Edito de décembre 2018

Attente et désir

A l’origine on avait donné au Temps de l’Avent dans lequel nous entrons, un caractère pénitentiel. Ce caractère n’est pas si manifeste au regard du Missel. L’Avent est plutôt un temps d’attente et de désir où la joie se mêle au souci de purifier son âme. On ne tait pas pour autant l’Alléluia, comme au Temps du Carême qui est plus un temps pénitentiel.

Cette attente et ce désir sont bien exprimés dans le Missel. Toutes les messes de l’Avent sont orientées vers le Mystère de Noël. Les antiennes d’ouverture (ou Introït) présentent une belle unité.

Celle du premier dimanche, tirée du Psaume 24, jette un cri d’appel et de confiance : Vers Toi, Seigneur, j’élève mon âme. Mon Dieu, je compte sur Toi ; je n’aurai pas à en rougir. De ceux qui T’attendent, aucun n’est déçu. (Ps 24, 1-3)

Celle du deuxième dimanche, extraite du livre du Prophète Isaïe, s’adresse à l’Eglise : Peuple de Dieu, voici que le Seigneur va venir pour sauver tous les hommes. Le Seigneur fera retentir sa parole pour la joie de votre coeur. (Is 30,19.30)

Au troisième dimanche, c’est saint Paul qui nous invite à la joie : Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche(Ph 4,4-5). On comprend déjà que la Lumière va bientôt éblouir notre obscurité. Aussi le violet de l’ornement devant laisser poindre le blanc s’éclaircit en rose pour marquer cette pose encourageante et nécessaire dans notre progression d’une attente et d’un désir de plus en plus forts.

L’antienne du quatrième dimanche est une supplication d’Isaïe pour hâter la venue du Juste : Cieux, faites venir le Juste comme une rosée ; qu’Il descende des nuées comme une pluie bienfaisante : que la terre s’entrouvre et donne naissance au Sauveur. (Is 45, 8)

Enfin, les premiers mots de la messe de la veille au soir annoncent : Ce soir vous connaîtrez votre Sauveur, car le Seigneur vient ; demain vous verrez sa gloire. (Ex. 16, 6-7)

On savoure combien la liturgie des messes dominicales de l’Avent, par ses antiennes d’ouverture, entre autres, dans leur ensemble comme dans le détail, s’oriente et invite le chrétien catholique à se diriger vers le Seigneur qui va venir ; comment elle lui insuffle de manière délicate l’attente et le désir du Seigneur qui se fait proche.

Il en est de même de la liturgie des heures dans laquelle ce mouvement est bien visible notamment dans l’hymnaire grégorien qui chante entre autre : Verbe d’en-haut, sortant du sein du Père éternel, qui par ta naissance subviens au monde quand décline le cours du temps, illumine maintenant nos âmes et brûle-les de ton amour…afin que…en possession de la face de Dieu nous jouissions des biens du ciel. Sans doute les invitatoires de l’office des Laudes marquent le mieux la progression de l’espérance dans l’Avent : « En Roi, le Seigneur va venir ; venez, adorons-Le ». Puis, « Déjà le Seigneur est proche ; venez, adorons-Le ». Après quoi nous avons « Aujourd’hui vous saurez que viendra le Seigneur ; et au matin vous verrez sa gloire » et enfin éclate dans la nuit de Noël « Le Christ nous est né ; venez, adorons-Le. »

Que conclure ? Qu’en conclure ? Celui qui veut vivre en vérité cette attente et ce désir ne doit-il pas, avec toute l’Eglise, se tourner vers le Fils éternel, Lui qui, par l’Esprit Saint, S’incarne dans le sein virginal de Marie pour être notre Sauveur qui va « accomplir l’éternel dessein de l’amour du Père et nous ouvrir le chemin du salut » (cf. préface 1 de l’Avent) en Lui criant : « Amen, Viens, Seigneur Jésus » ? (Ap. 22, 20)


Abbé Régis l’Huillier+, curé.