneur, nous t’en prions, la famille qui t’appartient : c’est pour elle que Jésus, le Christ, notre Seigneur, ne refusa pas d’être livré aux mains des méchants ni de subir le supplice de la croix. Lui qui règne pour les siècles des siècles.
Amen.

On peut chanter un dernier chant (Mystère du calvaire ou Au cœur de nos détresses).