Vivre en fraternité… en union au Christ

Trois questions au frère José Pereira, carme

Vivre en fraternité… en union au Christ

- Être frères de sang ou frères en Christ, quels points communs ? Qu’est ce qui, à part votre habit, constitue votre ressemblance avec vos frères religieux ?

Un des éléments est que, tout comme dans une fratrie de sang, on ne choisit pas son frère. Il nous est donné soit par nos parents, soit par Dieu. C’est là l’un des enjeux du discernement vocationnel. La communauté religieuse n’est pas un club de potes mais un corps ecclésial, où les membres doivent recevoir l’amour du Christ, en vivre, et le communiquer. «  Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres » (Jn 13,34).

Ce qui fait que l’on se sent frères en Christ, c’est le fait de se savoir fils d’un même Père. Ça, c’est vrai pour tout baptisé. Mais la note propre du Carmel est que notre mère s’appelle Thérèse d’Avila. Le Carmel est la terre où nous enfonçons nos racines humaines et spirituelles, la source où nous nous abreuvons, le sein qui nous forme et nous constitue frères.

- Plus spécifiquement chez les carmes, comment décririez-vous vos relations ? Que sont vos frères pour vous ?

Si je parodiais un ouvrage classique, je dirais : « Splendeurs et misères des carmes  » ! Tout comme dans une famille, le frère est celui sur qui vous pouvez vous appuyer, avec qui vous pouvez partager et nouer des relations profondes. Et pas besoin de se voir tous les jours pour cela. L’une des grâces de cette vie est de pouvoir se dire en vérité : c’est mon frère, ce sont mes frères (même ceux qui me fatiguent le plus). Et en même temps, ce seront eux qui pourront vous faire souffrir ou du moins vous raboter un bon coup !

- Né au XIIIème siècle, l’Ordre du Carmel s’est immédiatement structuré en vie de fraternité. C’est un élément essentiel de votre vie unie au Christ. En quoi ?

Au XIIIème siècle, d’anciens croisés ou pèlerins se sont rassemblés au Mont Carmel, attirés par la figure du prophète Élie. Mais d’emblée, ces ermites latins combinent vie de solitude et vie fraternelle. Cela se traduit par les repas et la Liturgie en commun. Cette tension originelle du Carmel entre vie commune et vie de solitude, entre apostolat et désert, n’a jamais été résolue. C’est heureux et il ne faut pas la résoudre : c’est une des sources de la fécondité du Carmel. Lorsque Thérèse d’Avila, au XVIème siècle réforme le Carmel, elle revient à cette tension originelle. Ses Carmels sont de vrais déserts et de vraies familles.

L’élément essentiel, comme vous le dites, est la vie d’union au Christ. C’est Sa présence qui donne sens à notre vivre ensemble. Sans le Christ, la vie religieuse n’a aucun sens. C’est Lui le cœur de la communauté. C’est Lui qui nous donne les uns aux autres, qui unit et unifie le corps communautaire.

Propos recueillis par Flamine Favret